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Réunion chez Martine

Les créations mathématiques :

"la méthode naturelle de mathématique est une méthode vie"

 

Delphine et Philippe nous ont fait partagé leur expérience du stage régional animé par Monique Quertier et Francine Têtu sur la  technique des créations mathématiques.

La première remarque à l'issu de ce stage est que cette technique suppose une culture mathématique de la part de l'adulte. La pratique régulière en classe permet cependant de se familiariser avec les situations mathématiques, du moins de développer "son regard maths".

C'est Paul Le Bohec, militant et compagnon de Freinet, qui ouvre la voie dans les années 60 en proposant "le texte libre mathématique". La consigne qu'il imagine ce moment-là est la suivante :

"A l'aide de traits, de signes, de points de chiffres, fais une création mathématique".

 

Déroulement :

La pratique de cette technique doit être très régulière : prévoir tous les jours des séances de 45min à 1heure.

Les enfants sont répartis en 4 groupes :

- lundi : groupes 1 & 2 en création maths (étude des créations du groupe 1) ; groupes 3 & 4 en travail autonome

- mardi : groupes 1 & 2 étudient les créations du groupe 2 ; groupes 3 & 4 en autonomie

- jeudi : groupes 3 & 4 en création maths (étude des créations du groupe 3) ; groupes 1 & 2 en autonomie

- vendredi : groupes 3 & 4 étudient les créations du groupe 4 : groupes 1 & 2 en autonomie

 

Après un temps de libre création individuelle, les productions sont affichées au tableau.

Le groupe fait des remarques sur les créations.

L'adulte amène chacun à les expliciter, à les justifier.

L'auteur n'aura la parole qu'en dernier.

L'adulte peut noter, pour mémoire, les remarques faites sur les créations. Il n'est pas utile de prévoir d'éventuelles traces écrites : "la pensée collective du groupe progresse à travers les idées de chacun".

Au fil des séances, les enfants font des liens entre les différentes productions.

Conseils :

- ne jamais se lancer seul !

- être persévérant : c'est par la régularité que les bénéfices se feront sentir

- possibilité de créer un outil collectif avec les créations et leurs remarques

- se préparer en visionnant le DVD "la création mathématique"

 

Le site Coop'Icem rassemble d'ailleurs de nombreuses vidéos tournées en classes. Parmi elles, vous pourrez trouver des temps de créations mathématiques dans différents cycles :

icem-pedagogie-freinet.org/concretement-en-classe

 

Témoignage de Claude (cycle 3) :

En CM1/CM2, Claude dédiait une matinée aux créations mathématiques. La classe était répartie en 4 groupes.

Au début de l'année, toutes les productions de chacun des groupes étaient analysées comme expliqué plus haut. Plus tard il a mis en avant certaines créations qui lui semblaient intéressantes du point de vue des notions sous-jascentes.

Claude ne s'est pas lancé seul : il a travaillé étroitement avec une de ses collègues pour analyser ensemble les travaux des enfants et aiguiser son regard "mathématique".

Chaque enfant avait son cahier de créations dans lequel figuraient toutes les productions de l'année.

Claude a mis en place un blog de classe qui est une véritable mine et qui permet de suivre pas à pas une année en création maths : http://plano.free.fr/creamath2.htm

 

 

Témoignage de Muriel (cycle 1) :

En PS/MS, Muriel a repris une technique mise en place par Agnès Muzellec (cf. DVD maternelle) : l'atelier de la bonne idée.

Chaque quinzaine, les enfants se voient proposer un atelier de libre manipulation soit avec des objets (cubes, capsules, cartes à jouer, allumettes, blocs logiques...) soit avec des images découpées dans du papier cadeau. La consigne est simple : "tu dois trouver une bonne idée avec tes objets ou tes images".

Quand l'enfant a terminé, il explique son intention à l'adulte qui la note sur la feuille ou qui prend la réalisation en photo.

La création libre sera présentée le jour même ou le lendemain au groupe qui s'exprimera sur ce qu'il voit.

Les échanges portent alors sur du vocabulaire mathématique lié à la topologie ou à la numération.

L'accumulation des productions (affichées au fur à mesure à l'atelier) permet aux enfants de faire des liens.

Au fil des quinzaines, les productions sont compilées dans un dossier personnel à l'enfant.

 

Témoignage de Philippe (cycle 3) :

Dans sa classe, Philippe a réparti les enfants en 3 groupes : 9 CE2, 7 CM2, 6 CM2.

Il profite d'un créneau pendant lequel 2 groupes d'élèves sont en BCD pour travailler soit au journal de l'école soit sur des logiciels informatiques, avec un adulte.

Comme il se lance juste dans cette pratique, il ne la propose pour l'instant qu'une fois par semaine.

Les pistes "exploitables" se révèlent rapidement très nombreuses. Philippe travaille en lien avec Monique Quertier pour apprendre à rebondir et à proposer des questionnements pour avancer.

 

 

Nous suivrons l'expérience de près...

 

 

 

ne parler QUE pour relancer

Bonjour à tous

Bravo Muriel pour ce résumé d'une pratique nouvelle pour moi en effet, mais qui risque fort de s'installer dans ma pratique de classe comme l'un des piliers solides :)!
En effet, je suis conquis par les apports riches, variés et très motivants pour les élèves et le maître.
Comme j'ai pu le lire dans le vécu de Claude, des années de pratiques frontales en ayant le savoir et en le diffusant au moment t tranche énormément avec cette pratique naturelle où les notions arrivent ... parce que c'est le moment tout simplement !

Je ne résiste pas à donner un autre conseil, non mentionné dans la liste, mais qui me paraît "majeur" cependant : "SE TAIRE" ou plus exactement "NE PARLER QUE POUR RELANCER" la curiosité et le questionnement qui ne manqueront pas de fleurir de la part des élèves qui assistent à la "lecture" d'une création maths d'un de leurs camarades.

C'est par la pratique, l'échange avec Monique notamment, que ce "réflexe" me paraît vraiment fondamental.

En effet, c'est dur de ne pas vouloir intervenir avec SON point de vue ou SES idées (en tant que maître) - n'est-ce-pas Claude qui n'a pas pu, comme moi !, ne pas intervenir et devant un silence donner son interprétation des grands cercles, petits cercles et traits comme des classes de nombres (voir le c/r de sa première séance) ?

Et pourtant c'est fondamental de se discipliner, et de se contenter de : "Je ne sais pas ... qu'est-ce-que tu en penses toi ?" , "et si ce grand nombre était une distance ça représenterait quoi ? et si c'était un salaire, ça pourrait être celui de qui ? etc ...

Il me semble que c'est LA condition pour ne pas se lasser et que les élèves soient toujours en position de recherche.

Philippe

nb : ah, un autre "truc", ne pas oublier que le maître, comme membre de la classe, peut aussi proposer sa création maths de temps en temps ... (ça c'est au cas où telle ou telle notion n'apparaisse jamais ...)