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Declic : marre de répondre aux attaques sournoises

Mars 2001

Je suis éreintée de dire clairement, TRES CLAIREMENT, DE PLUS EN PLUS CLAIREMENT, que les innovateurs, dont l'association DECLIC se réclame n'ont rien à voir avec la précarité, la flexibilité, les libéraux, le chômage, la peste et le choléra.

Que j'en ai marre de répondre à ces attaques sournoises qui consistent à penser en raccourci que toute adaptation de l'école se fait au détriment des élèves, que l'usage d'internet est destiné à une préqualification au téléachat sur TF1, que l'innovation est l'action sournoise de suppôts de Madelin, Allègre, voire du diable en personne.
La liberté n'est jamais intrinsèquement attachée aux outils. Elle est dans les mains des valeurs que nous portons. Et comment faut-il dire que nous, qui luttons depuis plusieurs années pour ouvrir un établissement expérimental en Seine Saint Denis, partageons des combats depuis des années pour faire de nos classes et de nos établissements des lieux où les élèves coopèrent, discutent, confrontent, doutent ensemble, nous avons le droit à la confiance. Nous avons le droit de ne pas avoir à nous justifier sans cesse. Nous avons le droit de ne pas être attaqués, traînés dans la boue par des gens qui parfois se contentent de l'existant sans le critiquer.
Les valeurs des conservateurs, de ceux qui se réclament du refus de l'innovation comme d'un axe de combat sont-elles si favorables aux élèves, à la liberté, à la fraternité ? Je ne parle meme pas de l'égalité dont chacun sait qu'elle est chaque jour bafouée à l'école.
Alors, à regarder l'école publique, à y scolariser mes enfants, à y travailler chaque matin, je ne crierais pas, moi, vive le conservatisme parce que les valeurs de l'école d'aujourd'hui, l'arrivisme, l'individualisme, la notation, les classements, les mentions, les bons établissements, (et les mauvais), le management, les réformes avortées, les barèmes, la cogestion, et surtout, surtout, l'absence de débat, de réflexion sur les finalités de tout ça, non, il n'y a pas de quoi crier victoire !
Il y a lieu de continuer à se battre !
 
Véronique Decker (énervée), présidente de DECLIC, en réponse au billet d’humeur d’Hugues Lenoir, paru dans le numéro 124.