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Revue CréAtions en ligne n° 232 "Chaque jour au menu : créations"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°232 - Publication : avril 2017

Toutes les classes,  Collège Jean-Jaurès, La Ciotat (Bouches-du-Rhône) – Enseignant : Hervé Nuñez 

 

   

 

Les déclencheurs, un outil pour la classe

  En arts plastiques, le principe de base de la production est que chaque élève soit de plus en plus à l'origine de sa production.
Pour cela, l'enseignement classique ou la pédagogie active propose de travailler à partir de « demandes » faites à l'élève tout en veillant à faire en sorte que chacun se les approprie et fasse œuvre pertinente et originale.

En pédagogie Freinet, la production libre est la base, c'est l'élève qui propose les tenants et les aboutissants de sa production, le professeur crée le milieu enrichissant : documentation et médiatisation des productions.
Il faut donc que l’élève comprenne l'attitude et le travail attendus. Pour cela, l'enseignant pose au début de l'année un contrat clair : l'élève doit avoir l'ambition de progresser et de grandir à travers sa production. Le professeur propose des pistes d'ouverture, incite à l'échange avec les autres élèves, propose des relations de proximité avec des artistes ou des œuvres en ayant dans l'esprit de ne pas dénaturer l'intention de départ sous-jacente à travers les stéréotypes et les conventions (modes par exemple). Il valide en apportant son expertise.
Ce n'est donc pas du tout « je fais ce que je veux et je suis le seul à mener mon projet ». C'est le professeur qui est l'expert et cela fait partie de la part du maitre d'accompagner la production.

Pour que le contrat soit clair, l'élève rédige une fiche-projet avant la production mais il peut être amené à le faire pendant ou après, l'essentiel consiste à ne pas être bloqué par l'écrit ou par le plan de travail.
Dans cette fiche apparaissent les tenants et les modalités du projet : le thème ou la problématique, la procédure agrémentée d'un schéma explicatif le plus simple possible, des indications de temps et de matériels techniques. Elle verbalise aussi les savoirs abordés, les pistes de recherche ou les prolongements possibles à la production. L'élève précise ses intentions au début, il fait son bilan à la fin.
Produire librement est l'objectif supérieur à atteindre puisque c'est celui des artistes libéraux (c'est à dire non soumis à des projets imposés) et en pédagogie Freinet, il est question d'être artiste comme un artiste, d'être mathématicien comme un chercheur en mathématique, d'être historien comme, etc.  Il s'agira donc d'apprendre à aller au delà des pratiques éculées (apprendre l'aquarelle n'est pas un objectif), à emprunter sans copier, à inventer si possible, à nommer sa problématique plastique ou artistique, à savoir choisir la technique parmi une grande diversité (du crayon gris aux outils numériques), à choisir le support, le format, à composer ou non en conscience, à penser la couleur... relativement à la cohérence de la production, à se poser la question de la présentation et du lieu, de la réception de la production par le public et de sa diffusion.

 

  • L’élève construit son projet et sa réflexion dans un aller-retour expérience/accompagnement de l’enseignant (tâtonnement, prise de recul, réflexion), conseils et échanges avec les autres élèves, recherche culturelle associée avant, pendant ou après. 
  • Les notions du programme sont abordées sur les quatre années, postulat conforté aujourd'hui par la réforme du collège avec le passage en cycle et par la prise en compte du rythme des apprentissages différent pour chaque élève.
  • L'élève puise sa matière dans la parodie, la série, le glissement de sens, dans l'exploitation d'une technique, d'un outil, dans le passage de la deuxième à la troisième dimension, du réel à la mimesis et au virtuel, de l'image fixe à la séquence, de la représentation à la présentation, etc. Il prolonge ses propres productions, il s'inspire des productions affichées, de la documentation non classée présente dans la classe, il se nourrit des autres ou en dernier recours s'inquiète auprès du professeur d'un « vide » possible.

L'expression libre comme la création artistique demandent des postures qu'il faut construire, c'est une attitude à atteindre, pas un postulat de départ. Certains élèves ont besoin d'être épaulés avant de prendre en charge la totalité des paramètres, d'autres aiment être confrontés à des suggestions apportées par l'enseignant, d'autres font des pauses dans leur liberté de création. Alors le professeur dispose de deux autres propositions de mise en activité pour l'élève :
- des sujets basés sur des injonctions,
- des « déclencheurs » qui permettent à l'élève de se mettre à travailler presque instantaném
ent.

Mais qu'elles soient libres, issues d'un projet ou d'un déclencheur les productions sont évaluées de la même manière : le professeur attend de toi que tu finalises une production toutes les trois séances. Si ton plan de travail dépasse ces trois séances, le professeur doit donner son accord pour obtenir des séances en plus.
C'est le professeur qui décide que la production est terminée. Pour le savoir, tu vas le voir lorsque tu estimes avoir fini et tu lui dis « je pense avoir terminé, qu'en pensez-vous ? ». Si le professeur est d'accord avec toi : il la prend en photo et l’archive jusqu'à la fin de l'année pour la mettre en réserve pour les expositions et les moments d’analyse collectifs ; s'il pense qu'elle peut encore être approfondie, il t'indique ce que tu dois faire en plus.
Quand tu n'as pas d'idées de production, le professeur te propose un déclencheur dans l'attente de trouver une idée. »

Les déclencheurs
Ce sont des fiches incitatives.
On peut commencer en utilisant le fichier d’incitation à la recherche et à l’expression des Éditions Odilon et l’enrichir de ses propres fiches.
Elles génèrent une production basée essentiellement sur les exercices de styles, sur l'observation d'un schéma de départ et son prolongement, sur la création d'un équivalent plastique, sur des jeux graphiques répétitifs.
Les déclencheurs demandent moins d'investissement spéculatif personnel qu'un sujet ou qu'une production libre.
Outre la production, l'élève appréhende deux outils émancipateurs qui l’accompagnent : la fiche projet et la recherche. Il participe aussi aux mises en commun en présentant son travail ou en recherchant l'avis des autres.
Certains élèves aiment les déclencheurs car ils rassurent et ils peuvent en faire plusieurs à la suite. D'autres, les utilisent momentanément avant de se lancer dans une production plus personnelle car la réalisation à partir du déclencheur a servi de pause, de moment intemporel ou parce qu'elle leur a permis de trouver et/ou de maturer leur propre projet.

 

Chaque jour au menu : créations 

déclencheur 1
déclencheur 2
déclencheur 3
déclencheur 4
déclencheurs 5 & 6
déclencheur 7 et après