Le logiciel Elsa

Petite histoire

Le logiciel ELMO a été produit à l’INRP[1] en 1980 en tant qu’outil pédagogique expérimental cherchant, en milieu scolaire, à faire franchir un degré supplémentaire dans la maîtrise des gestes techniques d’un lecteur. L’hypothèse de base d’un entraînement avec ELMO reposait sur l’association de deux moments sensiblement d’égale durée :

1.      - sur l’ordinateur, une progression individualisée au minimum d’une douzaine de plans constitués chacun de 7 familles d’exercices de nature différente. La durée moyenne de chaque exercice ne dépassant jamais 30 minutes, un plan devait pouvoir être achevé en 3 heures environ.

2.      - en groupe-classe, deux séquences collectives par plan, d’environ 1 heure chacune. L’une reprenant quelques moments topiques du déroulement de l’exercice, s’appuyant sur l’enregistrement de son historique afin d’analyser en petits groupes les stratégies utilisées et d’alimenter la distanciation et le retour réflexif nécessaires à leur intégration en situation réelle. L’autre assurant le réinvestissement de ces compétences dans des rencontres fonctionnelles avec les textes (presse, documentaires, littérature) opportunément prises en charge par des enseignants, des bibliothécaires ou d’autres professionnels dans la BCD, le CDI, la médiathèque, la librairie de quartier, la bibliothèque d’un comité d’entreprise ou d’une association spécialisée… Déscolariser la lecture ! 

En 1996, ELSA succède à ELMO afin de tirer parti des progrès informatiques et de profiter de leur ouverture et de leur souplesse, pour diversifier les scénarios des exercices et enrichir leurs bibliothèques de textes. Dans le même temps, le contexte pédagogique du recours au numérique va évoluer. D’un côté, l’équipement en ordinateurs et tablettes des particuliers, chez eux comme sur leur lieu de travail et de vie publique, s’est considérablement accru et, bien davantage encore, le niveau d’autonomie et de vélocité de leurs possesseurs. De l’autre, le lien scolaire entre usage technique individuel (bien pris en charge par le support informatique) et temps de retour réflexif assuré par le travail en équipe des enseignants s’est, pour de multiples raisons, amenuisé. Au fil des années, ce qui va se réduire, notamment au collège, ce sont ces temps de mise en commun, d’analyse et de réinvestissement qui, seuls, permettent à un entraînement technique de déboucher sur une expertise durable plutôt que de rester l’instant vite oublié d’un dressage mécanique…

Pour sa part, l’AFL a toujours insisté sur l’indispensable complémentarité de ces deux moments que sont, d’une part, le temps individuel de l’exercice et, d’autre part, le moment collectif  d’analyse de ce qu’il s’y est vécu ; et informé sur la déperdition d’impact dès que le second moment vient à faire défaut ! De ce fait, le nouvel Elsa prend en charge et individualise les moments de retour réflexif et de théorisation proposés jusqu’ici par les pédagogues disponibles et  attentifs. L’entraînement technique étant ainsi pris en charge en totalité dans un contexte individuel, les écoles et les collèges peuvent désormais consacrer  ce temps retrouvé à l’usage direct et collectif de la chose écrite. Cette fois, avec des lecteurs experts !