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"Ne voyagez pas comme des valises, ouvrez vos yeux pour lire le monde"

Novembre 2006

L’étude de la géographie ne peut se réduire à des leçons tirées du manuel, ni même à des recherches documentaires décidées par le maître, dont le premier objectif est de faire le programme. Faire entrer la vie dans l’école, s’intéresser au milieu local, prendre le temps d’observer l’environnement proche, restent trop souvent absents des classes. Le temps est compté ; il y a le programme. Pendant la leçon de géographie, les enfants apprennent à lire les paysages dans des manuels ou sur des cartes postales. Ils posent des noms sur des cartes,apprennent par coeur les noms des fleuves, des montagnes, des villes, des pays…, étudient la place de la France dans le monde et ses activités économiques…. ,le plus souvent sans étudier leur milieu local proche, sans faire de lien avec la vie.
Est-ce cela l’étude de la géographie ? Quelles compétences l’école veut-elle développer chez les enfants quand la leçon de géographie n’est pas ancrée dans le vécu de l’enfant ?
Apprendre des définitions, des cartes par coeur, n’est pas de la géographie, tout comme apprendre les lettres et les sons n’est pas de la lecture.
La géographie questionne le monde.
« Le premier objectif de la géographie est en effet de donner une intelligibilité au monde dans lequel vivent les élèves et dont ils sont et seront les acteurs. La discipline géographique doit rendre compte des mutations de ce monde, en dépassant une présentation en forme d’inventaire pour privilégier une lecture « dynamique » (Robert Marconis) 1.
C’est en sortant pour lire le paysage qui l’entoure, en observant, en enquêtant, en se documentant sur son milieu local que l’enfant va le comprendre. Peu à peu il va se construire des repères solides, des méthodes d’analyse. Partant de ce qu’il voit et vit, il va interroger le passé, appréhender le rôle de l’homme dans l’aménagement des paysages de son lieu de vie. Ces repères lui permettront de lire d’autres paysages et d’y prêter attention. Sa curiosité naturelle ne sera pas éteinte par l’école.
Par la correspondance scolaire, l’enfant cherche à mieux décrire son milieu de vie et va connaître celui de ses correspondants.
Au cours de voyages scolaires, il découvre d’autres paysages, les observe, les analyse. Il établit des comparaisons et agrandit son champ de compréhension du monde.
Dans notre société, les hommes construisent sans réfléchir, ils ont besoin de se déplacer de plus en plus vite, les aménagements du territoire se font pour satisfaire les pouvoirs économiques.
Le « toujours plus de confort et de profit », conduit les hommes à bousculer les paysages sans souci de l’avenir, sans prévention des risques pour la planète.
La télévision, Internet, propulsent les enfants dans des paysages réels et cependant virtuels, ils découvrent les catastrophes naturelles, sont témoins passifs de l’évolution de l’aménagement des territoires...
C’est d’abord en interrogeant son propre milieu que l’enfant peut,ensuite,comprendre celui des autres. C’est en faisant de la géographie « d’ici », en analysant les éléments naturels proches, les traces de l’homme près de chez soi, le visible et l’invisible, qu’il peut ensuite : lire les paysages traversés, se poser des questions sur l’environnement, être critique sur les aménagements de l’espace par l’homme.
Etre un citoyen soucieux de l’environnement, c’est décoder parmi les actions de l’homme sur les paysages,celles qui améliorent la vie,canalisent la nature,permettent un recul des catastrophes naturelles, servent l’humanité sans détruire la planète et celles qui, au contraire, abîment les paysages, confisquent les espaces ou sont cause de catastrophes.
Nous voulons former des citoyens.
C’est le rôle de l’école de conduire les enfants à devenir respectueux de l’environnement, critiques sur les aménagements de l’espace, soucieux de leurs actes et de l’avenir de leur planète.
1 Robert Marconis, géographe professeur à l’université de Toulouse-Le Mirail