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Avril 2001

 



CréAtions 96 - L’abbaye en tous sens - publié en mars-avril 2001

Projet mis en oeuvre dans la classe de Philip Lavis et Marylène Lelay (grande section) - Intervenante : Chloé Ban de la compagnie DCA - Extraits d’un texte rédigé par Philip Lavis, Alain Mary et Roger Müh

 

  Une activité artistique en partenariat: la danse

 

L’utilité de l’art c’est de n’avoir aucune utilité […]
L’art a pour vocation de dire le non-dit, afin d’en alléger la charge. C’est un cri, un espace non censuré du désir, l’expression d’un droit à la différence que l’homme perd petit à petit partout ailleurs. »
Ionesco

 

 

Art et culture


Pour apprendre, l’enfant a besoin de tout son être, de multiplier les expériences, de ne pas séparer approche concrète et tentative d’abstraction, aussi bien de recourir à l’imagination, l’invention, l’adaptation à des situations nouvelles que de développer ses capacités rationnelles et la mise à distance critique.
Art et culture sont intimement liés. Il se trouve que c’est dans l’Art que se concentrent les valeurs d’une société et que ces mêmes valeurs sont mises à distance. L’Art permet de “ remodeler ” le réel. “ L’Art rend visible sans reproduire le visible ” G. Deleuze
Derrière le mot culture, on trouve la notion de “ patrimoine ” à transmettre (un “ bien ” collectif) et en même temps la recherche de “ valeurs communes ” à différents groupes humains, valeurs passant du “ particulier ” ou du local à l’universel.
“ L’Education Artistique à l’école a une double visée esthétique et culturelle : esthétique au sens éthymologique du terme : explorer le monde à l’aide de tous ses sens avec émotion, intelligence et sensibilité ; culturelle, au sens où elle favorise la rencontre avec les lieux et les objets reconnus comme porteurs de valeurs, et la possibilité, pour l’enfant, de développer sa réflexion critique, sa capacité de comparaison entre des oeuvres qu’il convient de rapprocher, de confronter ou d’opposer.” (L’éducation artistique à l’école, Savoir Livre CNDP).

                                                                          

 Les enjeux


En pratiquant une activité artistique à l’école, on peut prétendre re-trouver la “ Chose artistique ” à condition de situer les enjeux. L’école est un lieu où l’on apprend. Il s’agira d’apprendre à goûter, à comprendre (prendre avec) avec ce qu’on a, ce qu’on est, avec ses référents familiers. Devenir un amateur (celui qui aime), un être curieux qui s’étonne, un être capable d’écouter, de s’écouter, d’écouter les autres. Pour cela, l’enfant a besoin d’acquérir des repères. Dans une activité artistique, l’enfant découvre, en outre, le travail de la pensée qui analyse, compare, prévoit, mémorise, développe des compétences essentielles et transversales. Il s’agit de mettre en relation, sans confusion, l’activité artistique avec tous les apprentissages et l’expérience globale de l’enfant, de refuser des intimidations “ technicistes ” : faire, tenter, progresser, reprendre, expérimenter...L’art n’est pas jaillissement, “ spontanéité ”, il est plaisir de la reprise, variation. L’art avec les enfants doit être découverte, exploration, guidage.

