Raccourci vers le contenu principal de la page

Pédagogie Freinet en Bulgarie

Décembre 2000

 

Florence Saint-Luc et Teresa Flores dressent le bilan de leur séjour en Bulgarie, à l’invitation du Mouvement Freinet Bulgare, au cours duquel elles ont participé à l’encadrement d’un stage de formation.

 

 

 
Le mouvement bulgare
de l’école moderne
 
Le mouvement Bulgare de l'École Moderne a animé 2 stages au mois de mars 2000 : un à Kustendil, l’autre à Bansko. Le bilan de ces deux stages fut très positif, puisque plusieurs personnes se sont inscrites au mouvement Bulgare de l'École Moderne et sont venues pour le stage d’avril à Sofia.
Plusieurs professeurs de français travaillent dans le mouvement. Il est composé d’étudiants, d’enseignants de tous niveaux, de la maternelle à l’université et d’éducateurs. La moyenne d’âge est assez jeune. Il y a plusieurs écoles Freinet actuellement en Bulgarie. Le Mouvement Bulgare, se sentant assez fort, a proposé d’organiser la prochaine RIDEF en Bulgarie.
 
Nous avons été invitées par Antoaneta Toni-Kalenderova, la présidente du Mouvement Bulgare de l'École Moderne.
 
Un stage à Sofia
Education à la paix
et droits des enfants
 
Ce stage, programmé une première fois en juillet 99, n’avait pu se tenir à cause des événements au Kosovo. Il se déroulait dans l’école privée de Toni, sur les hauteurs au-dessus de Sofia, dans une magnifique villa transformée en locaux scolaires lumineux.
Le nombre de participants s’élevait à 70 personnes environ, de tous niveaux d’enseignements et de différentes régions de Bulgarie. Il y avait des expositions, elles étaient riches et variées. Un journal est sorti tous les jours, contenant les comptes-rendus d’activités, divers articles, des photos...
 
La table ronde
sur les droits de l’enfant
 
Une table ronde sur les droits de l’enfant était prévue à l’université de Sofia, avec des présentations (des chants d’enfants, ainsi que l’intervention d’un adolescent de la maison d’enfants « Assen Zlatarov » en ont été les temps forts ), des débats et des questions. Etaient présentes diverses organisations et fondations qui travaillent pour la défense des enfants. Cette action a été d’une grande répercussion, tant sur le plan pédagogique que social.
 
Les ateliers
 
-La diversité, source de richesse et de conflits (Teresa Flores)
-Le texte libre (Emilia Bikarska)
-Écoutez ! Nous aussi, nous avons
des droits... (Genadi)
-Les contes et les droits de l’enfant (Bissert)
-Stratégies contre la violence (Antonaeta Kalenderova et Sylvie Guyenot)
-Lutter contre la violence (Florence Saint-Luc)

 



Les intervenants étrangers
 
Le mouvement bulgare avait demandé à Teresa Flores d’intervenir pensant que son rôle de présidente de la Fédération Internationale des Mouvements de l'École Moderne pourrait être utile auprès du Ministère bulgare de l'Éducation Nationale et de l’université. Teresa et moi avons pu nous rencontrer le vendredi soir pour préparer le stage avec Toni et Maria, les responsables du mouvement bulgare.
 
Florence : Le samedi, j’avais 2 heures pour me présenter, avec mon expérience professionnelle, tant en classe que dans le mouvement français, au niveau local, national et international. Les questions des participants ont orienté l’intervention vers une analyse importante de la pratique, et de manière de lutter contre la violence au sein de mon école.
 
Teresa: Le dimanche, je devais présenter deux exposés, sur la FIMEM, en tant que présidente de la FIMEM, et sur le MCEP. L’emploi du temps étant très serré et les difficultés de traduction importantes, les informations demandées ont été publiées par écrit dans les revues.
 
J'ai pensé qu’il serait plus intéressant de parler des débuts du MCEP, parce que pour eux, le temps du socialisme a été un moment de manque de libertés très important et assez parallèle à notre situation politique en Espagne, bien que curieusement il y ait eut des manifestations extérieures si différentes.



