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Rendez vous en terre inconnue : voyage au "pays" de Freinet

Un témoignage de Christophe G., paru sur la liste Freinet...

 

 

Bonjour,

Inscrit depuis quelques mois sur ce forum, j'aime les sujets et les contenus qui y circulent. Je ne suis qu'un instit « classique », depuis 18 ans, avec des expériences diverses et variées (ZEP, CLIN, direction). Le capa-sh et sept années dans l’enseignement spécialisé ont déjà rendu mes pratiques plus cohérentes. C'est depuis quelque temps une période de grands questionnements sur ma vie professionnelle (chacun sa refondation).
 
Il y a quelques mois, je lançais, donc, un appel sur cette liste Freinet pour être accueilli, une demi-journée voire une journée, dans une classe « estampillée Freinet ». Michel me répondit favorablement et je profitais de notre décalage de zone de vacances pour me rendre (hier, mardi 19 février) dans un petit village dénommé Montagne, dans l'école du lendemain, en Isère. Deux heures de route donc lever à 5 h 00 pour être présent dès l'ouverture (mon rythme chronobiologique allait en prendre pour son grade) et découvrir un CM1/CM2 dans sa dernière semaine avant leurs vacances.
 
 ... Quand les élèves sont repartis le soir à 16 h 30, j'étais sous le choc... pédagogique et émotionnel.
 
Je ne vous raconterai pas ce que j'ai vu, car vous le savez tous si bien, mais ce que j'ai vécu pendant plus de 8 heures était très fort. En une journée, j'ai pu m'enrichir de ces pratiques qui ne restaient, pour moi, que des articles ou des paragraphes dans la littérature de l'Éducation nouvelle : le quoi de neuf, le texte libre, le(s) plan(s) de travail, les conseils, les réunions, le bilan, les outils Freinet, la démarche coopérative, l'enseignant en retrait, mais si présent, etc. J'y ai vu des élèves motivés, impliqués, actifs. « Pourtant », ce sont bien des enfants qu'on imaginerait aisément, pour certains, plus attentistes et bloquant sur leurs difficultés dans notre système classique. Je n'ai pas vu d'élève en échec et pourtant (encore) « le niveau » est bien hétérogène. L'ambiance de classe était calme et sereine. Je n'ai vu aucun élève bailler (pourtant j'ai bien cherché, sic) et je ne suis pas certain qu'ils dorment mieux que les autres. Ces élèves savent où ils vont (ils ont su me montrer et m'expliquer leur progression annuelle et individuelle). Il y a un niveau d'autonomie et de maturité que j'ai rarement vu pour des élèves de cet âge, mais on se rassure – ce sont bien des enfants – en les regardant en récréation ou pendant cette virée pédagogique au bois du coin. J'ai même croisé l'Inspecteur de circonscription, qui montre que la hiérarchie peut aussi être ouverte (et le mot est faible) sur ces fonctionnements, décidément pas ordinaires.
 
Alors, bien entendu, il ne s'agira pas de plaquer ce fonctionnement en l'état. J'ai bien compris que je devais trouver ma voie en fonction de ce que je suis et de mes propres convictions (la place du sport, un atelier philo...) et qu'il me faudra du temps et du tâtonnement expérimental. J'irai doucement, car je vais apprendre aussi et je vais sans doute me rapprocher plus rapidement que prévu du groupe départemental Vaucluse. Je suis bien content d'être en vacances, car si j'avais du faire la classe cette semaine, j'aurais été bien mal à l'aise. Il me faudra du temps pour récupérer de ce voyage initiatique au pays de Freinet, non pardon, dans la classe de Michel. Paradoxalement, j'ai eu beaucoup de mal à m'endormir (vers une heure du matin). C'était sans doute trop fort...               
 
Alors, Michel, je te remercie pour ce moment exceptionnel que j'ai passé dans ton école. Merci à tes élèves d'être aussi épanouis. Je ne peux m’empêcher de penser qu'au final, ils sont mieux préparés aux difficultés qui les attendent (à commencer par le collège). Pour moi, Il y aura un avant et un après 19 février. Et je sais que le plus dur reste à faire...                
 
Ah j'oubliai, hier, sur le trajet aller, je n'ai eu que du brouillard pendant 200 km (et ce n'était pas mes yeux). Ce dernier s'est estompé, et je n'exagère en rien, un virage avant l'école avec le soleil qui semblait s'être levé depuis longtemps sur cette école du lendemain. Et quand j'en suis reparti le soir, le soleil se couchait, mais sans brouillard cette fois-ci.
 
Bien à vous...
Christophe G. ,