Raccourci vers le contenu principal de la page

Atelier d'écriture avec Carol Beaudoin (stage créations - avril 2011)

Dans :  Principes pédagogiques › 

  

 

 

 

Journée de formation : ateliers d'écriture avec Carol Beaudouin

Samedi 16 avril 2011 - Compte-rendu

http://grapheme-ecriture.com

 

Tour de table : présentation, expérience, attentes:
· Katina, Jacqueline, Eliane, Anne, Simone, Christiane, Maud, Gaétane, Agnès
· Ne pas confondre ateliers d'écriture et écriture de texte libre (les uns peuvent nourrir l'autre)

Commentaires de Carol pendant l’atelier( en noir et italique)


·
Ecrire sur l'écriture,
10 minutes, à partir d'une série de citations lues ensemble (cf document). On peut démarrer avec une formule du type :
◦ « Ecrire pour moi, c'est … »
◦ « J'écris parce que... »
◦ « Je n'écris pas parce que... »

 

Lire sans commentaire avant et pendant, cela évite les « j’ai fait ça, mais c’est nul » et cela permet d’accueillir le texte avec toute sa fraîcheur.
Dans l’écriture, il y a des dominantes. Identifier dans sa propre écriture le sens dominant, il correspond aussi à notre manière d’expérimenter le monde. Souvent une dimension visuelle, une image à déplier, comme des petits films. Ecrire : fabriquer une image dans la tête de l’autre. Ecrire avec ses sens.
Il faut savoir tailler dans la matière, épurer. Sarraute parle de ses « petits chéris » ces mots auxquels on est attaché et dont on n’a pas envie de se défaire.
Travailler la langue comme un matériau. Faire en avançant. Ecriture sur le fil : la création avance au fur et à mesure. On peut utiliser l’écriture automatique : 20 minutes. On démarre au top, on écrit sans s’arrêter, sans relire, pas de phrase. On tartine, on avance. Le faire souvent et on arrive à un cap où un verrou saute : tu entres en écriture. Tu n’es pas dans la création si tu penses. L’intérêt c’est de débloquer l’écriture : on écrit avec des mots pas avec la pensée. On entre dans la matière des mots, on lâche prise, on libère quelque chose.


Ecrire à partir de figures, de personnages réels ou imaginaires qui ont eu une importance, ou non, dans notre vie. Ecrire à partir de personnages qui nous traversent l’esprit à ce moment là. Quelqu’un qu’on a croisé, quelqu’un qu’on imagine ailleurs et on attrape un moment, une image. Parallèle avec Google Earth.
Convoquer la mémoire, les sédiments, l’écriture comme une invitation au voyage ; extrait lu de Henri Michaux « quelque part, quelqu'un » extrait de « A distance », édité au mercure de France, 20 minutes

http://schabrieres.wordpress.com/2009/10/11/henri-michaux-quelque-part-quelquun-1951/

Convoquer un personnage, évoquer sans nommer, construire autour…

Henri Michaux | Quelqu’un quelque part, extraits

Quelque part quelqu’un est chien et aboie à la lune
Quelqu’un est né chinoise et maintenant elle a dix-sept ans
Quelqu’un c’est une blonde et sa sœur est vive, véritablement pétulante
Quelqu’un son père est Highlander
Quelqu’un… et puis ça lui a retenti sur les reins et maintenant fini, il dit qu’il aime autant mourir à l’hôpital
Quelqu’un il a de grosses solives à sa maison
Quelqu’un, il veut encore un peu de crème. Mais l’autre quelqu’un, c’est l’existence de Dieu qui le chipote
Quelqu’un vient d’avoir un moment de fierté qu’il expiera durement
Quelqu’un, cette fois il pleut fort
Quelqu’un les gens d’à côté rentrent à l’ins
tant

Cadrage de l'écriture, regarder à travers une fenêtre permet de situer, de dater... comme un dispositif photographique : on crée une fenêtre ; ce que je vois de cette fenêtre, fenêtre mouvante : qu’est-ce que je vois dehors, qu’est-ce que je vois du monde à ce moment-là...
Variantes : Utiliser la formule « Je la connais... » avec un seul personnage
écriture polyphonique (plusieurs points de vue autour d'un personnage central
cf : Martin Wrinckler « La maladie de Sachs »
http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=18

autre formule : « parce que ...quelqu'un... »
Ecrire « juste » : simple, bref, efficace, cf Haïku
Ecriture « tissée »
Figure de style avec la même chose au début et à la fin du texte.

Entrée thématique : la nuit,
cf : texte de Grand Corps Malade, 20 minutes http://www.rap2france.com/paroles-grand-corps-malade-la-nuit.php

Ecrire avec ses sens, sa langue, son ressenti de la nuit, monde du dessous. Accepter de rentrer dans cet univers-là, explorer un entre-deux, entre deux eaux, entre chien et loup. Explorer les frontières, son rapport à la nuit avec ses mots, sa langue.


