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Exploration des territoires de lecture

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Mai 1997
Exploration des territoires de la lectureà la maternelle, à l'école élémentaire
 
Au Groupe Scolaire d'Aizenay (85) l'équipe pédagogique a mis en place une politique globale de lecture sur l'école dès 1980 par :
- un apprentissage "naturel" de la lecture au cycle II utilisant des supports les plus variés possibles.
- une familiarisation avec les livres bien avant le CP et une poursuite de l'apprentissage et de l'entraînement bien au-delà.
- la mise en place d'une BCD (Bibliothèque Centre Documentaire) regroupant l'ensemble des écrits de l'école, gérée coopérativement avec les enfants, BCD qui est un lieu central de l'école constamment en interaction avec les classes.
 
Entrées en lecture de 2 à 11 ans
 
Très jeunes les enfants "lisent", parce qu'ils en ont besoin dans leur travail quotidien, tous les types d'écrits présents à la BCD ou dans l'école. Ils produisent divers écrits, se familiarisent ainsi avec une majorité d'entre eux, comprennent leur fonctionnement.
Le temps où le seul apprentissage du code était du rôle de l'école et la noblesse des pratiques culturelles du rôle de la bibliothèque est révolu.
L'école touchant la totalité des enfants, elle reste l'endroit privilégié pour la rencontre de tous les enfants avec des pratiques culturelles. La littérature jeunesse occupe une place privilégiée tout au long de la scolarité maternelle et élémentaire.
Habitués depuis le plus jeune âge à la découverte, la réflexion, l'analyse, l'échange coopératif, les enfants conquièrent peu à peu la critique littéraire. Capables de confronter leur point de vue avec celui de l'auteur et ceux de leurs camarades, de mettre en réseau leurs lectures avec d'autres écrits, ils approchent pas à pas "la lecture savante" qui seule permet de devenir autonome, responsable et adulte.
 
S'il est inconcevable pour nous de différencier le dire, le lire et l'écrire à l'école, comme le rappelle notamment le manifeste de l'écrit-lire de l'ICEM(1) ou la plate-forme commune aux mouvements pédagogiques publiée en 1992 (cf. extrait), dans cet article nous essaierons de dresser un panorama des situations, qui de la petite section de maternelle au CM2, contribuent à former des enfants lecteurs. Mais encore une fois, le lecteur de cet article devra avoir présent à l'esprit que toutes ces situations sont en interactions constantes avec des situations d'écriture.
 
L'enfant lecteur en petite section de maternelle
 
Pour chaque enfant, nous essayons de mettre en place "le vouloir être" (reconnaissance de l'individu en tant que personne : développement de l'autonomie, participation aux prises de décisions, connaissance et estime de son corps) qui
 
 
participe à son "vouloir communiquer".
Apprendre à lire avec les tout-petits, cela signifie pour nous :
- se familiariser avec l'écrit et avec la langue
- observer l'autre qui est lecteur
- observer celui qui écrit
- manipuler différents types d'écrits (livres, courrier, messages, comptines...)
- produire des messages écrits
- imiter en jouant à lire ce qui conduit au vouloir lire
- être en position de chercheur devant l'écrit (étiquettes avec prénoms ou autres situations où l'enfant prend des indices pour repérer le contenu : recettes, lecture d'affiches...)
L'écrit a toujours une fonction : il sert à... ou il donne du plaisir.
Dans la classe on peut lire pour s'informer. On fait exister des écrits réellement utiles à la vie de l'enfant (étiquette avec prénom sans photo -plutôt qu'un pictogramme- au portemanteau et pour l'emprunt des livres de la bibliothèque, repères écrits pour le rangement dans les casiers ou boîtes particulières, messages d'urgence écrits avec les enfants pour affichage à la porte, repères sur le tableau des services pour veiller à participer chacun son tour, reconnaissance de son cahier). L'enfant peut aller à la bibliothèque pour chercher des documents en réponse à une question posée ou suscitée par l'apport d'un objet en classe.
On peut y lire pour communiquer : lecture du mot de la semaine dans le cahier de vie ou des actualités de la classe, présentation aux autres enfants du texte écrit par les parents dans le cahier de vie, lecture d'informations préparées pour la radio, transmission de messages par les enfants à d'autres adultes ou enfants de l'école, lecture de télécopies, lecture d'un article du journal de l'école.
On peut y lire pour bricoler ou cuisiner.
On peut aussi lire, et ce n'est pas le moindre, pour le plaisir : présentations d'albums, "histoire de la semaine", comptines et poésies. "L'histoire de la semaine" est lue au moins une fois chaque jour de la semaine. La photocopie de la page de couverture est collée dans le cahier. Une boîte de livres de la semaine est à portée des enfants et distincte des autres livres du coin livres de la classe. Ceux-ci peuvent être empruntés par les enfants pour être lus à la maison comme les autres livres de la bibli.
Les comptines, chansons et poésies connues des enfants sont disponibles dans une boîte. Lors de notre réunion quotidienne, un enfant de la classe en choisit quelques-unes et il les présente au groupe classe.
L'écrit a aussi une fonction symbolique de Pouvoir pour, par exemple, fixer une loi de la classe et s'y référer (un carnet indiquant les règles de vie de la classe est à la portée des enfants).
En parallèle des activités pour développer la mémoire et la discrimination visuelle sont organisées. Des situations et l'organisation de la classe favorisent l'autonomie et les prises d'initiative. Ceci facilite plus tard les formulations d'hypothèses et l'anticipation.
Isabelle Godron
 
