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Un cahier de promenades à MONTAGNE ?

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Michel Duckit, GD 38.

Suite au stage de Molines, j’ai eu l’idée de proposer à ma classe de réaliser un « carnet de promenades ».
En 2008, nous avions déjà réalisé un jeu de cartes sur la région : le « jeu des 7 écoles ».
Il s’agissait de visiter les 7 communes qui envoient leurs élèves au même collège et de dessiner et présenter les lieux remarquables. Je propose d’en parler plus tard à ceux que ça intéresse.
Ainsi, ma proposition était inscrite dans une mémoire de l’école car plusieurs enfants connaissaient le « jeu des 7 écoles » par leurs grands frères ou sœurs.
MONTAGNE est une toute petite commune de 250 habitants aux confins de l’Isère et de la Drôme. Située à 450 m d’altitude, elle présente un paysage de collines avec, au sud, le Vercors et, à l’ouest, le Massif Central.
Mon école est intégrée dans un RPI ; elle ne comprend qu’une seule classe de cycle 3 avec 24 élèves.
Après avoir passé les affres de la rentrée, j’ai proposé le projet en réunion : réaliser un carnet de promenades qui permette de mieux connaître notre village. Ma contrainte : trouver les lettres de l’alphabet dans le paysage.
Une fois accepté, il aurait fallu s’organiser. Mais le désir de promenade était si fort que nous sommes sortis quelques jours après la rentrée. A l’issue de cette 1ère sortie, nous n’avions trouvé que 3 lettres mais évoqué les thèmes de la faune et de la flore, de l’agriculture et des associations du village.
C’est alors qu’un tableau d’organisation s’imposait.
La 2ème sortie (octobre) rapporte une dizaine de lettres (les regards deviennent plus aiguisés !) et d’autres thèmes : les paysages et les 3 plans, la noix, les limites de la commune et sa légende, les maisons.
Le tableau se remplit petit à petit ; les groupes de recherches se forment.
Comment trouver les renseignements ? Nous faisons une liste des questions que nous regroupons ensuite par thème. Des enfants proposent d’écrire au maire pour tout e qui concerne les habitants (nombre d’habitants, nombre d’agriculteurs, etc) ou les bâtiments (date de construction de l’école, de l’église, etc).
Pour diverses raisons, le travail de recherches avance très peu pendant les mois de décembre à mars. Nous nous concentrons sur les dessins des lettres, et notre intervenante en arts visuels apprend aux enfants à dessiner à travers un viseur.
Une 3ème sortie (avril) est nécessaire pour relancer le travail. Nous partons lire et dessiner le paysage.
Une 4ème sortie (mai) permet de voir ou revoir des points précis : la construction des maisons et une tombe particulière au cimetière.
Enfin, une 5ème et dernière sortie (juin) nous emmène dans une partie du village peu connue par la plupart des enfants.
Cette fois, j’avais confirmé le rendez-vous amorcé par Manon et Alexis avec les patrons de la seule industrie du village, ce qui nous permettait d’explorer une autre partie de la commune.
De retour en classe, il ne nous reste plus qu’à finaliser les textes restants, écrire des poèmes et affiner les mises en page.
Afin de varier les poèmes, j’ai demandé aux enfants de lister quels manières d’écrire la poésie ils connaissaient. Après un moment d’hésitation, toutes sortes d’idées sont venues. J’ai alors proposé de former des groupes de 2 ou 3 et d’essayer de démarrer un poème. Des propositions ont été gardées car elles ont inspiré certains enfants.
Parallèlement, des enfants ayant fini leur page ont proposé d’aider ceux qui peinaient sur les leurs. L’enjeu devenait collectif : finir le cahier de promenades avant la fin de l’année ! Chaque nouvelle page achevée provoquait un « hourra ».
Enfin, un jour, toutes les pages furent finies ! Et j’ai pu, pour aller plus vite, leur présenter quelques cahiers reliés. Ce sont les enfants eux-mêmes qui se sont chargé de relier les autres. Le dernier cahier fut terminé la veille des vacances : ouf ! Chaque enfant possédait le sien. Ils ont pu les montrer à la classe de CE1-CE2 qui est venue nous rendre visite ce jour-là.
De ce projet, les enfants ont gagné la joie et la fierté de montrer un joli travail. D’autant plus que le maire a décidé d’en faire imprimer d’autres afin de les distribuer dans le village : belle reconnaissance.
Je sais que les regards sont plus aiguisés : de nombreux parents m’ont avoué que, lors des promenades familiales, leurs enfants cherchaient des lettres dans le paysage. Certains enfants ont pris conscience que la rivière qu’ils traversent dans une commune voisine prend sa source chez nous. Ces exemples peuvent se multiplier.
Dans le groupe, nous nous sommes demandé ce qui relevait de la pédagogie Freinet dans ce type de travail.
Nous y avons trouvé de la coopération, de la création, de l’expression, de la dévolution. Il y manque peut-être du tâtonnement expérimental car l’activité ne s’y prêtait pas vraiment. Encore que … comment appelle-t-on la manière dont Jeanne et Roxane ont trouvé la longueur du ruisseau ?
Et la possibilité laissée à Charles de commencer et abandonner 2 thèmes avant d’aboutir sur un 3ème ?
Pour conclure, je citerai la question d’un petit garçon de CE1 qui va venir en CE2 dans ma classe : « Michel, on va faire un cahier de quoi, nous ? »