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S'en sortir Sans sortir

Titouan m’envoie un mail pour m’annoncer son projet : « Mon objectif est d’exprimer un conseil aux Français qui ne respectent pas les règles. Je vais faire une image avec des objets naturels. ».

Je lui réponds que j’attends un conseil qui soit « un point de vue de sa part » sur le confinement, sur les règles : « Déjà, d’utiliser des objets c’est très bien. Tu peux utiliser l’humour ou délivrer un message en faisant une parodie… ».

Il m'envoie sa fiche projet, accompagnée de sa production, en gardant son objectif mais en ayant ajouté un titre « S’en sortir Sans sortir ».

Je lui dis alors « Tu ne donnes pas de conseil, tu leur dis ce qu’ils peuvent faire pendant le confinement au lieu de s’ennuyer… N’est-ce pas cela ? ».
Comme il ne répond pas directement à mes questions, ne réécrit pas son objectif, sa seule réponse ayant été d’ajouter le titre dans sa fiche projet, je prends l’initiative de trouver une suggestion plus adaptée à son travail.
Je lui propose alors de demander au Principal Adjoint de mettre son projet sur le site du collège pour « aider » ceux qui s’ennuient pendant le confinement.
Et je lui demande si le titre est de lui.
Il me répond qu’il a vu cette phrase quelque part mais il ne sait pas où…
Je retrouve l’auteur à la suite de la demande du secteur Arts et CréAtions et Titouan fait la recherche sur l’auteur pour accompagner sa production.


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La recherche de Titouan

« Ghérasim Luca est un poète roumain. Il est né à Bucarest en 1913.
Ce poète est l’auteur de la citation : « s’en sortir sans sortir » qui correspond totalement à notre époque. Nous sommes en confinement donc on ne sort pas ou très peu.

Ce poète roumain aime beaucoup jouer avec la langue française.
« Comment s’en sortir sans sortir » est aussi le titre d’une performance télévisuelle réalisée par Ghérasim Luca en 1988. Dans cette performance il lit lui-même devant les caméras huit extraits de son œuvre.
En 1994 il a mis fin à ses jours en sautant d’un pont au-dessus de la Seine à Paris. »

Dans sa fiche projet, il dit qu’il a fait une image. Je lui signifie que les photographies sont les traces de son travail, que l’œuvre est son action et que l’on appelle son acte une « installation ».


 

Dans son bilan, il se dit « fier car j’ai un bon slogan, j’ai utilisé les éléments de la nature. J’ai appris ce qu’est le land art et ce qu’est une installation ».
Il donne un mot-clé « Land art » pour sa recherche mais qui ne lui sert pas puisqu’il recherche l’origine de la phrase empruntée.
Il dit enfin qu’il pourrait aussi écrire (dans une prochaine production éventuelle) « restez chez vous » ou alors faire une image de virus en Land art.

 

J’aurais pu l’amener à se questionner sur le paradoxe d’écrire une phrase de ce type et de se suicider mais le manque de relation directe avec Titouan dû au confinement m’a incité à de la retenue.
Sa recherche n’est pas terminée, il a fait un premier jet. Je ne pense pas lui demander d’aller plus loin, c’est déjà très bien qu’il ait cherché la source de son emprunt. Je lui montrerai au retour en classe le travail d’artistes qui ont eux aussi écrit des slogans qu’ils ont mis dans des expos comme Haim Steinbach « on vend du vent », Ben ou même le graffiti « s’en sortir sans sortir ». 

 

   "Le Millefeuilles cultive sa diversité" 
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