L'Educateur n°11 - année 1949-1950

Mars 1950

DITS DE MATHIEU - Le voiturier attardé

Mars 1950

Arrêté sur le bord de la route, occupé à réparer un trait pendant que le cheval harassé mangeait son avoine, le voiturier attardé maudissait les transports modernes :

— Ils peuvent varier de leurs nouveautés ! Ils vont plus vite que nous, cela ne fait point de doute, mais que voient-ils en chemin, si ce n’est le déroulement vertigineux des paysages dont nous jouissons, nous, avec intensité ? Et dans quel état parviennent-ils au but, lorsqu’ils y parviennent, et forts de quelles richesses ?

Si nous dressions un bilan loyal...

— Qui serait faux parce que vous n’avez plus de communes mesures ; parce que la ligne d'arbres défilant derrière la vitre d’un train ne ressemble en rien à la bordure fleurie que vous longez au pas sonore de votre attelage...

— C’est justement cette illusion de la vitesse que je redoute, non seulement pour la griserie dont elle semble nourrir les esprits mais aussi pour la déformation systématique qu’elle provoque.

Vous pensez que je retarde ! J’ai été fait voiturier ; j’ai bien en mains guides et fouet ; je connais ma route sur laquelle je n’ai d’ailleurs qu’à suivre mon fidèle cheval. Je ne redoute ni de verser, ni d’accrocher dangereusement quelque autre véhicule, ni de brûler les signaux et de m’égarer dans quelque dangereuse voie de garage.

C’est sans doute d’ailleurs parce que je représente la tradition et la sécurité qu’on charge encore sur ma voiture quelques voyageurs attardés qui m’abandonnent à la première halte pour enfourcher la bicyclette ou prendre le train. Je ne peux tout de même pas abandonner mon cheval ni cette voiture qui roule depuis cinquante ans et peut bien voir encore ta fin du siècle !

Ma foi ! les jeunes gens ont peut-être raison. Le passé leur est léger et ils affrontent la nouveauté et la difficulté avec une témérité qui nous déconcerte. Ils craignent moins que nous les virages et les culbutes.

Leur choix est fait. Ils vont vers la vie.

 

Projet de motion pour la reconsidération de la fonction d'Educateur

Mars 1950

Plus une fonction est délicate, plus elle demande des techniciens avertis, entraînés et consciencieux.

Il ne fait pas de doute que la fonction d’enseigner est une des plus difficiles, une de celles qui ont le moins profité jusqu'à ce jour des grandes conquêtes scientifiques de l’homme, et pourtant une des plus éminentes si on en considère la portée sociale et humaine.

Nous avons dit les conditions matérielles, physiologiques et sociales sans lesquelles l’éducateur ne peut exercer sa fonction avec efficience.

Il faut que nous insistions aussi sur la part prépondérante du technicien éducateur dans le processus de formation des jeunes générations.

La pédagogie a trop considéré jusqu’à ce jour que l'éducateur était apte, par sa seule nature, son rayonnement, sa parole et son action à satisfaire à toutes les exigences de l’Ecole.

La tendance contraire, trop mécaniste, ne laisserait plus à l’éducateur qu’un rôle accessoire de meneur de jeux ou de contremaître d’équipe.

La qualité du travail que nous recommandons a d'autres exigences : l’éducateur doit être dans sa classe aux écoutes de la vie ; il doit apprendre à vibrer avec l’enfant et à servir et accélérer les éclosions qui se préparent. Il doit, outre cette besogne, essentiellement sensible et psychologique, être en même temps le maître qui sait donner l'exemple, montrer la voie, offrir au moment voulu la nourriture essentielle dont nous avons créé le besoin.

Cette double qualification de l’éducateur, psychologique et technique, nous devons la mettre en valeur pour donner tout son sens et sa dignité à une des fonctions les plus délicates de la société actuelle.

Nous pourrions codifier comme suit les revendications essentielles touchant la fonction d'éducateur :

1° Changement d'atmosphère de la classe dans laquelle l’éducateur ne sera plus ni l’adjudant ni l’homme en proie aux enfants, mais l’animateur, le guide, le compagnon sensible et compréhensif.

Ce changement suppose :

а) Une conception nouvelle du travail scolaire ;

б) Des conditions de matériel, de locaux et d'outils permettant ce travail scolaire ;

c) Une adaptation plus poussée des programmes et des examens aux exigences et aux besoins des enfants dans leur milieu.

Toutes revendications que nous avons formulées d’autre part.

2° Conditions normales de travail par la satisfaction des revendications pédagogiques dont nous avons dit la prédominance dans la fonction éducative

3° Santé nerveuse et physique de l'éducateur.

Nous demandons que soient respectées dans nos classes les règles élémentaires d’hygiène et que le respect de ces règles soit contrôlé par les services d’hygiène au même titre que lorsqu’il s’agit de locaux commerciaux et industriels :

— Volume d’air ;

— Aération ;

— Effectifs ;

— Espaces libres pour récréations ;

—- Surveillance médicale efficace des enfants

4° Culture :

Culture non seulement dans la période de préparation au métier mais pendant l'exercice de notre métier par toutes facilités accordées pour l’étude l'expérimentation et la recherche, individuelles et coopératives, à même le travail dans no« classes.

5° Reconsidération des rapports entre, éducateurs et directeurs ou inspecteurs rapports qui doivent être établis sur les mêmes bases qui ont montré leur valeur dans la reconsidération des rapports entre élèves et maîtres.

6° Action sociale des éducateurs. La laïcité n'exige point des éducateurs une neutralité passive qui serait comme une émasculation de qui doit enseigner la virilité et la vie.

L’éducateur doit donner l’exemple du civisme, du courage civique, de la dignité de l'homme et du citoyen.

Nous pouvons être persuadés qu’un éducateur qui se sera ainsi intégré aux nécessités et aux exigences d’un métier qui l’enthousiasme, ne fera rien pour desservir les buts humains qu’il s’est fixé.

La qualité du courant qui sort d’une installation électrique est fonction non seulement des connaissances techniques et des qualités humaines de l'ingénieur et des ouvriers qui sont à la besogne, mais aussi de la perfection des recherches scientifiques qui ont servi de bases aux réalisations techniques, de la puissance du canal d’amenée, de l’état des machines productrices de courant et des relations idéales entre les diverses pièces du mécanisme.

C’est à la réalisation complexe de ces conditions indispensables d’une bonne éducation que nous devons nous appliquer.

Alors, mais alors seulement, nous pourrons, selon nos vœux, préparer en l’enfant l’homme de demain.

 

Vie de l'ICEM

Février 1950

 

Quelle est la part du maître ? Quelle est la part de l'enfant?

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Questions et réponses

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La vie de l'Institut

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Correspondance Internationale

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Dans une classe unique

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A propos de folklore

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La géographie à l'Ecole Moderne

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Pour la musique libre

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De la discipline à l'école des villes

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Réalisations techniques

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Essai de psychologie sensible appliqué à l'éducation

Mars 1950