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L'homme n'est rien en soi

Mai 1997
« L’homme n’est rien en soi, il n’est qu’une chance infime, mais il est responsable de cette chance... »
A. Camus
 
Strasbourg, le 29 mars : soixante mille personnes refusent l’incitation à la haine raciale, à la xénophobie et dénoncent la propagande insidieuse ou avouée, en tout cas dangereuse, proposée par l’extrême droite. Celle-ci se nourrissant des déficiences de la société et de ses inquiétudes propose des solutions simplistes et populistes aux fins de séduire un électorat enclin à penser que là se trouvent les réponses à ses préoccupations quotidiennes.
Soixante mille manifestants, devenus « quelques voyous à mettre au pas », ce qui a le mérite de la clarté !
Parmi ces « voyous », les enseignants, les éducateurs ont un rôle particulier à jouer sur les terrains de l’éducation à la démocratie, à la tolérance.
En apprenant aux enfants dès la petite enfance que cet autre, si différent, est de même nature que soi-même...
En proposant des situations pédagogiques qui favoriseront l’entraide mutuelle, l’esprit critique, l’apprentissage des libertés et des règles qu’elles exigent...
En défendant la laïcité, garante de plus d’égalité...
Parmi ces « voyous », les citoyens que nous sommes ont aussi leur rôle à jouer, dans la vie de tous les jours.
En ayant le courage de briser les préjugés devant un étal, un guichet, lorsqu’un homme « différent » se fait rabrouer pour simple cause de différence... Ne pas être complice.
En n’utilisant pas à notre tour les armes de la démagogie : affirmer, répéter, exagérer et... ne rien démontrer...
Il ne suffit pas aujourd’hui de dénoncer : il faut agir, si petites soient les actions, pour refuser la fatalité d’un futur qui ressemblerait à un passé honteux et douloureux mais déjà oublié. Ce passé n’est pas une fiction, un moment détaché du cours de l’histoire : avant d’offrir son visage le plus odieux, le fascisme sait séduire, toucher les émotions, flatter les identités. Il sait se faire notre compagnon de tous les jours.
Chaque geste, chaque pas, chaque mot dans notre vie professionnelle et quotidienne, peut conduire aux dérives criminelles ou éduquer à leur refus.
C’est parce que le combat pour la démocratie ne doit jamais cesser que nous resterons vigilants et mobilisés pour défendre et promouvoir les principes d’un projet social, d’un projet pour l’homme.
 
Nicole Bizieau
Présidente de l’ICEM