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Expérience tâtonnée, tâtonnement expérimental, méthode naturelle : pour s'y reconnaître (stage ICEM 42 nov 09)

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Expérience tâtonnée, tâtonnement expérimental et méthode naturelle
Pour savoir de quoi on parle
Je vais tenter ici un exercice périlleux : essayer de définir et de différencier ces trois expressions. D'après mes lectures ou ce que j'en ai compris. A discuter, bien-sûr.
Idées et schémas piqués à :
C. Freinet, J.C Régnier, maître de conf Université Lyon 2, Michel Ducom (GFEN), Olivier Reboul (« Qu'est-ce qu'apprendre ? PUF), J. Lèmery ICEM, JP Astolfi, Prof. Sciences de l'Educ Rouen.
  • 1. Apprentissage par expérience tâtonnée.
    Deux types d'expériences : pour voir ou pour expliquer.
    Ne pas confondre avec l'apprentissage empirique : un rat dans un labyrinthe.
        - Essais multiples sans logique. Apprentissage mécaniste. Aveugle. Lent. L'action prime sur la compréhension. Apprentissage par la force de l'habitude.
Il est spécifiquement personnel. L'enfant agit pour transformer par ses expériences et à travers ses filtres personnels, ses représentations du monde, ses structures cognitives. Il recherche la satisfaction directe d'un besoin. (plaisir)
Il peut être douloureux, car il implique déstabilisation, destructuration des connaissances
Se fait en deux temps :
-1. action et compréhension progressent simultanément.
-2. La compréhension se libère et dirige l'action.
Il se conduit ainsi :
Question ou problème ---> essai d'hypothèse ---> Action de vérification --->conservation ou rejet ou modification de l'hypothèse.
 
 
 
 
2. Apprentissage par tâtonnement expérimental.
 
 
La définition qu'en donnait Freinet s'apparente presque plus à un récit poétique qu'à un fait d'observation. Mais c'était remarquable à l'époque et révolutionnaire.
Il n'y a pas d'exclusivité : on peut apprendre autrement comme le montrent ces schémas :
 
 
 
 
 
 
 
 
 
C'est un modèle interactif :
-rôle du maître (pour vaincre, entre autres, le monde virtuel) :
      • mise en place des conditions (cf méth. Nat de lecture)
      • objectifs d'attitude :
        • apprendre à s'étonner
        • formuler des hypothèses (ou problèmes) là où on ne prête plus attention à ce qui est banalisé
        • S'entraîner à des réponses plurielles plutôt que de se focaliser sur la première venue
        • présenter ses idées comme étant à vérifier plutôt que par affirmations tranchées
        • Apprendre la patience : savoir attendre, recommencer s'il le faut.
        • Passer de l'expérience « pour voir » à celle « pour expliquer ».
 
Si j'osais cette définition : le tâtonnement expérimental, c'est l'expérience tâtonnée, mais à plusieurs avec interactions élève-groupe-enseignant.
 
 
 
 
 
 
3. Apprentissage par méthode naturelle.
Sur le terme « méthode » qui semble antinomique avec « naturelle » :
« Méthode » parce qu'il s'agit bien d'un choix de l'enseignant, qui nécessite un effort, des stratégies, une formation, « naturelle », parce que l'expérience tâtonnée est naturelle chez l'enfant.
C'est le choix de l'enseignant d'utiliser le processus du tâtonnement expérimental pour permettre les apprentissages.
Il s'agit d'un choix politique :
    • en installant un contexte coopératif
    • en valorisant le droit à la différence
    • en défendant l'idée que chaque enfant est unique
Il s'agit d'un choix pédagogique :
    • en permettant, installant des situations d'expérimentation, de communication, des outils.
    • en permettant les différentes vitesses d'apprentissage
    • les différents chemins
    • en prenant encompte le vécu de chacun.
Paradoxes :
    • Le maître ignorant. Il nous faut nous taire si nous voulons que les enfants construisent eux-memes leurs savoirs.Faire de la rétention d'information. Il faut l'expliquer aux enfants : « ici, on n'exerce pas uniquement sa mémoire, on pense, on cherche, on réfléchit, on trouve ensemble ». Et quelquefois, oh merveille : le maître ne sait pas !
    • L'enfant sait et ne sait pas en même temps. Tout savoir nouveau devra donc lever l'obstacle du savoir ancien. Terrible processus de déconstruction.
    • Temps long et temps très court : se garder de l'impatience. Accélérations brusques du savoir au bout de cheminements très longs.
    • Laisser-faire et obstacle. Ne pas ignorer les obstacles mais savoir rebondir
    • l'évolution des savoirs de l'espèce humaine, provisoires et récusables (ex : le créationnisme aux USA, conscience planétaire, contradictions des hommes...)
Le statut de l'erreur : elle est le chemin de vérités opératoires et provisoires.
Le statut du chercheur et de la majorité silencieuse.
Allez, je tente un schéma, à compléter sûrement.
 
 
 
 
 
Et pour finir deux citations :
« En éducation, c'est quand la voix du minoritaire se fait entendre que le savoir commence souvent à se construire. » Michel Ducom (GFEN)
« Une société avance par ses déviants ». Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits des femmes et guillotinée pour cela.