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Compte-rendu de la réunion du 14 décembre 2011

  Réunion IPEM du mercredi 14 décembre 2011
École élémentaire 19, rue Labori Paris 18 e

 

Présents : 12 + équipe de l’école Le Vau
Déroulement:
1. Trois groupes de travail :
Régulation des conflits (équipe Le Vau avec Françoise S, Catherine et Sabine)
Étude du milieu  
La méthode naturelle en mathématique
2 . Préparation du Salon Freinet du 23 mai
3. Présentation du logiciel Passeur de culture réalisé par Pénélope, Amar
et Jérémie
1.    Les trois groupes de travail
Régulation des conflits (compte-rendu de Françoise S en fin de message).
À compléter  pour les 2 autres groupes.

2. Le Salon Freinet du 23 mai
Propositions de déroulement,  à préciser:
-3 ateliers, aboutissement des 3 groupes de travail de l’IPEM cette année
( démocratie participative, étude du milieu, méthode naturelle en maths)
-un atelier (ou plusieurs ?) Démarrer en PF (quoi de neuf, texte libre, correspondance, conseil) -
-un film
- la table ronde , propositions d’invités  autour de la problématique de la culture à l’école  :
Serge Boismare, Hervé Nunez (Catherine se charge de les contacter)
Muriel Zak (?) du jeu de Paume, Philippe Durand (contact par Labori)
Françoise S se charge de contacter les Métallos pour fixer une première réunion de préparation du Salon.

3. Présentation du logiciel Passeur de culture réalisé par Pénélope, Amar

et Jérémie :
Banque de donnée des textes écrits par les enfants, classés par thème, mots clés
à mettre en relation avec des textes du patrimoine, des tableaux…
( à compléter)

COMPTE_RENDU Formation équipe Le Vau Régulation des conflits

Intro : présentation de l’école Labori, historique rapide. Présentation du cadre de l’accueil de l’équipe Le Vau au sein de l’IPEM

1 –  Faut-il « gérer » les conflits ?

Ce vocabulaire est directement issu des écoles pour responsables des ressources humaines. Comme s’il fallait un spécialiste rémunéré à chaque fois que dans un groupe humain, les limites des uns et des autres sont atteintes et que le conflit s’installe. Car gérer, au fond, c'est donner les moyens d'accepter une situation, telle qu'elle est, non ?

Comme directrice d'école, je gère, chaque matin, le quotidien du courrier, les appels téléphoniques, les absences, (et les rares remplacements...) et l'invraisemblable paperasserie. Ayant accepté d'être directrice, j'accepte. Mais, lorsqu'un conflit pointe le bout de son nez, ou entre avec fracas au sein de l'équipe, je ne souhaite que personne ne le GERE.

Pour moi, le conflit est une réalité vivante chaque fois que plusieurs humains partagent le même espace. Il est nécessaire car il permet à tous de se réajuster, mais le conflit, ce n'est pas nécessairement l'agression des personnes, l'insulte, la médisance, les rumeurs et les ragots, si fréquents hélas... Car ces procédés sont condamnables en toutes circonstances.

Si la parole trouve sa place et que chacun, par l'écoute et par l'expression, peut progresser, même si sur le moment, quelques portes claquent, quelques larmes s'écoulent, alors le conflit se régulera.

Un conflit qui arrive, met au grand jour des contradictions, des erreurs d'appréciation. A chacun d’entre-nous d’avoir à cœur de se décentrer, de prendre en compte d'autres visions du monde pour avancer vers les autres, ou à l'inverse, de penser que son éthique, ses principes sont remis en cause et qu'il est bon de camper sur ses positions.

Il ne s’agit donc pas de créer une situation « cotonneuse », où nul ne pourrait s'exprimer par le conflit ouvert, par la grève, par la dispute, dans nos écoles aussi, la colère et le conflit peuvent avoir droit de cité, entre enfants comme entre adultes, voire même entre enfants et adultes... Par contre, ce que le conflit détruit, il est du devoir de chacun de le reconstruire, éventuellement autrement, mais il n'est jamais bon de laisser à vif des incompréhensions, voire des souffrances, pour repartir d'un bon pied.

Mais comment faire ? Aucune recette n'est disponible, « même » en pédagogie Freinet...

Réfléchir, parler, chanter ensemble, rire ensemble, bien des projets peuvent ressouder un groupe, lorsqu'il est nécessaire de le ressouder.

