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Liaison CM2-6ème

Dans :  Organisation de l'école › Techniques pédagogiques › 
Janvier 2001

 

Liaison CM2 - 6 ème :

des pratiques différentes
 
 
Jean-Paul Jourdan et Michel Barrios nous présentent ici, leurs pratiques visant à dédramatiser le passage au collège, en donnant du temps aux enfants pour découvrir un univers nouveau et l’apprivoiser petit à petit.
 
 

Depuis très longtemps, j'ai négocié avec le collège l'obtention d'une salle pour la journée (vers fin mai-début juin). J'y emmène toute ma classe (ces dernières années un cycle 3, naguère une classe unique du CP au CM2). Ce jour-là, le travail de classe consiste à découvrir le collège sous forme d'enquêtes, d'interviews d'élèves, de profs, de personnel administratif, de personnel d'entretien, de cuisiniers etc…

La salle prêtée est notre QG. A partir de là, et entre une visite du CDI, de la salle informatique et la présence de mes seuls CM2 dans un ou deux cours (maths ou français), nous faisons classe, une classe un peu particulière ayant pour thème bien sûr le collège. Cette année, les CE2 CM1 ont réussi à dessiner le plan du collège, retrouver les endroits stratégiques (vie scolaire, WC, salle audio, salle des profs, infirmerie etc...) ont trouvé les réponses au questionnaire que nous avions préparé, se sont familiarisés avec les nombreuses sonneries (celles du changement de cours, celle des récrés...), ont mangé à la cantine... Bref, ils ont épluché le collège. Et comme j'ai un cycle3, mes CM2 en étaient à leur 3 ème journée, en 3 ans… C'est comme ça tous les ans.

 Et quand j'avais une classe unique, c'était aussi très intéressant d'y amener tous les enfants, du CP au CM2. (et alors là, les mômes avaient leurs 5 journées de collège, avant d'entrer en 6ème...)

De quoi vraiment dédramatiser le passage…

 Michel Barrios

 Un aspect me frappe dans ce que raconte Michel Barrios au niveau de la gestion de la temporalité ; c'est ce qu'il dit sur l'effet de ses visites successives pendant plusieurs années. C'est efficace car c'est comme ça que les apprentissages fonctionnent.

Alors, peut-être que quand on a peu de moyens pour réaliser des visites du collège, on pourrait au moins penser commencer ces visites en CM1 ou en début de CM2 pour que l'enfant ait le temps de se faire une représentation. Deux ou trois passages répartis dans l'année seraient sans doute bien plus efficaces qu'un seul en fin d'année.

On voit bien ici que la liaison CM2/6ème, ce peut être une concertation institutionnelle et/ou un vécu direct des enfants. Il resterait à s'interroger sur les effets de nos choix pédagogiques dans le cadre de la classe de CM2 pour une bonne intégration au collège.

Jean-Paul Jourdan

 





Au tout début de l'ère Jospin, on a vu se débloquer les fonds pour les actions innovantes et l'expérimentation pour l'enseignement des langues vivantes. Nous avions monté ainsi un projet liant les deux : nous avions un intervenant payé en anglais, une aide non négligeable pour rémunérer d'autres intervenants et une aide du SIVU du secteur qui acceptait d'ouvrir le ramassage scolaire aux élèves de CM2.

Comme on ne baignait pas encore dans la psychose de la responsabilité, et comme le collège travaillait encore le samedi matin, chaque samedi, de novembre à mai, les CM2 accompagnés par un "grand du collège", prenaient le car de ramassage et venaient passer la matinée au collège.

Là, ils vivaient une matinée collège avec 3 séquences de 50 mn : une d'anglais, une de sport en général pour la découverte du gymnase et des salles de Gym et une troisième de Techno de sciences ou de musique ... L'instit du CM2 se transformait alors pour un temps en prof de Techno.

Détail amusant : dans la cour du Collège, à la récré que nous avions voulue un peu longue, on voyait dans les coins les groupes d'école se constituer. Les profs du collèges étaient chaque fois étonnés de voir à la rentrée de septembre que tout cela avait disparu et que les enfants semblaient avoir déjà une longue expérience ensemble.

Les élèves étaient enchantés, les parents étaient enchantés, les profs

estimaient gagner de 1 mois à 1 trimestre d'adaptation. Mais … les fonds ont fondu au fur et à mesure que le ministère utilisait les fonds pour éditer des tonnes de cahiers d'évaluation et des milliers de cassettes d'anglais ; les parapluies de la responsabilité se sont ouverts (pouvait-on confier les enfants à des enseignants d'autres écoles etc ; les intervenants étaient-ils qualifiés, quid du transport scolaire etc.); le collège s'est mis à travailler 4 jours par semaine en 6° 5° et le mercredi matin pour les 4° 3°...

 Depuis, les élèves sont accueillis une fois dans l'année. Par petits groupes, ils suivent une classe de 6°. Puis ils revisitent leur collège avec les parents pour l'inscription, accueillis pas des élèves plus grands.

Jean-Paul Jourdan



Michel Barrios,

instituteur de cycle III, à Montsaunés,

membre du Groupe Départemental 31 de l’ICEM.

 

Jean-Paul Jourdan,

instituteur de cycle II et III, à Gilhoc 07

 

 

Chronique de la concertation ordinaire

 

Imaginez d'abord pour bien comprendre la montagne sillonnée par l'Ardéchoise … Au confluent des vallées, le bourg. Disséminées un peu plus haut dans ma moyenne montagne, de petites écoles à une ou deux classes. Dans la vallée, le collège.

Chaque année, notre Inspecteur réunissait au collège les Instits de tout le canton. On se retrouvait ainsi dans une salle de classe. A la chaire les V.I.P : Monsieur le Principal du Collège, Monsieur l'Inspecteur, Monsieur X professeur de français, Monsieur Y professeur de mathématiques etc. Dans la salle les instits : devant les ex-bons élèves, au milieu les anonymes, au fond le grincheux de service (généralement doublé du syndicaliste) et quelques francs tireurs de la pédagogie virulents ou blasés. Ne me demandez pas où j'étais, j'ai essayé au fil des années les 3 places.

Fort heureusement, le cadre était magnifique et l'oiseau Lyre ne tardait pas à descendre.

Depuis deux ans, je ne sais pas comment cela se passe. L'an dernier parce que j'étais en congé. Cette année parce que notre Inspecteur est décédé.

C'est une façon d'imaginer la concertation ... celle des rois du discours et de la pédagogie de papier.

Je suis bien certain qu'on ne peut rencontrer ça que dans la France profonde et que rien ne peut se passer comme ça chez vous.

 

Jean-Paul Jourdan