Lire au CP
 
"Concernant l'apprentissage technique de la lecture, l'objectif reste la maîtrise de la lecture en fin de cycle II. Si nous sommes persuadés de la nécessité de développer au plus tôt le contact avec les livres et l'écrit sous toutes ses formes, nous sommes opposés à toute systématisation de l'apprentissage de la lecture avant le CP." avons-nous jugé utile de préciser dans notre projet d'école.
Il est essentiel pour nous que les enfants trouvent dans nos classes des lieux chargés de sens, que des interactions soient possibles dans le groupe classe et avec l'extérieur.
Chaque enfant arrive avec son histoire ; cheminons avec lui et aidons-le à aller toujours plus loin. La langue écrite est au centre d'un milieu de vie complexe. L'apprentissage du lire-écrire ne peut donc se réduire à une méthode servie par un manuel sans aucun lien avec la vie de la classe et les projets des enfants. Il ne s'agit pas pour autant de partir de rien.
La lecture est l'objet d'un perpétuel aller et retour entre une approche individuelle et une approche collective :
- la lecture individuelle prend toute sa place dans le cadre du travail individuel (plan de travail), à la bibliothèque, dans les recherches documentaires, dans les livres de la classe, dans les jeux, à l'ordinateur (utilisation du logiciel Elmo International), dans la préparation du journal bimensuel de l'école...
- la lecture collective fait appel à des moments où le groupe classe se retrouve pour découvrir des textes les plus variés possibles : écrits de communication et/ou écrits sociaux (textes d'enfants de la classe ou d'autres classes, textes issus de livres de littérature jeunesse, lecture d'affiches, recettes de cuisine, Jmagazine, programmes télé, règles de jeux, bricolages, revues lecture documentaires, poésie, chansons, bandes dessinées, lettres des correspondants, télécopies...)
Dans ces moments de découverte de la lecture, nous veillons particulièrement à varier l'approche de la présentation de chaque nouvel écrit (différents supports, formats, calligraphies). Nous nous efforçons aussi de favoriser toutes les entrées possibles, toutes les démarches (lecture globale, anticipation, déchiffrement, analyse, comparaison avec listes de mots connus...), de permettre à chacun de les expliquer, tout en veillant, pour l'enseignant, à ne jamais prendre parti pour telle ou telle démarche adoptée par un enfant. C'est pour ces raisons que nous avons choisi de ne pas utiliser de manuel de lecture qui nous paraît trop réducteur quant à la diversité des démarches d'apprentissage de la lecture et à la variété des écrits.
Véronique Pabois
 
L'enfant qui apprend à lire et à écrire le fait à son rythme et très vite des outils d'entraînement individualisés sont nécessaires pour permettre à chacun de progresser en dehors des séquences collectives autour d'un texte. Les fichiers de lecture produits par les PEMF offrent un éventail de fichiers très progressifs où l'enfant est confronté à des types de lecture très variés qui n'incitent pas à déchiffrer, mais qui favorisent l'émission et la vérification d'hypothèses, la nécessité de prises d'indices, l'utilisation d'analogies, le raisonnement par élimination, le travail sur les similitudes, sur les différences. Ces fichiers sont conçus pour permettre l'autonomie de l'enfant face à l'écrit. Ils lui permettent d'acquérir très tôt des attitudes de questionneur vis à vis du texte sans avoir recours ni au déchiffrage ni à l'oralisation.
 
