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Congrès d'Angers : Atelier "Vers une méthode naturelle d'histoire"

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Journal du congrès d'Angers 2019

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Compte-rendu Atelier « Vers une Méthode naturelle d’histoire »

par le Laboratoire de Recherche Coopérative de l’ICEM

 

Histoire : définition du Dictionnaire de la pédagogie Freinet :

La pédagogie Freinet ne se contente pas de transmettre la connaissance des faits et du déroulement de ce passé que l’histoire a pour charge d’étudier, mais tente de s’intéresser à la pratique sociale de référence qui est celle des historiens en permettant aux élèves d’accéder à l’analyse de documents, à la problématisation, à la critique des sources et des faits, à l’étude de terrain. L’enseignement de l’histoire en pédagogie Freinet relève de l’étude du milieu au même titre que la géographie, les sciences ou la technologie. Il s’efforce de partir de l’expression enfantine orale ou écrite (remarques, textes, questionnements).

 

Pierrick Descottes (primaire) et Hélène de Casabianca (secondaire), membres du Laboratoire de Recherche Coopérative de l’ICEM, nous ont présenté l’état de leurs recherches en Méthode naturelle d’histoire.

 

Ce qui est visé, c’est un dialogue entre les visions et représentations des élèves, et l’essence même de la discipline historique. Ce qui est difficile, c’est que l’histoire semble la matière sur laquelle tout le monde peut donner son avis : « il faut apprendre dans l’ordre chronologique, il faut l’aborder en spiralaire, certains documents sont inévitables, d’autres n’ont aucune teneur historique... » Et c’est pour ça que la façon de l’enseigner est difficile à faire bouger.

Il y a des traces de recherches et expérimentations sur le site de l’ICEM, notamment pour le second degré dans les années 1980. Cependant en histoire, on en reste souvent à un travail d’enquête et de recherche documentaire sur le milieu proche.

 

En Méthode naturelle d’histoire, différentes entrées sont possibles (et souhaitables) : la sortie, l’exposé, l’analyse de document, l’entretien du matin (ou Quoi de neuf ?), la correspondance, le texte libre historique, l’enquête, le texte/l’exploration contrefactuel (Et si..., Et maintenant...). Les entrées les plus fécondes sont les entrées sensibles : la vie, la famille, les sorties.

 

En histoire :

-on part des traces (archéologiques, écrites)

-on établit des faits

-on cherche des relations avec d’autres faits

-on commence à faire des interprétations

 

En histoire, il faut toujours signaler si la source est une donnée brute ou si c’est déjà un travail d’historien. L’approche critique des sources est un gros travail.

 

Dans la classe de Pierrick...

Les élèves travaillent à partir des sorties, des entretiens du matin, de la correspondance, d’enquêtes... Pierrick a travaillé avec Danielle et Marcel Thorel, membres du Laboratoire de Recherche coopérative de l’ICEM, dans le cadre de semaines à dominante historique avec sa classe de CM. Cela a permis de mettre à jour des dispositifs, s’appuyant sur des enregistrements audio ou vidéo, mais aussi de travailler sur la problématisation à la suite de sorties en étude du milieu historique.

 

Dans la classe d’Hélène...

Les élèves peuvent partir sur le sujet de leur choix, l’analyse d’un document de leur choix, un texte libre historique, une enquête (ex : recueil de témoignages familiaux)...

Il y a des séances de travail individualisé consacrées aux recherches et à des fiches autocorrectives qui balaient le programme. Les autres séances sont consacrées à la présentation des recherches (au début, en cours, terminées), l’apport de connaissances théoriques par la prof, un entretien du matin historique... Lors de ces séances, un élève note tout sur un ordinateur, ceci constituera le journal de cours (dans lequel sont aussi notées les anecdotes de la vie de classe, ce qui fait du journal de cours un journal de vie, et permet aussi d’ancrer certaines connaissances ).

Hélène a dans son ordinateur des centaines de documents sur toutes les périodes historiques, ce qui lui permet d’illustrer l’apport de connaissances, ou bien d’aider les élèves dans leurs recherches (pas d’ordinateurs, seulement des livres ; beaucoup de recherches sont faites en dehors du temps de classe, de par le manque de matériel).

