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logo ressource btn Les O.G.M. et l'agriculture

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Dans :  Sciences et Techno › 
Décembre 2004

Les "Organismes Génétiquement Modifiés" : une menace pour la société et l'environnement ?

Un OGM est défini comme un organisme vivant, microbe, plante ou animal, ayant subi une modification non naturelle de ses caractéristiques génétiques initiales, par ajout, suppression ou remplacement d'au moins un gène appelé transgène.

En agronomie

- 71 % des OGM correspondent à une plante résistant à un herbicide (par exemple le soja, résistant au «round up» qui détruit toutes les autres plantes concurrentes),
-28 % à une plante insecticide (par exemple le maïs bt dont les cellules modifiées sécrètent une substance toxique pour une chenille destructrice: la pyrale).

L'utilisation des OGM en agriculture pose trois questions qui ne sont actuellement pas résolues:

- l'impact sur la santé: l'ingestion de produits contenant des OGM ou des produits issus des OGM crée une incertitude sur la présence d'une substance indésirable qui pourrait entraîner une réaction allergique;
- l'impact sur l'environnement: le pollen est le vecteur privilégié de la dissémination des gènes végétaux; le transgène présent dans le pollen peut être transmis par fécondation à des plants avoisinants cultivés ou sauvages et qui deviendraient des plants modifiés par exemple résistants à un herbicide;
- l'impact sur l'autonomie des paysans: les entreprises de semences comme Monsanto et Novattis imposent leurs produits génétiquement modifiés à l'exclusion de tout autre.

L'agriculture industrielle ne refuse pas d'utiliser ce qu'on appelle les organismes génétiquement modifiés. C
es OGM, utilisés aux États-Unis, introduits dans la plupart des pays du Sud, contenus dans des aliments exportés, importés, ont fait jusqu'en juillet 2004 l'objet d'un moratoire* en Europe, parce que la recherche fondamentale ne donne pas de résultats convaincants à leur sujet.

 * moratoire: décision légale qui suspend provisoirement l'exécution de certaines prises de position.
 

Les enjeux de ce moratoire «qui ne fut pas reconduit» sont loin d'être expliqués clairement aux citoyens européens: il n'y a pas eu de véritable débat à leur sujet.
Très globalement, on sait

- que les défenseurs des OGM disent être pour le «progrès», la «croissance» et le développement des biotechnologies pour nourrir l'humanité…,
- et que les opposants dénoncent les conséquences de l'utilisation des OGM en agriculture sur l'environnement, la santé, la société, où elle ne peut que renforcer la logique productiviste.     

En Europe, un moratoire sur les OGM avait été imposé à cause:

-du principe de précaution: ils constituent une perturbation irréversible de l'environnement;
-des questions éthiques et morales: brevetage du vivant et mélange, transgression des espèces.

Une législation concernant l'étiquetage (qui doit être un gage d'innocuité), et la traçabilité, était en voie d'être établie.
Les OGM étant perçus comme les produits d'une certaine société et de sa logique du profit immédiat, les consommateurs demandent plus de garanties: étiquetages, traçabilité, transparence, expérimentation systématique sur les mammifères…
Le moratoire fut levé en Europe en juillet 2004.

 

«Les manipulations génétiques ont été présentées comme une véritable avancée scientifique qui allait permettre, par le transfert des gènes, de révolutionner l'amélioration génétique en agriculture, d'améliorer la qualité des produits, de réduire l'utilisation des pesticides, de vaincre la faim dans les pays pauvres, et aussi de soigner les maladies génétiques.
 […] On nous a dit que c'était pour les pays pauvres, et l'essentiel concerne la production d'aliments pour le bétail des pays riches
En ce qui concerne la thérapie génique dans laquelle on a pu fonder des espoir le bilan est plutôt négatif : elle est dans une impasse malgré les soutiens financier importants qui ont été collectés...
Je suis passionné par le génie génétique mais malheureusement on a voulu en faire trop rapidement une utilisation commerciale, sans beaucoup de contrôle, d'exigence… L'utilisation du génie génétique doit être maîtrisée avec l'évaluation de effets sur la santé et l'environnement
…»

Extraits de l'interview de Gilles-Éric Séralin professeur-chercheur en biologie moléculaire par Yves Griot,
Président de Cohérence, parue dans la lettre de R.A.D. (Réseau Agriculture Durable) de juillet 200,

Depuis 2002, les interventions de fauchage sur les cultures expérimentales de plant transgéniques en plein champ se multiplient. Des villages, des régions se proclament anti-OGM.
     
L'opinion publique commence à s'inquiéter de ces essais en dehors des laboratoires. Déjà aux États-Unis, de nombreux essais ont largement démontré que les plantes transgéniques transmettent leurs gènes à d'autres plantes

«Et les plantes fourragères génétiquement manipulées posent déjà un réel problème de sécurité alimentaire2 en constante progression en raison des pesticide dont elles sont imprégnées (elles sécrètent un insecticide ou/et peuvent concentrer les herbicides totaux sans en mourir).» (Dr Lylian Le Goff).

2- Sécurité alimentaire.
Cette notion recouvre deux acceptions.
Pour une grande part de l'humanité, la sécurité alimentaire, est toujours synonyme de la recherche de la couverture quantitative et qualitative des besoins alimentaires en alimentation et eau.
Pour le reste, dans les pays
pays développés, à l'abri de la pénurie, de la malnutrition, elle désigne la sécurité sanitaire des productions destinées à l'alimentation humaine.


 L'État français considère les actions anti-OGM comme illégales, et punies d'amendés et de prison.

Qu'en pensez-vous?
Ne peut-on voir dans ces actions individuelles des actes de «désobéissance civile» tels que le prônèrent Gandhi et d'autres à sa suite? «La désobéissance civile» comme arme politique?
Une recherche de votre part sur les OGM pourrait alimenter le débat sur le site des classes.
Parmi les diverses publications sur ce sujet, l'ouvrage de Gilles Éric Séralini, professeur des universités de Caen, OGM le vrai débat (collection Domino), paraît incontournable.
    
Remarque: le 30 septembre 2004 eut lieu dans le Puy-de-Dôme une première mobilisation pour les essais OGM, organisée par trente agriculteurs et chercheurs, soutenue par la société BIOGEMMA, spécialisée en biotechnologie et financée par des semainiers français et des filières céréalière.
(à consuter : Ouest-France, 1er octobre 2004).

 
 

 

Documentaire téléchargeable : BT2N74 "L'agriculture autrement ?"

Pages documentaires en relation    

Principes d'une agriculture «durable»
L’agriculture "classique" et le productivisme
Les dégâts liés à une agriculture "industrielle"
L’agriculture biologique

Source : 
BT2N n° 74 L'Agriculture autrement? (décembre 2004)