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L'oral est à la mode

Octobre 2001

On parle beaucoup de développer l’apprentissage de l’oral à l’école. Chouette c’est tout ce que l’on fait dans nos classes avec la prise de parole des élèves, les réunions de classe, les présentations et exposés, les débats et échanges d’arguments, le « Quoi de neuf ? » du matin.

 
« Quoi de neuf ? » horreur, vous avez dit « Quoi de neuf ? » ??? Les oreilles sifflent. D’après des échos divers cette activité fréneitique ne serait pas en odeur de sainteté.
 
Comment ? Faire entrer dans l’école la vie de l’élève au risque d’être en situation délicate par rapport à la révélation de situations difficiles, laisser s’exprimer le langage courant alors que l’école doit donner la référence du bon langage, accepter la répétition de faits de vie sans intérêt comme le récit des sempiternels repas d’anniversaire ou du WE devant la télé.
 
Non, l’expression orale doit être autre chose, de plus exigeant, de plus didactique, de plus... Exit le « Quoi de neuf ? »

On parle beaucoup de travailler l’expression écrite, c’est normal, c’est une des missions essentielles de l’école. Chouette, là c’est vraiment quelque chose que l’on pratique beaucoup avec tous les écrits liés à la vie de la classe, comptes rendus de visites, d’expérience, lettres aux correspondants, écritures et création de poésies, de contes, de récits imaginaires, écriture support pour les exposés, les présentations à l’oral, textes libres.

 « Texte libre ? » horreur, vous avez dit  « Texte libre » ??? Les oreilles re-sifflent. D’après des échos divers cette activité fréneitique ne serait pas en odeur de sainteté.

Comment ? Se contenter de laisser écrire librement l’élève au risque de le laisser mijoter dans la pauvreté de son vocabulaire et de ses idées, accepter la permanence des écrits narratifs du type récits de vie sans même un travail préparatoire permettant des constructions de référents, une approche des outils et inscrivant l’écriture dans une démarche d’apprentissage bien structurée, codifiée et évaluée.
 
On n’a jamais autant évoqué Freinet ces derniers temps que pour en souligner la désuétude et en critiquer les techniques. Tant pis, ma classe s’enrichit du « Quoi de neuf ? », tous les lundis, respiration indispensable et source d’expression orale et écrite donnant vie à la vie de classe  et motivant l’écriture comme la prise de parole. Quant aux textes libres, ils ne sont pas encore assez nombreux ou pas assez libres mais je compte faire quelque chose, j’y réfléchis. Mais chut, il ne faut pas le dire.