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Compte rendu de la réunion du 15 janvier dans la classe de Nicolas à Château-Renault

Réunion du samedi 15 janvier, classe de Nicolas à Château-Renault.

Présents : Nicolas, Yves, Morgane, Sandra, Yoann, Ismaël, Marie, Audrey, Émeline, Manon, Joëlle, Mickaël (du GD18), Maïté.

Après un rapide tour de table, nous avons laissé la parole à Nicolas afin qu'il nous présente sa classe de CE1-CE2.

Sa présentation est axée sur le thème du jour, le plan de travail.

Fonctionnement du plan de travail dans sa classe : Le temps de travail sur le plan de travail est noté à l'emploi du temps tous les jours. Cependant, ce temps est réalisé uniquement s'il n'y a pas d'autres projets qui s'annoncent (journal, réalisation d’objets pour une vente, animation, accueil d’un adulte...). Le but de la pédagogie Freinet étant de partir des projets et apports des élèves, Nicolas garde de la souplesse avec son emploi du temps.

Organisation du plan de travail dans la classe : Sur le conseil d'Yves, Nicolas a mis en place un tableau à double entrées permettant de gérer le temps de plan de travail avec les élèves. Avant chaque temps de plan de travail, Nicolas fait un point avec la classe sur « qui fait quoi ? ». En rouge, le travail qui est prioritaire, car il aurait dû être terminé lors de PdT précédant, en bleu, les activités du nouveau PdT.

Ensuite, Nicolas navigue dans la classe pour être à disposition des élèves.

Chaque élève possède la trame de son plan de travail dans une pochette dédiée. Il commence par choisir seul les activités qu’il mènera dans son prochain plan de travail puis, lors d’un rendez-vous avec le maître, ces activités sont discutés et notées au tableau de travail sur le plan :

Nicolas vérifie les travaux de l'ensemble des pochettes et les range dans le classeur en fin de période de plan (environ 15 jours), cela lui prend une demi-journée. Les élèves ont un livret d'évaluation pour suivre leurs progressions :

Nicolas a dans son livret des tableaux dans lesquels il évalue les compétences de ses élèves lors des présentations et des Quoi de neuf ?

Explication du projet « chantier » :

« Le chantier » est d'une zone boisée près de l'école dans laquelle la classe se rend au moins une fois par semaine. Historique du projet : Lors du stage du GD au Louroux début juillet, Damien, de l'OCCE, était intervenu pour présenter, entre autres, les aires éducatives. Nicolas en a discuté avec Baptiste de la LPO et Nicolas s'est lancé dans le montage du projet. Il s'agit d'un projet sur 2 ans : 10 interventions LPO, des interventions du syndicat de la Brenne, de l’OFB, du syndicat de pêche...

L’objectif de ce travail est de mener une réflexion sur le devenir de cet espace et de le préserver écologiquement en utilisant les ressources que les élèves ont à leur disposition.

Les activités avec les élèves sur le chantier : musique, arts visuels, mesures maths, fouilles…

Cette année, le Quoi de neuf ? est quotidien. Lorsqu'un élève fait son Quoi de neuf ? , il peut y avoir éventuellement des recherches liées. La rédaction du texte en collectif suit, puis les élèves le recopient dans le cahier de vie. Dans la plupart des cas, ce travail est suivi d'un tri de mots (classer les mots selon leur nature : nom, verbe...).

Présentation des fiches de l'ICEM, qui sont auto-correctives. Les élèves prennent une fiche, travaillent sur une feuille de classeur, qui se trouve dans la pochette de plan de travail, se corrigent. Nicolas range ensuite leur travail.

Devoirs : Nicolas ne donne aucun devoir écrit en respect de la législation en vigueur depuis 1956. Il prévient les parents en début d'année. Au début certains parents se plaignaient mais maintenant c’est bien accepté même si la contrepartie est qu’il est considéré comme « le maître qui ne donne pas de devoirs ». Nicolas invite les élèves à aller sur le blog de la classe pour relire le journal quotidien qui contient les travaux du jour. Ils doivent également relire les traces écrites rédigées en classe (souvent lors de découvertes du Quoi de neuf ?).

Thème de réflexion de la réunion : le plan de travail.

L'organisation du plan de travail soulève plusieurs questions :

- Celle du temps de correction des fiches par l'enseignant,

- Celle de la durée des entretiens individuels,

- Celle du moment où il est possible de laisser les élèves en autonomie sur le plan de travail,

- Celle des fiches auto-correctives ,

- Celle du tutorat lors de ces moments de travail.

Yoann explique qu'il vient de tester l'organisation en plan de travail à Sainte-Maure (l'organisation en modules étant suspendue, l'équipe de Sainte-Maure se laisse la période pour tester différentes organisations). Il a très rapidement remarqué une évolution très positive des élèves dans la gestion de leur travail, leur autonomie et leur implication. La durée des entretiens de fin de plan de travail lui pose question, car même si la classe peut-être en autonomie sur ce temps, il n'est guère possible d'accorder plus de 2 ou 3 minutes par élève, ce qui est parfois trop rapide.

