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Brouillon de culture, compte rendu réunion GD88 d'avril

Dans :  Région Grand Est › Techniques pédagogiques › 

Mes chers amis,

Ce soir, j'ai eu l'immense honneur d'être le secrétaire de séance d'une réunion du groupe ICEM 88. J'emploie à dessein ce style ampoulé tant la circonstance était belle. C'était en effet, un véritable livre ouvert, historiographe et biographe de l'école moderne, que quelques collègues et moi-même avons eu la chance de rencontrer dans la classe de notre ami Antoine.

Robert Colin, instituteur né en 1926, responsable du groupe vosgien de l'école moderne à partir de 1966, nous a livré le témoignage intact et vivant d'un pédagogue praticien, rhéteur de ses convictions tirant les leçons de ses actions et de ses permanentes réflexions. Un manuel humain d'histoire de l'éducation nouvelle dont la pénultième phrase s'interroge au point de léguer trois points de suspension à la dernière.

Une grammaire suspendue à l'espérance d'un homme attaché à sa liberté pédagogique toute sa vie durant, et questionnant ses jeunes collègues d'aujourd'hui sur la réalité du métier. Quand angoisses du "comment démarrer en pédagogie Freinet?", ou tout simplement du "comment débuter?" s'accompagnaient de nécessaires témoignages sur les contraintes et paradoxes de nos jours, ce pair nous répondait, parfois même en Espéranto, par des décennies d'actions et de combats dont les teneurs revêtaient une telle actualité, qu'un double sentiment de désarroi et d'abnégation me saisissait.

Une vieille presse démontée, une école avec parquet, un repas et des jeux coopératifs présentés par Antoine et Denis, des "L'Éducateur", "Nouvel Éducateur", journaux de classes, d'écoles, bulletins du groupe vosgien plantaient le décor d'un véritable cours d'histoire, qui ne tirait son magistère que de la pleine œuvre d'un pédagogue engagé, véritable humaniste de terrain, mobilisant les élèves de sa classe parfois même au-delà de 16h30 sur la base du volontariat. Un compagnon de Célestin Freinet, qui a rencontré et travaillé en coordination étroite avec le créateur de l'École de Vence, évoquant au passage quelques anecdotes truculentes sur le personnage.

En ces instants de forts doutes politiques sur le bien-fondé même de notre mission et le sens exact de notre fonction dans une société en perte et quête de repères, ces témoignages sont des motifs d'espoirs, ces témoins, des passeurs,

Notre action, un flambeau,
Qui dans la nuit noire comme une étoile nous éclaire
Lueur d'espoir, montre le nord, comme la polaire,
Et pour l'élève, la seule émancipation,
Car c'est là le but de toute éducation.

Coopérative-ment
 

"Si l'enfant n'a pas l'enthousiasme de l'étude, c'est que le professeur n'a pas l'enthousiasme de l'éducation"
Élisée Reclus à Henri Roorda* dans une lettre du 4 novembre 1897.

 

*

Henri Roorda

(1870-1925) est un pédagogue suisse publiant un pamphlet d'inspiration anarchiste humanitaire en pleine première guerre mondiale et intitulé

"Le Pédagogue n'aime pas les enfants"

. Une réédition vient d'être récemment faite aux éditions Milles et Une Nuits. Une postface rédigée par Éric Dussert replace d'ailleurs l'œuvre des Freinet, Montessori, Steiner, Robin, au coeur d'une époque "où deux courants se saisirent de la question de l'instruction dans la seconde moitié du XIXème et la façonnèrent grandement, selon une idée identique (l'émancipation), mais selon des conceptions opposées: l'anarchisme et le courant républicain" (extrait de la postface).

 

** A noter également au titre de dernières parutions :

Petite Poucette

, de Michel Serres (PJ 1) ;

Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction

(avec les textes de Nietzsche et de Kropotkine) de Jean-Marie Guyau (PJ 2)

 

A mettre en parallèle avec “

Contre-histoire de la philosophie (t.7) La construction du surhomme

, de Michel Onfray (PJ 3).

 

Cédric