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Bernard Montaclair et la psychanalyse, entretien novembre 2016

 

 

Bernard Montaclair et la psychanalyse, entretien novembre 2016 - interview et video: Marguerite Gomez.

J'ai fait la rencontre de Bernard Montaclair au congrès d'Aix en août 2016.

Lors de l'ouverture du congrès d'Aix, l'intervention de Bernard Montaclair avait fait fortement écho à mes questionnements. Importance, dans l'acte d'apprendre, de l'émotion, de l'émerveillement, de la surprise. «  On est dans l'écoute pas dans la persuasion ». Mais aussi cette phrase : « On est là pour rendre la culture que les riches leur ont volée » citant le fondateur d'ATD-Quart Monde. .

J'ai annoté ces quelques phrases sur un bout de papier et suis allée l'interviewer. J'ai enregistré l'interview, lui ai communiqué et nous avons continué à discuter après le congrès par téléphone. Au final, nous avons rédigé un article qui est paru dans le Nouvel Educateur : « Cinquantenaire... Freinet toujours debout ! »

Puis, nous avons poursuivi nos discussions téléphoniques. Bernard souhaitait ajouter un pan entier qu'il avait oublié : « J'avais fait un acte manqué . Le mot psychanalyse n'a pas été prononcé dans notre entretien. Et quand même j'ai été vingt ans psychanaliste.... »

Alors parole à Bernard qui nous parle de psychanalyse, de Fernand Oury, de Wallon, de Lévine, d'Elise, de Célestin et de pédagogie Freinet.

 

 

 

Et voici les mots de Bernard Montaclair, à ma demande de précisions sur la phrase : « On est là pour rendre la culture que les riches leur ont volé », le 29/03/20 :

" LES PAUVRES ET LA CULTURE 

J'ai passé à la trappe ta demande de référence concernant mon intervention à  Aix. C'était, je crois à la table ronde  avec Michel Mulat, en séance pleinière. 

Je citais de mémoire une déclaration de Joseph  Wrezinski (le père Joseph), fondateur d'ATD-Quart-Monde. Celui-ci avait été nommé aumonier du bidonville de Noisy le Grand en remplacement de l'abbé Pierre. Lors d'une première réunion avec l'équipe, il a fulminé. Les volontaires discutaient des réserves alimentaires, des layettes et trousseaux à destination des habitants. C'était aussi le fonctionnement du temps de l'abbé Pierre et la différence de pédagogie (et d'éthique) entre ce dernier et le père Joseph est flagrante. 

Joseph déclara (je l'ai entendu  répéter souvent publiquement): 

        "On n'est pas là pour nourrir les pauvres et les habiller. Ils trouvent tout ce qui leur faut dans les poubelles des riches. Mais on est là pour leur rendre la culture que les riches leur ont volée."  


Laveries communautaires, bibliothèques  ambulantes, groupes de paroles, réunions avec les femmes dans les jardins d'enfants, ateliers vélo, le père Joseph,  que je considére comme le Freinet de l'action sociale m'a beaucoup influencé dans mon travail.  Il montait dans le bidonville des lieux-moments pour aider les habitants à prendre la parole, à témoigner dans des instances humanitaires et universitaires ("Universités populaires" avant que le terme soit repris dans un sens différents par Michel Onfray).   

Il faut dire aussi qu'il était fils d'un mineur polonais émigré en France. L'abbé Pierre était, lui, d'une famille bourgeoise lyonnaise et député centriste, ce qui ne retire rien à ses prises de positions courageuses et l'efficacité d'une organisation comme Emmaüs. 

Voilà. Peut-être aurais-je pu évoquer ce "grand phare" dans la video sur laquelle tu travailles.

J'apprécie par ailleurs dans le champ de l'ICEM, le travail de Laurent Ott qui semble être dans le droit fil de Joseph et de Freinet.  »