Utiliser la formule : « Je la voudrais ...mais... »
La répétition parfois renforce et ajoute, quelquefois écrase...
On peut aussi partir d'expressions toutes faites, de proverbes, …
Ecrire dans les interstices, les failles, dans ce qui est fragile, explorer les frontières.

   

La nuit - Grand Corps Malade
Ça commence par un moment de flottement quand le soleil recule
Un parfum d’hésitation qu’on appelle le crépuscule
Les dernières heures du jour sont avalées par l’horizon,
Pour que la nuit règne sans partage , elle a gagné , elle a raison
En fait j’aime cette instant , j’ vois le changement d’atmosphère
Et si j’y pense un peu j’ me demande comment ça peut se faire

Ce miracle quotidien ,le perpétuel mystère qui fait qu’en quelques secondes on passe du coté obscur de la terre
Voici une note pour la nuit, les nuits, les miennes les tiennes
Je ne sais pas comment tu les vis moi mes nuits m’appartiennent
Je les regarde je les visite c’est mon royaume mon château
Je les aime et c’est tant mieux parce que j’aime pas me coucher tôt
J’ te parle pas des nuits parisiennes, des lumières et des décibels
J’ préfère celles du silence et d’ la pénombre qui est si belle
J’te parle pas des nuits en boite, celles des branleurs et celles des poufs
Je préfère les trottoirs vides quand la ville reprend son souffle
Comment exprimer ce que la nuit m’inspire
Ce qu’elle nous suggère et ce qu ‘elle respire
Ce moment d’obscurité qui met en lumière nos fissures
L’ambiguïté en manteau noir, la nuit fait peur, la nuit rassure
En tout cas c’ qui est sur c’est qu’elle influence nos cerveaux

Prend pas de grandes décisions la nuit tu sais jamais ce que ça vaut
Pourtant elle peut être parfois un moment d’ extrême lucidité
Et c’est souvent la nuit qu’ tu crois détenir la vérité
Chaque nuit la suspicion fête son anniversaire
Et quand tu croises un mec dans la rue il te matte comme un adversaire

Y’a des regards méfiants, menaçants ou pleins de panique
En tout cas c’ qui est bien la nuit c’est qu’ y a personne sur le périphérique
Et si t’as pas de voiture surtout loupe pas le dernier métro
Sinon tu raques un taxi ou tu dors avec les char - clo

Tu découvres alors que la lune n’est pas toujours blonde
Tu découvres la vraie nuit, son vrai rythme et son vrai monde
C’est vrai que la faune de la nuit est assez particulière
Y’ a ceux qui taffent ,y’a ceux qui sortent pour voir les putes ou boire une bière
La police est là aussi alors on peut se manger quelques claques
Quand on répond un peu trop fort lors d’un contrôle de la BAC
Dans ta nuit la journée qui vient de finir se reflète
Tu fais ton p’tit bilan , journée de galère ou jour de fête
Si t’as peur du lendemain tu penses aux proverbes un peu balourds
« la nuit porte conseil » ou bien « demain il fera jour »
Voici une note pour la nuit, douce nuit d’été, ou longue nuit d’hiver
Nuit calme et reposée ou nuit trop riche en faits divers
Nuit blanche lors d’une nuit noire où même la lune s’est dérobée
J’ te propose juste quelques photos de notre monde , face B
Voici une note pour la nuit qui nous a vu remplir tellement de pages
Qu’à cet instant je la fixe sur ma feuille comme un hommage
Elle offre au poète tellement d’heures sans bruit
A c’ qui parait la nuit tous les stylos sont pris

Aube d'Arthur Rimbaud

J'ai embrassé l'aube d'été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombres ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins: à la cime argentée, je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. À la grand'ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.
En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.

 

 

 

A partir des oeuvres de l'exposition de Marie Odile Roger, (http://marieodile.roger.free.fr/ )

Choisir une oeuvre ou plusieurs oeuvres, s'installer face à l'oeuvre et lister une dizaine de mots ou expression en résonance avec cette oeuvre ; écrire un mot qui traverse l'exposition sur un papier volant, l'offrir à quelqu'un ; prélever un mot dans le titre de l'oeuvre choisie et le noter, écrire en utilisant le mot offert et les mots choisis, écrire une évocation et non une description, on écrit « derrière » le tableau, on écrit sur l'univers qu'il déploie, sur le regard que suscite l'oeuvre : qu'est-ce qui surgit en nous ? Prose poétique, évocation, 20 minutes.


Lire son texte sans dire à quelle œuvre il est associé. Echanges avec Marie-Odile : va et vient entre le texte et l’œuvre.

Marie-Odile ROGER - Forêt n°2, symbioses - Encres sur papier, triptyque

La forêt, lieu primitif, espace onirique, chemin où tout est possible ....
Se fondre et se confondre.
Imbroglio végétal, lyrisme du trait.
L’épaisseur de l’ombre, la lumière, l’ordre, le désordre, le fouillis, le changeant, le mouvant.
Paysage réinventé, peuplé d’un personnage exécutant d’étranges chorégraphies, sensations visuelles- sonores- spirituelles.