En résumé il ne s’agit pas de gérer mais de réguler.

a) Il existe donc des conflits positifs, ce sont ceux qui permettent la confrontation d’idées, ce sont les conflits sociocognitifs. Ce type de conflits est à encourager car ils mettent en place des processus de pensée réflexive et communicative. Ils permettent de comprendre que le fait de ne pas être d’accord ne veut pas obligatoirement dire qu’on est ennemi, que la pensée de l’autre participe à la transformation de sa propre pensée et est donc source d’apprentissage. Il s’agit de remettre systématiquement l’élève en question sans qu’un modèle de réponse lui soit apporté, dans le but de mener à bien des réalisations de niveau cognitif supérieur à celui dont il se montre initialement capable et donc de prendre conscience de la nécessité de l’émergence de points de vue différents mais non hiérarchiques.

Les techniques pédagogiques évoquées plus haut travaillent sur le conflit sociocognitif.

b) Les situations conflictuelles
La société humaine est en elle-même génératrice de conflits : conflits d’ordre émotionnel, conflits d’ordre sentimentaux, conflits d’intérêts, conflits de génération etc…
Les enfants n’y échappent pas, il est donc normal qu’il existe des conflits à l’école que l’âge et l’impulsivité des enfants ne sont pas forcément en mesure de contrôler (les adultes en sont-ils eux même toujours capables ?)

La question est de savoir comment faire pour réguler les conflits de sorte que chacun des protagonistes en ressorte sans frustration mal vécue, en acceptant d’entendre ce que l’autre a à dire, en acceptant d’avoir eu tort et donc de proposer une réparation.

Il est donc question de faire en sorte que le conflit ne dégénère pas, et ne se transforme pas en violence, ou que la violence se transforme en parole.

2 - Qu’est-ce que réguler des conflits ?

a)    C’est d’abord éviter qu’ils ne surviennent en créant des conditions favorisant l’apaisement du groupe mais aussi de chaque individu :

-    Mettre en place des dispositifs permettant que les élèves soient en situation d’expression et de communication (coopération, créativité)
o    Dans la classe :
    organisation du travail :
•    règles de vie
•    mise en place d’ateliers de réflexion autour de la loi
•    place de la parole (temps de parole identifiés mais également dans les apprentissages : conseil, quoi de neuf, bilans, présentations, débats etc.
•    émergence de projets collectifs et/ou individuels avec retour au groupe classe et réappropriation par le groupe en termes d’apprentissages
•    travail en groupe
•    mise en place du texte libre (ex Mons : chaque en fant écrit un texte et Le lendemain, tous les enfants, dans chaque classe, avaient une feuille avec tous les textes tapés et cette reconnaissance comme celle de leur parole au Quoi de neuf, avait été déterminante dans l'apaisement de l'école

o    Dans l’école :
    Gestion des espaces communs
•    Elaboration de règles de vies communes à toutes les classes au regard de la convention internationale des droits de l’enfant (l’enfant est sujet de droits)
•    Elaboration des sanctions au regard des droits et des obligations (transgression d’une règle en traîne empêchement de l’exercice d’un droit pour le personne qui en est victime ou pour l’institution (dégradations matérielles par exemple)
•    Organisation de la cour de récréation (jeux etc…)
•    Mise en place d’un conseil de délégués
•    Mise en place de projets collectifs sur l’école : semaine thématique avec décloisonnement sur l’ensemble des classes avec si possible implication des enfants pour l’organisation allant du choix d’ateliers sur un panel construit par les enseignants à la proposition de contenus d’ateliers, voire à la gestion d’un atelier (troc de trucs, échanges de savoirs)

b)    C’est mettre en place des pratiques et des dispositifs institutionnels pour réguler et pour régler

- Les pratiques :
      -    Apprendre à se parler quand un conflit survient : technique du message clair.
      -    Etablir une règle lorsque le conflit n’est pas réglé par le message clair :
- demander de l’aide à un pair, à un adulte soit immédiatement, soit au retour en classe si cela s’est passé dans la cour, soit à un autre moment (à définir avec les élèves), soit en portant une plainte au conseil.

- Les dispositifs institutionnels
-        Mettre en place un dispositif institutionnel, un temps identifié où les enfants peuvent exposer une situation conflictuelle (conseil ou autre, ne relevant pas d’une mise en tribunal)
-    Etablir des règles pour se saisir de ce dispositif (par exemple, on ne porte en conseil qu’un conflit n’ayant pas pu être résolu autrement au moment où le conflit a surgit, c'est-à-dire : en discutant avec l’autre, en faisant appel à un pair, en faisant appel à un adulte.
-    Mettre en place des ateliers de pratiques de réflexion, de communication, d’éducation à là la non violence (étude de textes, d’albums sur le thème de l’amitié, mise en réseau de livres traitant de ce sujet, formation à la médiation, intervention de personnes extérieures….
-    Appliquer des sanctions cohérentes et respectueuses des droits. Les inclure dans le règlement intérieur de l’école.

