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Regard d'artiste sur le monde végétal ou "c'est quand on a le cul dans l'herbe qu'on voit le mieux le monde"

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Avril 1999
  CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Entretien avec Catherine Chanteloube, artiste peintre - Propos recueillis par Nicole Bizieau, octobre 1998

publié avec l'aimable autorisation de l'artiste

 

 Regard d'artiste sur le monde végétal

ou "c'est quand on a le cul dans l'herbe qu'on voit le mieux le monde" 

 

Entretien avec Catherine Chanteloube, artiste peintre 

 

L’atelier. Accrochés au mur, les végétaux sèchent et « prennent forme ».

 

Le fagot

Qu’est-ce qui a déclenché ton travail actuel dans le domaine artistique ? Est-ce un choix ou un accident de parcours ?

J’ai fait des études à la faculté d’arts plastiques de Saint-Etienne jusqu’au DEA. En fac j’étais considérée comme "super coloriste" évaluée comme "n’ayant pas de dessin". Cela m’agaçait. Alors je suis allée dessiner dans la nature, beaucoup, beaucoup… C’est quand on a "le cul dans l’herbe qu’on voit le mieux le monde". Ces paysages sont devenus miniatures, au format timbre-poste. Puis j’ai habité un moment à Paris, j’ai beaucoup travaillé dans le petit format, à cause du manque de place et de la vie étriquée que j’y menais. Plus tard, j’ai eu besoin de réaliser de gros motifs, ils ne tenaient pas dans le cadre, et n’étaient que débordements. On aurait pu continuer mes toiles tout autour. Lorsque j’ai eu un jardin, j’ai porté un nouveau regard sur ce nouveau cadre de vie, devenu nouvelle source d’inspiration, de travail.
 
J’ai beaucoup dessiné d’un aspect analytique, c’est la période des jonquilles… Mais en même temps j’avais un terrible besoin de couleur, ce qui correspond à tout mon travail sur les voûtes avec une profusion de couleur, de matière. C’était un fabuleux travail de patience avec les pastels, de jouissance, d’obsession même au niveau de la couleur et de la lumière.

 

Puis, lentement je suis passée à la couleur telle que j’aime la vivre, telle que je la ressens. Aujourd’hui, je me sens bien dans la voie qui est la mienne et que sans doute je recherchais depuis longtemps. Je ressens une harmonie totale entre dessin, couleur, motif, espace, matériau et fond très travaillé dans la matière. C’est un travail très cohérent dans son ensemble jusqu’à la fin du processus qui est la toile montée.

Au départ, je travaille sur une toile brute, c’est-à-dire de ton naturel, mais parfois aussi sur une toile recyclée, sur laquelle j’ai marouflé du papier asiatique à la colle de peau. Je dispose ce papier soit en couche unique (ou multiples), soit en superposition partielle, avec quelquefois des bulles, des fissures, des déchirures, des accidents de collages exploités, réinvestis dans le travail du fond. C’est sur ce fond que je dessine-peins de façon complètement liée.

Le tournesol

 Rose trémière

J’ai beaucoup travaillé le dessin de paysages sur le terrain, ce qui nourrissait aussi en parallèle des productions du domaine de l’imaginaire. Je faisais beaucoup de dessins d’observation dans la nature, ce qui m’obligeait à être toujours sur le terrain. Je me suis alors livrée à la cueillette et je rapportais ce qui avait attiré mon attention chez moi, c’était plus pratique pour travailler. J’ai commencé par un travail de dessin analytique et en parallèle j’ai mené un travail plus abstrait.

Ceci correspond à la période de 93/94 au cours de laquelle je ressentais deux besoins complémentaires sans doute : du dessin de grande précision, fouillant le végétal dans ses moindres détails, mais aussi avec sobriété, à la mine de plomb, et une orgie de couleurs et de matière traduite par une série de voûtes de grandes dimensions où l’ombre et la lumière apparaissaient par un jeu de superposition de couleur de pastels secs. Je pense que ce n’est pas fini, même si en ce moment j’ai abandonné cette voie. J’imagine en faire encore. Grâce à la couleur, je m’évadais.
 
A voir ce que devenaient mes végétaux séchés, j’ai été attirée par leur nouvel aspect et je me suis investie de plus en plus dans cette voie parce que ça me procurait beaucoup de plaisir.

 

 


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