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EF267_Expression libre

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Revue en ligne CréAtions n° 267 "Millefeuilles de pratiques artistiques"
annoncée dans Éduc' Freinet n°267 - Publication : avril 2024

Classe multi-âges - École maternelle des Bords de Garonne, Saint-Louis-de-Montferrand (Gironde) -
E
nseignante : Valérie Pigeyre

 

 

Expression libre

 

Dans ma classe de PS-MS-GS, tous les matins, hormis les jours de sortie, l’atelier peinture est ouvert. Un grand chevalet est installé dans le couloir en face de la porte de la classe et une table est aussi disponible suivant les jours, non loin de là.

À ma demande ou celle du groupe, l’Atsem* prépare différents formats de papiers (le grammage sera adapté aux médiums choisis). Le dispositif proposé est le même tout au long de la semaine : nous prévoyons souvent des peintures sous forme liquide, des contenants remplis de couleurs choisies ou non (en fonction de nos projets ou des techniques proposées), des outils différents sont à disposition des enfants (pinceaux plus ou moins épais, brosses plates ou à pocher, rouleaux, éléments variés permettant des empreintes…), chacun∙e peut aussi demander quelque chose qui n’aurait pas encore été sorti.

Lors de la séance du matin, les enfants s’affairent seul∙es ou à plusieurs et peuvent, si elles et ils le souhaitent, demander une autre feuille pour une nouvelle production. À la fin de l’atelier, les peintures sont installées sur un séchoir.

Le lendemain matin, lors de la réunion coopérative, les président∙es récupèrent les peintures de la veille et les présentent une à une à leurs auteur∙es.

 

Chacun∙e peut alors se positionner :
- La peinture est terminée, sera-t-elle encadrée d’un trait noir épais pour un affichage dans le couloir ?

 

- La production peut servir de fond pour la mise en valeur d’un motif graphique ou d’un travail d’écriture ou de mathématiques, d’une construction. Pour certains enfants qui sont dans un engagement récurrent à l’atelier constructions par exemple, cette peinture permettra de valoriser l’aboutissement de leur travail dont les éléments pourront être rangés puisque nous en garderons la trace par photographie. Pour les petit∙es qui ont encore des difficultés à se projeter, c’est également une voie de valorisation accessible et rapide, qui les engage dans l’envie de partager et d’exposer.

- L’enfant décide de poursuivre son travail avec une deuxième session de peinture : si la couleur utilisée en première séance est très dense, on peut proposer de peindre par-dessus avec une couleur unique et neutre.
 - L' auteure décide de continuer en peinture, différents outils sont alors possibles : sticks de gouaches, stylos bille, crayons de couleurs, craies grasses ou pastels secs…

- La production est poursuivie par une session de dessin.

- L’enfant souhaite compléter sa production à l’atelier « papier » où il pourra procéder à du collage, du découpage, du pliage, du piquage…

 

Lorsque l’auteur∙e est satisfait∙e de sa production, après premier jet ou prolongement, elle ou il y appose son prénom ou son étiquette et elle-il va l’accrocher sur le tableau avec des aimants où elle sera commentée et expliquée au moment des présentations.
Lorsque 
l’enfant s'est fortement investi ou lorsque la production présente une particularité, je l'encadre d’un trait noir épais et l'accroche dans le couloir dans son espace d'exposition au-dessus des portemanteaux.
Je veille avec l’Atsem à ce que chaque enfant passe au moins une fois par semaine à l’atelier peinture pour lui permettre d’avoir un support à exploiter ou un fond pour valoriser un autre projet.
Je m’assure chaque semaine de l’avancée des travaux individuels afin de permettre à chacun
∙e de renouveler régulièrement la production exposée dans le couloir où passent les familles.

  
 

Dans notre dispositif d’arts plastiques, les enfants ont aussi accès à l’atelier dessin et à l’atelier « papier ». Ce dernier offre différentes possibilités de découpage et/ou de collage entre autres… Sont à disposition des enfants pour des créations libres et singulières :
        - différents formats de feuilles blanches, noires, couleurs ou kraft ;
        - une boîte de chutes de papiers unis, toutes couleurs ;
        - une boîte avec des chutes de papiers à motifs ou de fonds de peinture soit non reconnues par les auteur
∙es, soit dont la plus grosse partie a déjà servi dans un autre projet ;
        - une boîte de gommettes de tailles, couleurs et formes différentes ;       
        - une boîte de mini maïs soufflés de couleurs ;
        - des poinçons et tapis pour le piquage ;
        - des gabarits et pochoirs pour tracer avant la découpe ;
        - différents ciseaux d’apprentissages et des ciseaux cranteurs, des perforatrices à formes…;
        - des bandes de papier couleurs ultra fines de quilling ou "paperolles" avec tiges à  "spiraler".

 

Léana s’est saisie des bandes noires de papier utilisables pour le quilling pour composer un collage sur papier blanc, s’autorisant à "sortir" du cadre. Les bandes ont été utilisées raides à l’exception d’une seule que Léana avait décidé de plier. Une mise en valeur a été décidée ensemble : la production a été collée sur un fond kraft encadré d’un trait noir.

 
Ce jeudi-là, Eydann, 4 ans, passionné de camions et de véhicules en tous genres s’inscrit à la peinture peu de temps avant la fin des ateliers. Le temps de s’équiper d’un tablier, il entend déjà la cloche qui sonne le rangement. Décidé à ne pas abandonner son projet, il se hâte de faire glisser le pinceau d’encre bleue sur la feuille dans un geste imprécis et dispersé.
Il ne cherche pas à déborder sur le temps car il a un autre travail qu’il veut montrer aux copains lors des présentations, alors il met sa feuille à sécher et va se laver les mains.

Le lundi matin (pas d’atelier le vendredi puisque nous sortons), lors de la réunion coopérative, les présidents l’interrogent sur la suite de son travail mais Eydann a perdu son élan pour la peinture et décide de s’inscrire à l’atelier dessin. Comme à son habitude il va représenter des véhicules, équipé de gros crayons de couleurs. Il représente également les couleurs de l’arc-en-ciel et demandera enfin à repasser à la peinture pour y tracer son magnifique soleil.

Quel réinvestissement sur cette peinture à peine ébauchée : se saisir des quelques touches de couleurs et les sublimer par quelques traits de crayon !

À la rentrée de septembre, Eydann, inscrit au dessin, nous présente un avion tracé aux sticks de gouache. Celui-ci servira d’illustration dans son petit cahier d’écriture et sera également l’occasion de partager son savoir-faire avec quelques copains moins habiles.

  

 

*Atsem : agent territorial spécialisé des écoles maternelles

 

  

 

Millefeuilles de pratiques artistiques