 

 

 

Écriture au jardin,
Lecture de brèves dont quelques unes de Sei Shonagon (dame de compagnie de la princesse Sadako, XIème siècle), saisie d’un instant, se laisser imprégner par les sensations du moment. écrire bref, simple, intense avec une accroche sensorielle précise, utiliser la formule « chose qui ... », en lien avec une émotion particulière : la honte, l’agacement, l’inquiétude, la désolation. L’incarner avec cette petite phrase. Être dans l’écriture de la sensation, être précis dans l’écriture, on est moins dans l’évocation et plus dans l’instant. 20minutes

http://www.tempslibres.org/tl/fr/notes/autsei.html

 

Utiliser la même proposition en plusieurs vagues d'écriture-lecture au groupe,
Autres propositions :
· « Je pose une pomme sur la table et j'entre dans la pomme... »
· Caviardages
· Jeu Dixit, jeu de Jean-Louis Roubira
http://www.libellud.com/jeux/presentation/dixit.html

- Jeu Fabrique http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/10575

- tarots des contes, tarot de Marseille

Références :

· « Fenêtres sur le monde », Raymond Bozier, édition Fayard
Dans ce livre, Raymond Bozier propose trente-sept fenêtres, chacune liée à une expérience de vie, la vie devenant une suite parcellisée d'univers qui s'ajoutent sans forcément se rencontrer. Noter l’utilisation des phrases nominales.

· Henri Michaux, J'écris pour me parcourir...  http://www.maulpoix.net/Plume.html

· Henri Michaux « La nuit remue » édition  http://aller-plus-loin.over-blog.com/article-michaux-henri-la-nuit-remue-43015637.html

·   Valère Novarina http://www.novarina.com/index.php

·  Annie Ernaux « Journal du dehors » édition Folio,  http://www.lecture-ecriture.com/2955-Journal-du-dehors-Annie-Ernaux

·  Élisabeth Bing « Et je nageai jusqu'à la page » édition des femmes http://www.desfemmes.fr/essais/litterature/bing_jenageai.htm

·  Nathalie Sarraute, les petites phrases chéries qu'on ne veut pas enlever d'un texte

· « L'heure vide » Anne Herbauts, ed Flammarion, (entre chien et loup) http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/5994-l-heure-vide

· « L'aube » de Rimbaud, http://abardel.free.fr/petite_anthologie/aube.htm

·   Barthes « J'aime, j'aime pas » (retour sur le corps)  http://bonheurs.free.fr/listes021030/029barthes.htm

·  Francis Ponge ex le verre d'eau  http://www.plumescroisees.be/adminzone/docs/Verreeau.pdf

·  Perec « je me souviens », « Inventaire des lieux, où j'ai dormi »  http://www.desordre.net/memory/perec/index.htm

   http://paroles2.free.fr/inventaire.html

· « Notes de chevets », Sei Shonagon »  http://www.tempslibres.org/tl/fr/notes/autsei.html

· William Pellier « Le territoire de Teyssières »  http://forets.free.fr/wp/teyssieres/teyss1.html

- « Grammaire des mammifères »  http://forets.free.fr/wp/gm/gmtab.html

- http://theatrelesateliers.phx-media.com/spectacle_doc/dpgramweb.pdf

· inventaires de Dantzig dans « l'encyclopédie du tout et du rien » http://www.bibliosurf.com/Encyclopedie-capricieuse-du-tout

·         http://www.livredepoche.com/livre-de-poche-3133527-charles-dantzig-encyclopedie-capricieuse-du-tout-et-du-rien.html

Arnold Lobel      http://www.ricochet-jeunes.org/auteurs/recherche/2316-arnold-lobel

· Le pendule de Foucault, Umberto Eco, édition du livre de poche
· Inventaires à bascule pour mémoire Sarah d'Haeyer et Dominique Gilliot, ed RitaGada

http://www.lendroit.org/lendroit/index.php?id=796

· F Bon, « Tous les mots sont adultes », http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?rubrique12-

http://www.tierslivre.net/livres/paysfer_film.html

Remarques :


Lecture de textes « apéritifs » avant le temps d'écriture
Chacun(e) lit son texte au groupe et entend les retours du groupe : c'est un moment important d'un atelier d'écriture ; sinon, on pourrait écrire seul(e)
Pas de commentaire préalable à la lecture
Lire à voix haute et entendre son texte, même seul(e)
Écouter la musique des mots, cf Fatrasies
http://www.fatrazie.com/fatras_et_fatrasie.htm

importance du corps dans l'écriture
Aspect positif de la contrainte de temps
Droit de transgresser la consigne
Techniques d'accumulation permettent de mettre les gens en confiance
Saisir les textes pour les partager entre nous, avec Carol et Marie Odile Roger (artiste de la proposition 4)
Outil d'écriture : petit carnet
affiche expo de textes

Bilan

Bonne appréciation des consignes ouvertes, proches de l'esprit de la Pédagogie Freinet
Importance du rythme de la journée
Importance de la taille du groupe (10-12 personnes maximum), travailler en ½ classe en milieu scolaire,

 

stages de formation