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Où vont les enfants de l'école Renan ? dans la classe de Jean

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Revue en ligne CréAtions n° 259 "En chemin..."
annoncée dans l'Éduc' Freinet n° 259 - Publication : octobre 2022

Classes de  CP-CE1 – École Ernest Renan A – Villeurbanne (Rhône) 
Enseignant·es : Viviane Brunel et Chloé Caspar – Flavie Retailleau et Jean Teissier

 


 

Où vont les enfants de l'école Renan ?

Dans la classe de Jean et Flavie, Jean raconte.


L’amorce est une discussion philosophique autour du thème "grandir".

"Grandir, ça veut pas dire comme la vieille dans le film (c’est pas mourir)."
"Si on grandit pas et que les parents sont morts, il faut se débrouiller tout seul. "
"C’est pas parce que quelqu’un est plus grand que c’est à lui ou elle de tout faire : les moins grands peuvent faire aussi."
"Pour grandir, il faut dormir."

S'ensuivent deux expériences que je propose aux enfants :
- une première, d’écriture durant laquelle les élèves imaginent le lieu où ils et elles iront quand ils et elles auront grandi ;

"D’abord je flotterai dans les airs. Je rencontrerai C. Et je volerai jusqu’en Savoie. "
"De ma maison, j’irai à la gymnastique. "
"J’irai dans des endroits différents. J’irai en voiture. J’aurai mon permis."
"Je passerai par la fenêtre. J’irai voir la mer."

- puis une seconde, graphique cette fois, où les enfants représentent ce voyage à l'aide d’un tracé de peinture traversant une feuille A5.
Des amorces de styles commencent à poindre.

Des remarques d’enfants
Vient le temps d’un premier arrêt : une pause pour regarder ce que ces expériences ont produit.


"On a l’impression que le chemin de J. et le chemin de N., ben c’est le même chemin... "

"On pourrait rejoindre mon chemin et celui de A. aussi ?"

Une idée nait : que tous les chemins de la classe soient associés pour former un grand chemin.

L’émergence de cette idée me permet de me reculer, un peu. Je me fais caisse de résonance et me contente de poser des questions techniques : concrètement, qui s’occupe de quoi ? Comment ?
Au final, il me reviendra de préparer une « très grande affiche » (20 feuilles A3 scotchées ensemble). Sur cette affiche, les enfants viendront coller, réécrire et assembler leurs chemins retravaillés.

Immensité blanche

Petit à petit, leur grand chemin se dévoile prenant la forme d’une boucle suivant le pourtour de la feuille. Il laisse, ainsi, une immense zone blanche en son centre.
C’est l’heure d’un second arrêt : "Et maintenant ? Est-ce qu’on a fini ? Ou est-ce qu’on fait quelque chose de cette immense zone blanche ?"
Toute la classe est convaincue qu’il faut en faire quelque chose. "Un quelque chose de commun". Mais quoi ?
Difficile de se mettre d’accord : la recherche de ce qui pourrait nous être commun cède devant les rêves  et les facéties...

   
Jérôme Ruillier intervient.

La vie de la classe nous éloigne de notre projet de peinture en grand format qui reste en jachère plusieurs semaines. À quelques jours de la venue de Jérôme Ruillier, nous n’avons toujours pas choisi ce que nous ferons au centre du grand chemin. Nous décidons alors de lui demander son avis. La question le prend à revers. Il ne répond pas tout de suite mais avant de partir, il nous suggère : "Cherchez  d’abord ce qu’évoque pour vous l’idée de lieu commun. Cherchez ensuite comment vous pourriez le symboliser. "
Notre lieu commun, ce sera "la maison" et pour la représenter, "on n’a qu’à peindre un carré marron".

Expérimentations

Mais, au fait, comment fabrique-t-on du marron ?
Lors d’une grande séance de barbouillage, des hypothèses sont émises et expérimentées. Et c’est tout un champ d’interrogations qui s’ouvre : "À quel moment peut-on dire que ce marron est vraiment marron ? Ne serait-il pas plutôt orange ? Ou ocre ? Et puis, d’abord, pourquoi en mélangeant les mêmes couleurs, on n’arrive jamais à obtenir exactement le même marron ?"
À peine cette recherche a-t-elle permis à quelques élèves de peindre leurs premiers carrés qu’il me faut les arrêter. On a manifestement oublié de se poser une autre question : "Comment faire pour peindre un carré qui ressemble effectivement à un carré ?" Nouvelles expérimentations…
De tâtonnement en tâtonnement, les enfants finissent par peindre une sorte de lotissement de 49 carrés, de tailles et teintes diverses.
 

 


Mais l’exposition approche. Nous sommes déjà en mai. Il nous faut aboutir.
Alors, dans la multitude d’idées que certain
·es voudraient encore ajouter, je tranche. En quelques matinées, chaque enfant ajoute encore son ultime sentier de peinture. Un sentier pour lier le lotissement au long chemin. C’est sur ce sentier qu’ils et elles signent enfin leur œuvre collective.

Bien des envies ont été abandonnées en chemin. Mais nous y sommes arrivé·es. L’exposition, c'est demain ! 

             

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