Lire au cycle III
 
Si nous avons vu que ce bain de lecture commence bien avant le CP, cet apprentissage et cette familiarisation se poursuivent bien après. Le panorama suivant, sans être exhaustif, montre combien la multiplication des types de supports, des nécessités ou des plaisirs de recourir à l'écrit, en différents lieux avec des projets divers vise à aider les enfants à devenir des lecteurs polyvalents au cycle III.
- Lire pour s'informer, se renseigner : la semaine commence par la lecture des bilans de la semaine précédente, lecture du journal de l'école "L'Echo du p'tit Buton", de journaux scolaires d'autres écoles, de l'hebdomadaire " Le Journal des Enfants", du quotidien Ouest -France, des nouveautés reçues pour la BCD (BTj, BT, périodiques...), de livres (moments kiosque hebdomadaires dans chaque classe), des comptes-rendus des différents conseils coopératifs de gestion de l'école, lecture des affichages, lettres des correspondants...
- Lire pour se documenter, pour situer, pour savoir d'où ça vient : pour préparer un projet, un voyage, une sortie, une enquête, une communication, un exposé.
- Lire pour informer les autres, renseigner les autres : lecture aux plus petits à la bibliothèque
présentation d'informations aux autres, présentation d'un exposé, d'une conférence, "Les enfants renseignent les enfants" où les enfants de l'école répondent dans un grand élan coopératif par télécopie, aux questions que leur posent d'autres enfants d'autres classes (2).
- Lire pour se construire et donner un point de vue : revues de presse, lecture critique des BTj BT, présentation de livres en classe, Ecritiques (échanges autour d'une série de livres lus par les enfants pour aller vers la mise en commun de conseils de lecture) (3), lecture critique des journaux produits par d'autres écoles, participation au Prix de lecture Etamine (prix organisé par l'OCCE et décerné par les enfants à des productions écrites produites par des classes), participation au jury du Prix littéraire des Incorruptibles (les enfants lisent plusieurs livres sélectionnés par les librairies Clés et élisent leur préféré), lire et se former pour devenir "enfant conseiller lecteur" pendant la Fête du livre jeunesse annuelle.
- Lire pour choisir : un poème, faire une chasse aux livres d'un même thème, consulter les catalogues des éditeurs pour aller vers la mise en réseau des livres et des lectures et se construire une réelle culture de l'écrit. Un écrit n'existe jamais seul mais peut-être être mis en relation avec d'autres.
- Lire pour faire : lecture des consignes des exercices, des énoncés mathématiques, lire pour fabriquer en atelier un vrai objet social qui conduit à une reconnaissance : recettes pour cuisiner, notices pour les ateliers scientifiques, conseils pour jardiner ou pour fabriquer un... livre.
- Lire pour se corriger, pour corriger, pour vérifier, pour compléter.
- Lire pour s'entraîner à... lire plus efficacement et plus rapidement : fichier d'écrits réels (il s'agit d'augmenter l'efficacité et le champ de compétence des enfants à partir d'écrits sociaux : journaux, revues diverses, calendrier, publicités...), fichier lecture BTj, fichier lectures sélectives (sciences, histoire.) permettent de systématiser certaines entrées dans des textes variés. L'entraînement au questionnement de type journalistique (Qui, Quoi, Quand, Où, Comment, Pourquoi) est très efficient à ce niveau-là.
L'utilisation du logiciel Elsa (entraînement à la lecture Savante) de l'AFL, à partir d'écrits prenant largement appui sur l'actualité de la littérature de jeunesse, de la fiction à de la presse en passant par les documentaires, des plus récents à quelques classiques, permet de travailler sur des capacités différentes dont la convergence participe pleinement à l'activité de lecture.
Parce qu'ils leur sont d'un emploi fréquent et nécessaire, les "objets de lecture" (auteur, éditeur, collection, illustrateur, lexique, glossaire, table des matières, sommaire, index, répertoire, bibliographie, biographie, cotation, 4ème de couverture..) deviennent familiers aux enfants.
Sur ce dernier point on veillera cependant à éviter la mystification, trop souvent entretenue dans l'école traditionnelle, de laisser croire que la lecture, c'est seulement l'entraînement. Cet entraînement n'a de raison d'être que parce qu'il permet d'accéder à la vraie lecture.
- Et puis lire pour le plaisir... Si nous n'avons pas instauré le plaisir de lire obligatoire pour tous, une telle offre de lecture permet aux enfants qui le souhaitent des rencontres heureuses avec les écrits aux moments de leurs choix.
- Enfin entamer une réflexion sur ses pratiques personnelles de lecteur : comprendre pourquoi et comment on lit, à quoi sert de savoir lire, pouvoir évoquer ses joies mais aussi ses difficultés avec tel ou tel écrit, pouvoir acquérir une attitude réflexive sur ses compétences de lecteur, réfléchir à "Comment j'ai appris à lire" (entre représentations sociales et réalité), sont des temps de métacognition qui permettent de prendre de la distance et de réfléchir à ses propres comportements de lecteur. C'est parce que les enjeux de lecture sont connus qu'ils se les approprient plus facilement.
La classe n'est pas le seul lieu de lecture, la BCD (voir ci-contre) est aussi un lieu privilégié pour l'apprentissage de l'autonomie et du repérage dans les écrits. Chaque année la Fête du livre jeunesse d'Aizenay (5) (véritable fête de la lecture et des lecteurs, fête pour les enfants) est également l'occasion de rencontres et de formations avec les livres mais aussi avec un libraire, un écrivain, un poète, un illustrateur ou un conteur, avec des expositions, des créations artistiques, des jeux de lecture dans les vitrines des commerces du bourg...
La multiplication des situations de lecture, des objets à lire, des lieux de lecture, des offres de lecture, la multiplication des possibilités d'entrées dans la lecture, l'ancrage dans la réalité des situations de communication, sont autant de possibilités présentées à l'enfant pour devenir l'heureux "braconneur" dessiné par Michel de Certeau en se promenant dans les territoires de la lecture afin d'y conquérir liberté et pouvoir.
Joël Blanchard
et les enseignants
Groupe scolaire louis Buton
85190 Aizenay
1 - "Priorité à l'Ecrilire" par le secteur français de l'ICEM, Le nouvel Educateur N° 47 (mars 1993)
2 -"Télécopie et recherche documentaire" dossier, J. Blanchard, Le nouvel Educateur N° 52 - Octobre 1993
3 - "ECRITIQUES" document vidéo réalisé par l'O.C.C.E. Vendée (1990)
   - "Ecritiques" : des enfants critiques littéraires", article, J. Blanchard, Le nouvel Educateur (décembre 1994)
4 - "Lire à l'école" document vidéo réalisé par les Amis de la Joie par les livres (1992)
   - "Pourquoi, Comment créer et animer une B.C.D." brochure, éditions P.E.M.F. (1985)
   - "Lire à l'école ou l'aventure de la BCD d'Aizenay" article, G. Patte, Revue de la Joie par les livres N° 146 (été 1992)
   - "Quand BCD et CDI se suivent et ne se ressemblent pas" article, A. Valin, J. Blanchard, Argos N° 14 (mars 1995)
 - "Une BCD, coeur et pivot de l'école", contribution au CDRom "Pédagogie de la lecture", Ministère de l'Education Nationale (septembre 1996)
 - "BCD et coopération", article, J. Blanchard, "Cahiers pédagogiques" N° 347 (Octobre 1996)
 - "Lecture : les parents jouent le jeu" article dans la revue "Le nouvel Educateur" n°26 (Février 1991)
 - "L'écho du p'tit Buton" article, F. Rachédi, Animation & Education n°110 (Septembre 1992)
 - "Carnet d'agésinate, le livre d'art des CM2" reportage, Créations N° 59 (mai 1993)
5 - "Avez-vous matière à lire" Créations N° 60 (juin 1993)
   - "Fais-moi peur ! une exposition de livres matières" reportage, V. Pabois, Créations N° 70 (janvier 1996)
 