3 - Ce que cela implique pour l’équipe
Une réflexion sur les valeurs communes, mais également sur ce qui différencie sur les membres de l’équipe. Recenser ce qu’il semble possible de mettre en place pour que tout le monde s’y retrouve.

-    Cohérence des pratiques :
o    Faire « bloc » par rapport aux enfants :
    ils doivent très vite intégrer le fait que la loi est la même pour tous, que tous les adultes de l’école en sont les garants, donc que ce sont eux qui autorisent afin de garantir leurs droits et leur sécurité (reconnaissance de l’autorité)
    que de ce fait ils peuvent s’adresser à n’importe lequel d’entre-eux pour régler un problème
    qu’ils obtiendront les mêmes réponses sur les transgressions.

o    Assurer un suivi régulier des institutions et des actions mises en place afin de s’assurer que toute l’équipe comprend bien la même chose et réajuster si besoin (exemple conseil de délégués/conseil des maîtres).

o    Mettre en place un type de fonctionnement du même ordre que celui de la classe en termes de circulation de la parole, de propositions et de gestions des projets collectifs, de respect de l’hétérogénéité des personnes. Tout est possible dans la mesure où il y a des bases communes (valeurs), et où chacun est d’accord pour revisiter ses propres pratiques et les faire évoluer.

o    Mettre en place le plus possible de temps de concertation pédagogique, c'est-à-dire organiser les conseils des maîtres et de cycle en fonction et favoriser des temps de préparation, voire de gestion de classe en commun, (échanges de pratiques, co-intervention sur des temps de PVP …..)

o    Se former dans les domaines des pédagogies alternatives dans un groupe de réflexion pour échanger, créer, coopérer

o    Co-formation, mise en commun des expériences de chacun

4 – Et les programmes dans tout ça ?

Tout ce qui vient d’être évoqué est présent dans le socle commun européen des connaissances, texte supérieurement hiérarchique aux programmes de chacun des pays concernés.

La question n’est donc pas de faire ou ne pas faire les programmes, ils existent et sont faits pour garantir l’égalité de formation des tous les élèves d’un même pays. En ce sens ils sont obligatoires, ce qui ne veut pas dire que chacun d’entre-nous n’a pas le droit à la liberté pédagogique.

La question est donc de réfléchir à comment mettre les programmes en œuvre pour qu’ils soient vraiment conformes au socle commun et que les élèves parviennent à un niveau de connaissance supérieur au minimum requis par le socle commun.

L’entrée dans le dispositif innovation par l’article 34 de la loi d’orientation de 2005 peut être un très bon garde fou.

5 -  Sur quels temps mettre en place des ateliers spécifiques de gestion des conflits ?

Nous avons fait le choix et nous l’avons clairement énoncé, de mener ce type d’ateliers sur le temps d’aide personnalisée. Ce temps est fait pour prévenir ou remédier à la difficulté scolaire. La violence étant un facteur d’échec scolaire, et l’échec scolaire pouvant générer de la violence, le temps d’aide perso donc peut être consacré à la mise en place de compétences sociales et civique pour reprendre un e terminologie officielle. ((pilier 6 et 7 du socle commun)

6 – Comment justifier les techniques évoquées au regard des programmes ?

-    Partir du postulat qu’en travaillant différemment on construira des apprentissages, de façon plus pertinents car ils s’inscriront dans une éducation prenant en compte l’enfant dans sa globalité.
-    Piliers 6 et 7 du socle commun pour tout ce qui concerne la coopération, l’estime de soi, l’autonomie

7 – Se lancer ?

Chacun peut le faire dans sa classe, à son rythme sans pour autant rentrer dans un projet innovant comme le notre, Cela peut être un objectif à terme mais ce n’est pas forcément par là qu’il faut commencer.

Tout ne peut pas être mis en place d’un seul coup. Choisir un angle d’entrée pour la classe, un pour l’école, le faire fonctionner et être à l’écoute des impacts sur le comportement des enfants, sur le fonctionnement de la classe sur d’autres pratiques inchangées, et également sur les enseignants.