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Revue en ligne CréAtions n°196 "Ouvertures"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°196 - Parution : février 2010

Edito par Véronique Decker

Concerto pour une double-porte et un soupir  

Ne fermez pas la porte de sortie de l’école !
Il faut autoriser les classes à observer le monde.
Loin du modèle imposé, loin de l’œuvre à reproduire, loin de l’étude des « œuvres » à mémoriser, il faut le réel et l’émotion du monde pour trouver l’audace de créer. Il faut rencontrer le paysage, pour avoir envie de le transformer. Il faut sentir la nature, toucher les embruns, garder un instant le flocon de neige au bord de ses doigts, fouler les feuilles mortes avec les pieds. Impossible de faire cela, ni dans les livres, ni sur Internet. Il faut aller voir l’atelier du sculpteur, il faut entrer dans le musée pour voir l’expo, il faut aller écouter le concert, il faut aller voir la pièce de théâtre. Laisser aux seuls parents le soin de cet enseignement du monde, c’est à l’évidence créer des fractures supplémentaires et des enfances séparées.

Ne fermez pas la porte d’entrée de l’école !
Il faut autoriser le monde à venir travailler avec les classes.
Loin du manuel à apprendre dans l’ordre, loin de l’heure réglementaire hebdomadaire d’arts, travailler avec un artiste, un musicien, un peintre, un danseur, un illustrateur, c’est une nouvelle relation au monde, permettant de se créer des pouvoirs nouveaux. Un projet entre dans la classe, un projet qui va demander à tous de s’ajuster : l’artiste qui doit rencontrer les enfants, les enfants qui doivent s’imaginer dans ce projet, le porter pour l’emmener là où nul autre qu’eux ne peut le construire, l’enseignant qui doit réguler et organiser la vie du projet avec tous. Sans l’émotion de ces rencontres, sans l’humanité partagée de ce travail, la démarche de création est moins fertile, l’énergie se délite.

Soupir ! nouveaux programmes !
Des techniques vides, des répétitions mortifères, des sélections et des classements, les « nouveaux programmes » font croire qu’apprendre c’est réciter.
Mais étudier la vie de vingt grands hommes, ce n’est pas apprendre l’histoire.
Réciter la liste des pays de l’Europe, ce n’est pas apprendre la géographie.
Pire encore, la vision de l’histoire de l’art, avec l’apprentissage de l’admiration obligatoire des « œuvres », sans chercher à comprendre ce qui a présidé à leur réalisation, sans sentir les tensions qui les ont fait émerger, sans une pratique artistique réelle dans la classe, c’est la caricature de l’apprentissage vers un silence de l’art.

 

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