 
 

 

Un lieu ressource privilégié pour la lecture : la BCD (4).
La B.C.D de l'école, organisée coopérativement avec les enfants (Conseil de Bibliothèque), est un lieu central de l'école, constamment en interaction avec les classes. C'est un lieu où l'enfant peut accéder seul à tout moment pour aller chercher des réponses aux questions qu'il se pose, c'est un outil de conquête de l'autonomie personnelle (gérer son temps, ses déplacements, son propre questionnement) au sein d'une collectivité qui a aussi ses règles.
C'est devenu un lieu d'apprentissages à part entière et non pas uniquement de stockage de livres.
La B.C.D. ne devient efficace que si c'est un lieu animé. L'accueil et l'animation y sont assurés par des parents ou amis de l'école et par trois personnes employées en Contrat emploi Solidarité. Ainsi deux adultes au minimum y sont constamment présents
L'animation en B.C.D. n'est pas réservée à des spécialistes, c'est avant tout une attitude pédagogique adoptable par tout enseignant. L'animation y laisse une grande place à l'initiative de l'enfant. C'est lui le lecteur à former, c'est lui qui est en situation d'apprenant, de découvreur, de conquête d'autonomie pour ses pratiques culturelles.
Pour cela la cohérence et la cohésion d'une équipe pédagogique ainsi que la reconnaissance d'un statut à l'enfant sont indispensables.
L'évaluation du fonctionnement d'une BCD peut-être abordée au travers des raisons de s'y rendre qu'évoquent les utilisateurs eux-mêmes.
"Que viens-tu faire à la BCD ?" (Enquête réalisée auprès des enfants du Groupe scolaire en 1996) :
- lire un livre
- regarder un livre
- lire des poèmes
- lire des albums
- regarder des bandes dessinées
- lire le journal
- préparer une revue de presse
- faire un exposé
- faire un dessin
- écrire une histoire
- écrire un poème
- raconter des histoires
- lire des histoires à mes copines
- rechercher des documents
 