Redonner confiance


On entend ici ou là des propos qui dévalorisent les activités artistiques à l’école : “ L’art est un amusement... A quoi ça sert ?... Je n’ai pas de temps à perdre... Ces enfants sont trop faibles, il faut renforcer la lecture ”, etc. Souvent, ces affirmations recouvrent une vision péjorative du jeu dans les processus cognitifs. L’éducation artistique développe les capacités intellectuelles, la sensibilité, l’imaginaire, en recourant aux conduites ludiques, qui sont essentielles dans les processus d’acquisition de l’enfant.Dans le développement des compétences transversales, la sensibilité, la sensorialité, et les capacités cognitives sont en interaction dans les situations d’apprentissage.
Les activités artistiques mobilisent très souvent des compétences ignorées ailleurs et contribuent ainsi à revaloriser certains enfants. Elles leur redonnent confiance en eux et aident à leur meilleure intégration scolaire.
La culture artistique joue un rôle social dans la société et dans l’école :une société ne trouve pas uniquement son sens dans des activités “ utilitaires ” et “ productives ”. En confrontant très tôt l’enfant à d’autres formes de sensibilité, l’éducation artistique contribue à éduquer à la tolérance, à la citoyenneté. Elle favorise aussi la cohésion sociale et le partage des valeurs communes. Bien qu’activité en apparence “ gratuite ” et “ désintéressée ”, la pratique artistique mobilise chez l’enfant des compétences fondamentales (connaissance de soi et des autres, goût à entreprendre, sens des responsabilités et de la prise en charge de soi-même).
“ L’utilité de l’art c’est de n’avoir aucune utilité (...). L’art a pour vocation de dire le non-dit, afin d’en alléger la charge. C’est un cri, un espace non censuré du désir, l’expression d’un droit à la différence que l’homme perd petit à petit partout ailleurs. ” a écrit Ionesco.

Après le chant, la danse...


Nous sommes dans la Z.E.P. Franc-Moisin à Saint DENIS , dans la classe de grande section de Philip Lavis et de Marylène Lelay, de l’école maternelle Franc-Moisin. L’atelier s’inscrit dans le cadre du projet d’école dont un des axes prioritaires est l’éducation à la citoyenneté. De fait, les domaines de la musique et de la danse favorisent le développement de l’autonomie dans l’espace et par rapport aux personnes, une meilleure écoute et le respect de l’autre, qualités essentielles pour vivre ensemble.
L’atelier suivait un travail de plusieurs années sur le chant, et l’éducation musicale dans la classe et plus largement dans l’école, par la constitution d’une chorale d’enfants. Les sonorités, la voix, le chant avaient été largement explorés au sein de la classe mais cependant un besoin s’était fait sentir : en effet, le chant contient également du corporel qui nécessite d’être exprimé. La danse constituait un excellent canal par lequel les enfants peuvent s’exprimer plus intensément par le mouvement.

 


Un partenariat cohérent


Durant le premier trimestre, les sonorités ont été explorées à travers des instruments de percussion et des objets sonores, en associant gestes et mouvements dans l’espace. A partir de fin janvier, un travail spécifique a été mené par une artiste chorégraphe, Chloé Ban, pendant douze à treize semaines, avec des temps de concertation entre les différents acteurs du projet, indispensables à sa réussite.
Si l’école n’est pas le lieu exclusif des apprentissages artistiques, elle demeure le lieu des apprentissages nécessaires à l’élaboration des significations. Le maître en fonction du projet d’école, dans le cadre d’un projet d’équipe (au sein d’un cycle, d’une école ou d’un regroupement pédagogique), en plus des connaissances ou de l’aide qu’il apporte aux enfants, pour structurer leur apprentissage, assure la mise en cohérence des informations multiples que l’enfant est amené à recueillir dans l’école et hors l’école. Sa fonction est essentielle, tant dans son rôle d’enseignant que dans les actions en collaboration que nécessite tout partenariat. Ce partenariat peut prendre des formes diverses (interventions ponctuelles ou régulières). Le partenariat repose sur le souci d’une meilleure efficacité de l’éducation artistique, il introduit une conception nouvelle des apprentissages. Pour le maître, il implique une recherche sur les contenus, les modalités et la complémentarité de ses interventions et celles du professionnel culturel. Si l’école reste évidemment le maître d’oeuvre de cet enrichissement de l’action éducative, la confrontation des points de vue, des compétences et des langages modifie positivement les représentations, les pratiques, les savoirs et les savoir-faire au bénéfice des élèves.
 

la marche de l'éléphant

le petit ballon

écoute,  mouvement, danse

    sommaire n° 96 


 

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