Sandra présente sa nouvelle formule de plan de travail. Elle est très heureuse d’avoir repris le plan de travail car cette année sa classe est une ruche bourdonnante des activités des élèves. Elle a créé des fiches de travail en français et en maths dans l'esprit de P'tidapi. Ce sont des fiches d'exercices qui permettent de proposer aux élèves des exercices sur toutes les compétences de leur année scolaire. Des fiches tests sont incluses pour faire avancer ou pour retravailler les notions si besoin.

Sandra est satisfaite de cet outil, car malgré le grand nombre d'élèves qu'elle a cette année, il lui semble qu'elle les suit au plus près de leurs acquisitions et qu'elle peut tous les aider dans leur progression. L’inconvénient qu'elle soulève est le temps de correction : 3 heures chaque soir sont nécessaires à la correction individuelle des fiches qui est liée à un cahier d'évaluation où elle note les réussites et les difficultés de chacun.

Nicolas montre au groupe les fiches auto-correctives de l'ICEM, qu'il a en EDL, lecture et maths. Les élèves ont dans leur plan de travail les numéros des fiches qu'ils vont travailler, ces fiches peuvent être négociées avec l'enseignant.

Sandra dit ne pas réussir à travailler avec les fiches auto-correctives, certains élèves ne sachant pas travailler avec (les exercices sont survolés, les autocorrections ne font pas sens), les évaluations sont donc échouées. Le tutorat est donc soulevé : un élève tuteur pourrait donc aider lors des moments d'autocorrections ? La grande majorité des élèves n’ayant aucun problème à travailler avec ces fiches peut-être cibler une aide sur les quelques élèves qui ont des difficultés et laisser les autres travailler tranquillement.

Joëlle ne voit pas l'intérêt des corrections faites hors de la présence des élèves. Y a t-il besoin d'autant de corrections ?

Yoann regarde rapidement les fiches auto-corrigées pour vérifier la bonne compréhension ou non des notions.

Audrey (PS-MS-GS) a construit un plan de travail dans un porte-vues avec les photos des ateliers à réaliser pendant l'année. Cependant, un élève ne sera pas incité à réaliser un atelier si elle juge qu'il possède déjà les compétences pour le réussir.

Yves met en garde sur l'utilisation des fiches, qui ne doivent pas être un but de travail, dans ce cas, nous serions dans la pédagogie institutionnelle et non dans l'esprit Freinet.

Autre sujet de réflexion : le Collège des Compagnons.

Il s'agit d'un groupe de personnes appartenant au mouvement Freinet qui se pose des questions sur d'éventuelles dérives du mouvement Freinet au fil des décennies.

Le Collège souhaiterait être garant de la pédagogie Freinet en proposant à des Compagnons de former des collègues en pédagogie Freinet afin d'éviter ces dérives.

La discussion se fait donc sur le nécessité ou non de ce Collège. Doit-on être étiqueté Freinet pour enseigner en Freinet ? Ne peut-on pas mêler Freinet et pédagogie Institutionnelle ? L'évolution de la société impliquant une évolution des pratiques, qui peut être garant de cet esprit Freinet ?

Dans les GD, la formation en pédagogie Freinet se fait grâce aux partages de réflexions et d'expériences, y-a-t-il besoin de Compagnons pour indiquer la marche à suivre ? Cela ressemblerait à la pédagogie institutionnelle et aux conseillers pédagogiques.

Rappel de l'esprit émancipateur recherché par la pédagogie Freinet. Une justification est tentée à cette proposition de Collège des Compagnons : l’école étant récupérée par des grands groupes marchands (presse, matériel pédagogiques, formations payantes...), peut-être faut-il rester vigilants afin d'éviter la commercialisation de la pédagogie Freinet comme on peut le voir autour de Montessori ou de l'école dehors.

Déclaration :

Le GD37 de l’ICEM – Pédagogie Freinet a évoqué la déclaration du collège des compagnons lors de sa réunion du 15 janvier 2022. La discussion a permis de dégager un accord sur plusieurs points.

- Les motivations des « compagnons » sont louables : s’assurer de la pérennité de la pédagogie Freinet, traversée par un certain nombre de courants qui peuvent parfois en dénaturer le projet initial et remettre au centre ce qui en est la substance : émancipation des enfants, transformation de la société, primauté de la méthode naturelle.

- Le constat des compagnons est fondé : l’école est aujourd’hui une marchandise dans laquelle tout peut se monnayer, les méthodes pédagogiques « alternatives » sont un fourre-tout qui n’a pas de point commun avec la pédagogie Freinet qui ne se réclame pas d’un quelconque outil, d’une quelconque méthode mais d’un projet émancipateur.

- Mais pour une large majorité des participants à notre réunion, la position du collège des compagnons est intenable dans le fait de se prévaloir (ou plus justement de se post-valoir) d’une légitimité à décider de ce qui est « orthodoxe » ou non. Cela semble aller à l’encontre de l’ICEM et de l’esprit de la pédagogie Freinet qui, a la différence de l’institution Éducation Nationale par exemple, est horizontale dans son fonctionnement.

Les membres du GD37 réunis le 15 janvier pensent très majoritairement que les militants de la pédagogie Freinet cheminent avec les camarades qu’ils se choisissent et ne pensent pas qu’un rapport d’autorité soit souhaitable dans les relations librement consenties actuelles qui feraient de certains camarades un équivalent de conseillers pédagogiques.

Prochain RDV du GD37 : le 5 mars à Saint-Ouen-les-Vignes dans la classe de Maïté