Ou encore au travers de cette enquête d'Audrey, Amandine et Morgan (élèves de CM) pour répondre à la question posée par des adultes stagiaires :
"Que se passerait-il si vous n'aviez pas de BCD dans votre école ?"
On ne pourrait pas se documenter, on ne pourrait pas faire d'exposés.
Nous serions obligés d'envoyer des Fax dans d'autres écoles pour avoir des documents.
Nous serions obligés de chercher chez nous ou de demander des documents aux gens de la classe.
Nos exposés seraient de moins bonne qualité.
La lecture à l'école serait moins facile, on ne pourrait pas lire aussi facilement des romans ou des BD qui nous plaisent
On n'aurait pas d'endroit calme dans l'école
On s'ennuierait pendant les récréations.
On ne pourrait pas se payer tous les livres dont on aurait besoin.
Ca changerait toute l'école !
 

 

- consulter des revues
- regarder une émission de télé
- regarder une cassette vidéo
- écouter un livre enregistré au coin audio
- projeter des diapositives
- découvrir les nouveautés exposées sur le présentoir
- choisir un livre ou un documentaire
- voir une exposition
- demander des informations
- je vais au "conseil de bibli"
- mettre une affiche
- faire don d'un livre à la bibli
- me reposer
 
 
 
 
C'est parce que l'enfant est intégré dans un groupe qui vit qu'il ne peut faire l'économie de développer les moyens de recours à l'écrit pour tous les aspects où celui-ci se révèle nécessaire. Il en va, en effet, de la lecture comme du développement global de l'individu qui ne peut se réaliser qu'à travers l'implication dans la vie de groupes diversifiés.
L'implication directe de tous dans la vie de l'école conduit à spécifier des groupes plus restreints d'affinité et de projets qui sont des lieux de vie multiples et habituels de chaque enfant. Ce n'est jamais un individu seul mais un individu dans un groupe qui apprend à lire et la qualité de son apprentissage est directement liée à la qualité des rencontres avec l'écrit que la vie du groupe permet.
Puisque l'enfant est témoin et utilisateur de l'écrit dans le groupe, il éprouve rapidement le besoin d'en produire lui-même pour des effets symétriques de ceux qui le conduisent à y avoir recours. La production de l'écrit - qui prend appui autant sur les nécessités de la vie sociale que sur les besoins d'expression personnelle - naît de son utilisation et se construit à partir d'elle, et les deux activités ne peuvent être séparées dans le temps. L'expression cherche toujours un partenaire et s'inscrit naturellement dans les mêmes réseaux de communication.
On ne peut donc aborder la question de la nécessité de la lecture sans ipso-facto se poser celle de la nécessité de l'écriture. Non pas lire pour s'informer, et écrire, peut-être un jour, quand on sera bien nourri de la pensée des autres, mais écrire d'abord, ou tout au moins en même temps, c'est à dire se placer d'emblée en position de producteur d'écrits...
Extraits de "Apprendre à lire du cycle 1 au cycle 3" plate-forme commune des Mouvements pédagogiques (AFL, CEMEA, CRAP, FOEVEN, FRANCAS, GFEN, ICEM, OCCE) 1992
 
 
 
Devant un nouvel écrit le dialogue s'instaure :
- De quoi parle ce texte ?
- Pourquoi dis-tu qu'il s'agit d'un lapin ?
On observe la forme du texte (majuscules, ponctuation, longueur des phrases, organisation en paragraphes). Avant de chercher tel ou tel mot, on émet des hypothèses (il sera plutôt à la fin, ce sera un mot plutôt court...). Au départ on se fabrique une vision globale du texte, nous allons de la phrase vers le mot, car c'est la phrase elle-même qui est porteuse de sens et non le mot. Propositions et hypothèses vérifiées se succèdent, on bâtit du sens ensemble. Un texte qui est inaccessible à un enfant seul peut être lu par un groupe grâce aux échanges qui s'instaurent entre eux avec des questions aller-retour, les propositions des uns, les vérifications, infirmations ou démentis des autres.
Véronique Pabois