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Ce que dit Fidel Castro

Octobre 1961

« Les Cités Scolaires continuent. C'est là une entreprise révolutionnaire, entièrement nouvelle dont l'objectif précis est d'appeler, de rassembler tous les enfants isolés dans la montagne pour les faire vivre en véritable communauté dans ces centres.

Cette innovation s'inscrit dans un ensemble déjà fort important car nous avons d'autres innovations : les auberges enfantines, les cités scolaires aux divers degrés, et surtout la réforme complète de l'enseignement, l'orientation nouvelle des maîtres, la rénovation des livres et de tout l'équipement scolaire, tout ceci adapté à toutes les régions de Cuba, la transformation permanente des écoles casernes en écoles nouvelles, la création d'écoles adaptées à tout cet ensemble. Ceci a été depuis longtemps un objectif impérieux car ces établissements secondaires nous faisaient jusqu’ici grand défaut et nous sommes soucieux aussi de donner la plus de bourses possibles pour qu’aucune intelligence ne se perde dans nos villes et dans nos campagnes.

En effet, cette richesse d'intelligence dont Cuba a tant besoin sera promue à diriger nos usines, notre économie, notre pays dans son ensemble. Aussi nous ne devons pas laisser perdre une miette de ces intelligences si précieuses. On ne pourra plus dire désormais qu'un travailleur est qualifié parce qu'il est un fils à papa, mais tout simplement en raison de sa vocation et de ses aptitudes. Dès à présent, il existe pour tous les enfants de Cuba les mêmes possibilités de faire des études. C'est cette égalité devant le savoir qui est l'œuvre de la Révolution dans l'enseignement.

Je vais vous parler un peu de ce que font les enfants dans les Cités Scolaires : Ils font leurs propres textes. Ils font leurs livres. Quelle différence avec ce que l'on nous a appris à nous dans des livres tout faits d'avance et qui nous étaient étrangers. Nous lisions : M, A, MA ; M, A, MA ; MAMA... Nous ne mettions aucune idée dans tout cela. On nous disait; «Cette lettre se prononce ainsi. Celle-ci se prononce comme ceci... ». C'était ainsi que l'on apprenait dans les livres d’hier. Ils ne nous apportaient aucune idée qui nous soit personnelle. On parlait bien du chien, du chat, mais ce chien et ce chat n'étaient pas le nôtre... alors, nous n'y mettions aucune idée, aucune émotion. Nous y apprenions tout de façon mécanique et impersonnelle.

Cette éducation mécanisée a créé un certain type mental, mécanisé aussi et la conséquence en est que beaucoup de gens éprouvent aujourd'hui de grandes difficultés pour écrire simplement leurs pensées car on ne leur a pas appris à partir de cette pensée, à l'éprouver pour ensuite avoir recours à la technique qui permet de la communiquer aux autres. On nous a, au contraire, appris à manier la technique avant d'avoir une idée à exprimer.

Aujourd'hui, dans nos Cités Scolaires, les enfants ont des imprimeries. Ils vont en promenade, visiter tout ce qui les intéresse dans la Nature ou dans le domaine de l’économie. Ils observent et ensuite quand ils rentrent, ils se réunissent avec leurs professeurs, racontent ce qu'ils ont vu, en discutent, demandent des explications, émettent toute une série d'idées, de projets très vivants et réels.

Le meilleur travail de ces élèves est retenu, écrit au tableau, et à nouveau discuté avant que d'être imprimé. Ainsi, vous le voyez, les enfants sont leurs propres juges et s'entraînent à sélectionner leurs meilleurs travaux. Il en résulte de beaux récits qui sont les pages d’un livre remarquable pour chaque enfant qui jour après jour acquiert des connaissances liées à sa propre vie, et c'est ainsi que s'est développé un esprit ouvert à tout et qui perçoit et enregistre tout. Les petits ouvrages réalisés par ces enfants en sont l'éclatante démonstration.

Par ailleurs, ils font de la peinture et toutes les techniques d’expression artistique. Ils ont eux-mêmes exécuté les gravures qui illustrent leurs petits cahiers et leurs livres. Tout est ici très personnel et vivant,

Voici des pages d'un livre ainsi réalisé :

« Une excursion. — Dimanche, nous sommes allés, avec quelques camarades au centre Bartolomé Maso. A notre arrivée, on nous a donné de la guarapa. On nous a montré toutes les machines. Comme le sucre avait une belle couleur dorée ! ».

Ramon ORTI.

C'est certes enfantin, mais vous pouvez vous rendre compte par vous-même que tout ce qu’écrivent ces enfants ne leur a pas été apporté tout fait de la ville. Ils disent les choses qu'ils ont observées aux champs, tous les événements de la campagne qu’ils ont vus, qu’ils ont vécus. Il est surtout nécessaire d'exprimer seulement les choses que l'on connaît bien pour arriver à bien penser.

Vous voyez, ces humbles cahiers d'enfants, ils sont pour moi des morceaux de littérature parce qu'ils reflètent les thèmes profonds de la vie des enfants, leurs aspirations, leurs rêves, ce qu'ils aiment et aussi ce qui retient leur curiosité, ce qu'ils voient dans un cirque comme ce qu’ils observent dans une centrale sucrière, dans un bateau, dans tout ce qui les entoure. C’est ainsi qu'ils s'habituent à utiliser l'écriture comme moyen d'expression de leurs idées. Ils ne feront pas comme beaucoup qui voudraient écrire quelque chose sans savoir quoi écrire. Ceux-là emplissent leur écriture d'idées creuses, vides, qui ne veulent rien dire. Ils ne savent pas que l’on écrit facilement lorsque l’on a pensé.

Il ne s'agit pas, en effet de rechercher une idée pour écrire. Il faut prendre ses propres idées, avoir quelque chose à dire, à communiquer, avoir d’abord une pensée riche et fertile. Alors se développera d’une manière fantastique l’intelligence vraie de ces enfants qui très certainement nous dépasseront dans tous les domaines ».

Fidel CASTRO.

 

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