 

Une entrée : la recherche documentaire

Les élèves de la classe d’Hélène peuvent prendre n’importe quel document, et peuvent aussi piocher dans le manuel (ce qu’ils font facilement). Ils ont une trame d’analyse de documents, ce qui leur permet d’être autonome (alors qu’au brevet des collèges, l’analyse des documents est très guidée par des questions).

 

Une entrée : le texte libre historique

Le texte libre historique demande beaucoup de recherche de contexte historique. Hélène corrige l’orthographe et la syntaxe mais ne s’attarde pas sur l’amélioration littéraire du texte. Par contre, elle peut souligner un anachronisme, ou une impossibilité historique liée au contexte.

 

 

Une entrée : la sortie

Pierrick est sorti avec sa classe de CM1-CM2 sur la place principale de leur ville.

La sortie est préparée en classe : pourquoi sort-on ? que va-t-on observer d’historique à votre avis ? qui s’occupe de quoi (tâches : photo, prise de notes...) ?

Toute la classe s’interroge sur ce qu’est l’histoire et ce que sont les traces historiques :

Pendant la sortie, Pierrick note les remarques et observations. Marcel et Danielle filment la sortie.

Le lendemain de la sortie, toute la classe regarde des extraits du film avec un bloc-note chacun sous la main pour noter ce qui semble intéressant. « On visionne et si vous avez quelque chose à dire, on arrête ». L’objectif est de commencer à problématiser. De là naitront des sujets de recherches.

Pierrick a proposé de ranger en 4 colonnes tout ce qui a été trouvé : Mesure du temps, Evénements, Symboles, Bâtiments. On liste les observations, les questions, et on note qui va travailler sur quoi. Ensuite chaque groupe fera sa recherche (pas forcément immédiatement). Ce qui est difficile pour les recherches, c’est de trouver des sources accessibles aux enfants (Culture école = anciens exposés de l’école ou de la classe numérisés, BTJ, Encycoop, Wikimini, Vikidia, livres documentaires de la BCD de l’école,... mais aussi apports documentaires de Pierrick quand c’est nécessaire). Chaque recherche fera l’objet d’un exposé et, si la classe le juge particulièrement intéressant, d’un article pour le blog de la classe.

 

À l’issue de recherches par petits groupes menant aux exposés, un document de savoir, synthèse finale, peut aussi être rédigé, photocopié pour chacun et rangé dans le classeur de découverte du monde par ordre chronologique. Il a aussi sa place dans le blog de la classe.

 

Une entrée : l’entretien du matin

Une élève avait entendu parler à la radio de piscines dans lesquelles des horaires étaient aménagés et réservés exclusivement aux femmes et d’autres exclusivement aux hommes. Elle en parle à ses copines, et comme la discussion ne leur avait pas permis d’être d’accord ou sûres d’elles, elles ont proposé la réflexion à la classe... Ce qui a entraîné des recherches sur la mixité et l’école d’autrefois, dans le même esprit et selon les mêmes procédures que ce qui se fait après une sortie…

 

Une entrée : la correspondance

L’objectif de la correspondance est surtout de permettre aux enfants d’observer leur propre milieu avec un autre regard, en résonnance avec ce que les correspondants leur racontent du leur...

 

Une entrée : le texte/l’exploration contrefactuel

C’est une entrée que Pierrick et Hélène n’ont pas/peu expérimentée.

Le principe serait de prendre un fait historique, et d’imaginer ce qui ce serait passé si un élément du contexte était modifié (un lieu, un personnage, un évènement climatique...).

 

Frise chronologique :

Dans la classe de Pierrick, une longue corde sert de frise, sans repère des grandes périodes ou de dates. Les fiches de recherches, les évènements, les images étudiées sont accrochées au fur et à mesure. Le but est de situer dans le temps des évènements les uns par rapport aux autres, et ainsi construire une frise historique personnalisée (et sensible). Dans la classe d’Hélène, il y a une frise accrochée au mur, mais qui ne sert que de référence ; les élèves classent les documents finaux des recherches dans leur classeur par ordre chronologique.

 

L’accumulation de nombreuses recherches, exposés va forcément entrainer le besoin de ranger, d’organiser. Et comme dans toute discipline, un système de rangement a déjà été établi par les spécialistes de cette discipline, ici les historiens. On va donc s’y référer.

 

Elisa Cécillon, ICEM38 (école de Lieudieu)