Nous avons abordé le thème de la formation des groupes Freinet, et comment furent nos débuts, en nous rappelant ces années d’enquêtes, de recherches et d’études pendant lesquelles un stage de week-end servait à initier 20 enseignants qui à leur tour en formaient d’autres. J’ai situé le débat sur les points suivants : appliquer les principes de la pédagogie Freinet à la formation de l’enseignant :
a) Partir de la réalité de chacun des personnes du groupe ;
b) Le tâtonnement expérimental comme forme d’apprentissage et d’application de la connaissance : essayer, avancer, réfléchir…;
c) La recherche et la formation personnelle, et, pour cela, traduire les articles intéressants, se servir des langues qu’ils connaissent pour souscrire des abonnements à des revues de mouvements de différents pays où l’on peut recevoir des idées sur des expériences et suivre des débats ;
d) La mise en commun des expériences quotidiennes, pour pouvoir aller plus loin, les transmettre et reconnaître la valeur du travail ;
e) Le travail coopératif pour communiquer, échanger, apprendre à apprendre, en réalisant des projets communs, en approfondissant le travail. J’ai mis l’accent sur le fait que ce n’est pas tant les techniques, ni l’absence de matériel, qui oppriment, mais qu’il faut plutôt prendre conscience que l’on est animé par une philosophie déterminée, et que l’on a besoin de personne pour venir se former, en prenant en compte le niveau de gêne que l’on peut avoir et la clarté dans la façon de poser les problèmes.
 
Teresa Flores
MCEP (Mouvement Freinet espagnol)



Les visites de classe
 
Nous avons été invitées à visiter trois lieux :
 
1°- L’école N°99 “Brezitchka” (le bouleau) est située au centre de Sofia. Beaucoup de moyens humains ont été mis à la disposition de cette école, qui a très bonne réputation à Sofia. Elle compte plusieurs adhérents au mouvement bulgare depuis quelques mois. Plusieurs impressions se dégagent de cette visite : de la créativité, un profond respect de l’environnement, des enfants impliqués dans leurs activités, beaucoup de sérénité.
 
2°- l’école Zornitsa, unité Freinet au sein d’une école traditionnelle. Il y a un contraste saisissant entre les deux parties du groupe scolaire public. Les couleurs et la vie sont présentes dans la partie “Freinet”, et absentes dans l’autre morceau du groupe scolaire. L’édifice a une certaine majesté. Par contre, les locaux sont vraiment exigus. Un des grands projets de l’année dernière a été la production d’un calendrier sur les droits de l’enfant, avec des peintures et des poèmes. Bisser, l’éducateur qui s’occupait de ce projet, a présenté un groupe d’enfants avec 3 créations de chansons sur les droits de l’enfant pendant la table ronde.
 
Florence Saint-Luc
ICEM, groupe départemental du Var
 
3°- Visite à la maison d’enfants “Assen Zlatarov”
 
Zoïa Milanova, psychologue scolaire, a fondé cette maison d’enfants. Elle applique les principes de la pédagogie Freinet dans son établissement. La maison d’enfants a été créée par une fondation en 1936, eIle était prévue pour accueillir des orphelins mais elle a fini par accueillir 90 garçons et filles de 7 à 18 ans provenant de familles déstructurées de toutes sortes : 50% d’enfants tsiganes de mères célibataires, 5 % d’orphelins, le reste du groupe étant constitué d’enfants issus de familles monoparentales ou de parents plus ou moins invalides ou accusés de mauvais traitements envers leurs enfants.
L’équipe éducative est composée de 20 spécialistes, parmi lesquels quatorze ont fait des études de pédagogie sociale et sont les tuteurs, il y a aussi un assistant social, et plusieurs éducateurs qui sont aidés par des élèves des écoles et des volontaires de la Croix Rouge.
 
L’essentiel des objectifs se situe autour de l’autonomie, pour que les habitants du centre apprennent peu à peu à se débrouiller pour voler ensuite de leurs propres ailes. Les enfants concernés par cette forme de travail sont ceux ayant été victimes de mauvais traitements, de violences sexuelles ou de l’alcoolisme de leurs parents, ou encore d'hyper protection avec profonde dépendance. Dans ce cadre, le travail se fait dans des groupes très réduits. Une autre orientation est la créativité. Une exposition a été organisée avec certaines productions de réelle qualité.
 
Chaque groupe est initié à la pédagogie Freinet par le biais des ateliers et des conseils de coopérative hebdomadaires avec des spécialistes et les enfants pour l’organisation générale. Ce n’est pas une pratique habituelle en Bulgarie ; la tendance dans des centres de ce type est de tout faire à la place des enfants, ils ne sont pas du tout préparés à la vie et cela accentue encore plus leurs problèmes. Maintenant les élèves travaillent pour eux-mêmes et les résultats sont visibles.
 
Comme dans les autres maisons d’enfants, les élèves suivent une scolarité normale près de leur maison d’enfants. Les éducateurs essayent d’avoir une action coordonnée avec les professeurs, adaptant sans cesse leur forme de travail. Il faut signaler que ces enfants sont répartis dans différentes classes et écoles pour faciliter au maximum leur intégration. Presque tous sortent habituellement les week-ends pour visiter leur famille.