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Le parcours de Lucile

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Revue en ligne CréAtions n° 255 "Déclench'art"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°255 - Publication décembre 2021

Collège Cobergher de Bergues (Nord) - Enseignant : Hervé Nuňez

 


Le parcours de Lucile 

Le collège de Bergues est un collège semi-rural de la Flandre française.
Lucile est une élève qui est entrée en 6ème en septembre 2018, aujourd’hui en 3ème.
Elle baigne dans un milieu socio-culturel plutôt favorable. C’est une élève qui n’a pas de problèmes scolaires, c’est même une des meilleures élèves de sa classe, une élève
"sérieuse" dans toutes les matières.
L’école est "faite pour elle", elle trouvera facilement son orientation, elle participera plus tard à la vie collective et utilisera pleinement les ressources de la culture pour parfaire sa vie d’adulte.


Sujet 6ème : Mon prénom en images

"Le socle commun des apprentissages" et les "programmes" en arts plastiques jusqu’à la pédagogie préconisée (active) permettent à l’élève d’avoir sa place et de construire avec bénéfice un parcours personnalisé émancipateur.


 Qu’est-ce que la pratique de l’expression libre peut apporter "en plus" à Lucile ?

Pour Gérard Sensevy* "ce qui nous préoccupe, dans l’enseignement que délivre l’école classique, c’est que les élèves répondent à des questions qu’ils ne se sont pas posées. Il faudrait que les élèves commencent par se poser des questions et y répondent ensuite."
L’injonction, la "demande" du professeur même "ouvertes" ne permettent pas aux élèves de se confronter aux questions qu’ils se posent, elles ne permettent pas non plus de les mettre en relation avec ce qui est le plus important pour comprendre la démarche artistique : le processus créateur ou seulement dans certains de ces aspects.

 

Sujet 3ème : Être ou ne pas être

 

Dans l’approche générale dite de "pensée créative"  de Graham Wallas (1858-1932), il y aurait quatre phases : la préparation, l’incubation, l’illumination, la vérification. Dans l’approche plus spécifique des processus d’élaboration de l’œuvre chez les artistes de Didier Anzieu** (approche psychanalytique), il y en aurait cinq.
On peut dire que l’école maîtrise plus ou moins les trois dernières : "codifier une idée, lui donner forme, l’évaluer". La vérification se limite souvent à un contact avec le professeur, contact d’évaluation. La production est parfois présentée à l’oral, rarement exposée dans la classe, encore moins "donnée à voir" à l’extérieur et elle n'est presque jamais soumise à la brochure ou à l’édition.

"L’expression libre" telle qu’elle est définie par Élise et Célestin Freinet n’est pas un "laisser faire". Elle permet à l’élève de se poser ses propres questions et d’y répondre en faisant "œuvre" : "Comme pour les autres disciplines scolaires, pour développer les compétences
artistiques, accéder aux concepts, il faut pratiquer les arts de manière exploratoire, comme pour l’apprentissage naturel de la marche ou de la parole." disait Célestin Freinet.

 

  Déclencheur 4ème Formes géométriques : C'est tout moi.

* Œuvre et question-problème.
"Une œuvre est toujours censée répondre à une série de questions. Les humains agissent, rencontrent des problèmes, fabriquent des œuvres pour répondre aux questions qu’ils se posent. Ce qui nous préoccupe, dans l’enseignement que délivre l’école classique, c’est que les élèves répondent à des questions qu’ils ne se sont pas posées. Il faudrait que les élèves commencent par se poser des questions, et y répondent ensuite. Cependant, on n’est pas sûr pour autant que les questions qu’ils se poseront vont rejoindre la culture générique. À quelles questions répond une œuvre ? On a perdu les "raisons d’être" des œuvres, on ne comprend plus la nécessité de les transmettre ou de les connaître : on transforme trop vite les œuvres en objets d’enseignement, et on perd de vue leur caractère d’outil. Il faudrait donc réfléchir à la manière d’amener les élèves à reconstruire le milieu qui a permis l’émergence de telle ou telle œuvre. C’est une manière transposée de rencontrer la culture."
 

Gérard Sensevy Professeur des universités en Sciences de l’éducation IUFM de Rennes - In "deuxième partie de l’intervention de Gérard Sensevy, lors du séminaire de didactique organisé par le secteur Art et Créations de l’ICEM" Le nouvel éducateur n° 142, octobre 2002.


** Didier Anzieu, psychanalyste "Le corps de l’œuvre", nrf. 1981

  

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