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Comment rater son démarrage en pédagogie Freinet ?

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Comment rater son démarrage

 

en pédagogie Freinet ?

 

 

Il n’y a pas qu’une voie pour cheminer en pédagogie Freinet et il y en a également plusieurs pour s’en éloigner. Un démarrage malencontreux entraine parfois sur des pentes difficiles à remonter puis dans des impasses qu’il est possible d’éviter au départ.

 

Partir sur les chapeaux de roues

Si vous êtes en train de lire ces mots, c’est que vous êtes soucieux-se de trouver ce qui pourrait améliorer un travail qui vous intéresse. Vous êtes peut-être même enthousiaste. Plein-e de cet élan vers l’idéal, vous désirez ardemment bouleverser votre façon de procéder et voir enfin coïncider désir et réalité.

Si vous mettez en place un changement dans votre classe, il est urgent de ralentir. Modifiez un élément modeste, facile à observer et prenez le temps de l’expérimenter. Cela vous obligera à dépasser le plus calmement possible les moments que vous jugerez d’abord médiocres voire carrément désastreux, en vous accrochant obstinément à l’élément modifié sur une durée suffisante pour vous éloigner du point de départ, regarder en arrière et considérer le chemin parcouru. 

▶ Voir quelques témoignages de démarrages

 

Partir en tête de peloton

Vous êtes enthousiaste, disions-nous et peut-être même sûr-e de vous. Vous sentez combien tout repose sur vos forces vives et misez sur votre énergie singulière pour remuer le ciel et la terre de votre monde entre les murs de la classe où vous avez l’habitude de décider seul-e de l’ordre des choses. Or si les choses se passent bien, vous aurez besoin de décupler le plaisir en le partageant, et si jamais les choses se passent moins bien, vous aurez besoin de questionner la situation de travail en vous décentrant : lorsqu’on est en train d’apprendre, on n’est jamais seul. Ce qui vaut pour un élève vaut également pour l’enseignant : la réalité du travail dépend de notre capacité à le partager. 

▶ Voir le groupe de travail le plus proche de chez vous

 

Miser sur un véhicule dernier cri

À notre époque épique, les techniques ont la cote. L’abondance est telle qu’on clique et qu’on troque sans cesse sur le grand marché de la pédagogie innovante.

Sans parler de l’intérêt hautement lucratif de la mise en concurrence des pratiques, il faut noter qu’on innove souvent par ignorance. Depuis des décennies, la recherche en pédagogie Freinet a construit obstinément des connaissances qu’il faut reconnaître comme une source légitime ; la pédagogie Freinet est elle-même héritière de siècles d’une quête émancipatrice.

Si ce site est consulté comme un réservoir de trucs et de procédés dans lequel puiser, ce sera perdre de vue la visée première de la pédagogie Freinet : pour nous, il s’agit moins d’innover que de donner sens à notre travail, dans une tension humaniste.

 

Confondre l’horizon avec la ligne d’arrivée

Chaque enseignant se sent responsable du progrès de ses élèves. Ce souci légitime s’amplifie lorsqu’on essaie d’agir librement sur ses pratiques. On se questionne sur ce qu’on estime un progrès et sur les moyens de l’obtenir. Il y a par contre grande nécessité à distinguer l’exigence de progrès et celle de résultats.

Le discours sur la réussite qui est formulé par l’institution s’adresse aux enseignants avec les moyens et les fins qu’elle juge adéquats.

Il n’y a aucune raison pour qu’une personne qui expérimente en pédagogie soit plus sollicitée par cette question de la réussite, qu’une personne qui refuse de s’engager dans une démarche expérimentale.

 

Vous ne trouverez pas ici de recette miracle. Vous trouverez ici des moyens pour vous sentir authentiquement au travail avec les élèves, pour questionner ensemble la valeur du travail produit dans la classe et y prendre du plaisir.