"L'art dans les chapelles " - Tableaux de tissus

Par Jacqueline Benais le 08/03/11 - 20:45

Tableaux de tissus

Classe maternelle, Ecole Les korrigans -Guern

Le premier jour de classe, je lis aux enfants "Le train des souris" de Haruo Yamashita et Kazuo Iwamura (éd. L'Ecole des Loisirs), album dont le thème est la rentrée. Comme ils apprécient l’histoire, notamment les chemins de fil de la Maman souris, dès le lendemain, je leur demande de faire, comme la maman souris, des chemins de fil.

Pour cela, je mets à leur disposition des fils de toutes sortes, des feuilles de taille, de couleur ou de texture diverses et de la colle blanche dans un petit pot avec une spatule, un par enfant. Je précise la technique : pour encoller le fil choisi, il faut le touiller dans le pot de colle, le ressortir et l'étaler sur une feuille choisie parmi celles proposées. C'est un peu difficile, les fils restent collés aux doigts ! Je pense alors à mes chutes de plastique couvre-livre adhésif que je garde depuis des années. Il suffit alors de poser les fils!
L'atelier, simple à mettre en œuvre, ne désemplit plus. Pour que le plastique ne roule pas, je replie deux bords sur la table comme un ourlet et j'appuie : la feuille colle à la table et rien ne bouge.

Aucun enfant n'a de projet figuratif pour le moment. Seule Albane commente la sienne : "J'ai fait beau comme un arc-en-ciel". Mais je retrouve dans ces réalisations spontanées des procédés artistiques éprouvés : l'accumulation, l'isolement, les algorithmes; nous le verbalisons avec les enfants lors de la présentation.

Comme ils travaillent « à la chaîne », nous mettons trois productions de côté pour l’artothèque du groupe départemental.

Fin septembre, nous visitons les chapelles de Cléguerec (La Trinité) et de Silfiac (St Laurent) et découvrons les assemblages de tissus de Marie-Josef Cart et les «envahironnements» de Yann Esnault réalisés à partir de tissus. En plus du travail de Marie Josef Cart, la chapelle de la Trinité est riche d'une statuaire très ancienne et très impressionnante, comme l'écorché qui porte sa peau qui suscite la parole des enfants. Dans cette chapelle, cohabitent des œuvres d'art d'époques très différentes.

C’est sur cet aspect que nous mettons l'accent à travers les tissus : il y a des tentures imprimées, des bannières richement brodées et des œuvres contemporaines réalisées par une dame « vivante »! Pour une fois!
Elle coud entre elles des pièces de récupération pour faire des sortes de patchworks camaïeux géants. Les pièces d'origine, morceaux de vêtements, d'uniformes, de bâches, neufs ou usés, donnent à chaque œuvre son cachet particulier.

Nous nous inspirons de son travail en collant toujours mais des tissus cette fois, récupérés, triés et découpés.

Yann Esnault, (cf des "balançoires") lui, trempe des morceaux de tissus dans de la cire chaude et colorée et en fait des suspensions magnifiques et joueuses, jubilatoires pour les enfants ! Tout le monde est tombé sous le charme. D'où l'envie de reproduire cette technique avec nos propres moyens à l'école. Et voilà le résultat! Une sorte de fil à linge qui compile nos essais...

Pris par d’autres projets, notre travail se met en sommeil.

La lecture d’autres albums le relance, notamment Le schmat doudou, un album de Muriel Bloch illustré par Joëlle Jolivet et édité par Syros, histoire d'un papi tailleur et de son petit-fils pour lequel il coud une magnifique couverture de naissance qui deviendra doudou inséparable puis veste, puis cravate, puis mouchoir puis bouton au fur et à mesure de son usure et de la croissance de l’enfant.
L’album les touche beaucoup.