L'Educateur n°2 - année 1965-1966 - Technologique 1er degré

Octobre 1965

Quelques conseils de début d'année

Octobre 1965

Nos techniques sont en train de se développer sur une large échelle et la pédagogie officielle en sera sous peu profondément influencée.

Si notre but était seulement de trouver de nouveaux adhérents et de placer du matériel et des éditions, nous pourrions nous montrer très satisfaits. Mais il nous faut éviter en même temps que se pervertisse sous le nombre une pédagogie que nous voulons obstinément libératrice.

La chose serait relativement facile si nous possédions des organes de presse à grande diffusion susceptibles de contrebattre la presse de fa pédagogie traditionnelle, et surtout si nous avions des possibilités de recyclage à la mesure de nos besoins : stages de plusieurs semaines pour responsables à l'institut Freinet de Vence, très nombreux stages d'une semaine pendant les vacances, stages départementaux et régionaux officiellement organisés avec des instructeurs Ecole Moderne, visites presque permanentes d'Ecoles-témoins, expositions et démonstrations, films, radio et télévision. Comme, à ce jour, nous ne bénéficions d'aucun avantage officieux ou officiel pour ce recyclage, nous ne pouvons compter que sur la bonne volonté à peu près sans limite de nos adhérents, et la compréhension intelligente d'un nombre croissant d'inspecteurs, de Directeurs d'Ecoles Normales et de chercheurs de tous niveaux.

Et, dans l'ensemble, les progrès enregistrés sont réconfortants.

Notre progression se fait exclusivement par tâtonnement expérimental. Nous n'avons jamais pensé que, tout d'un coup, comme par miracle, 100, 1 000, 50 000 écoles vont, à un moment précis, adopter les techniques Freinet de l'Ecole Moderne pour lesquelles toute une organisation spécialisée les aurait systématiquement préparées. Non, les choses ne se passent jamais ainsi dans la vie ; on ne change pas brusquement de technique de vie et de travail. Nos réussites — et elles sont aujourd’hui nombreuses et spectaculaires — ont, du seul fait qu'elles sont réussites, une résonance certaine dans les milieux enseignants et même hors de l'Ecole. Une brèche a été ouverte dans le vaste complexe de formation de l’enfance et de la jeunesse ; le mouvement en avant qu’elle suscite agite de ses vibrations et de son appel la masse croissante des hommes inquiets devant les problèmes nouveaux qui s'imposent à eux. Il y a comme une lente imprégnation qui se produit. On adopte rarement en bloc notre pédagogie. On ne veut pas se lâcher des mains tant qu’on ne touche pas des pieds. On commence par une technique, celle naturellement qui apparaît comme la plus évoluée et qui semble répondre au mieux aux plus pressants besoins. Ce sera la plupart du temps le texte libre, les fichiers autocorrectifs ou la correspondance. Si ce premier tâtonnement réussit on ira ensuite plus avant.

Mais ce progrès nécessaire suppose des exemples et des témoins. Si, dans la famille, les parents parlent une langue pure, l’enfant qui commence à jaser s'efforcera de les imiter et il parviendra immanquablement à parler parfaitement leur langue. S’il n'avait autour de lui que des personnes employant une langue incorrecte, il se satisferait d’une pratique insuffisante. Telle est la loi du tâtonnement expérimental.

Il est normal que les éducateurs débutent dans nos techniques par des ersatz gravement imprégnés encore de scolastique. Ils s'y scléroseraient s’ils n’avaient pas l’exemple encourageant de meilleures réussites.

Cette réalité nous dicte notre tâche actuelle : offrir à cette masse d’éducateurs qui éprouvent le besoin de changer leur technique de travail :

— un réseau de classes-témoins qu’ils pourront visiter, où ils pourront voir notre matériel et nos techniques en action pour s’imprégner de leur exemple ;

— l’appui et les conseils de nos groupes départementaux ;

— le cours par correspondance ;

— nos livres et revues ;

— nos films.

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Nous mettons en garde les nouveaux venus qui croient pouvoir aborder nos techniques sans ce nécessaire tâtonnement contre certaines erreurs — de jeunesse — qui risquent de compromettre la portée générale de notre pédagogie.

1i°. Les jeunes réagissent trop souvent en face de nos techniques comme les écoliers qui, comprimés pendant plusieurs heures de classe, contraints à des devoirs contraires à leurs aspirations, voient s'ouvrir à onze heures les portes de l’Ecole. Ils explosent. Ils se livrent à une série d'actes et de gestes sans autre raison que celle de se détendre de l’oppression qu'ils ont subie.

Ils ne sont plus opprimés mais ils ne sont pas encore vraiment libres. Ils subissent le contrecoup de l’oppression ; ils n'ont pas encore trouvé le comportement qui, hors de cette contrainte, pourra asservir leur autorité. Le mot liberté est certes comme un flambeau dont nous connaissons la portée sociale. Mais le mot ne suffit pas. La liberté n'est pas seulement l'absence d'oppression ; elle doit être surtout une réalité sociale constructive et dynamique.

Cette notion de liberté n’est d’ailleurs pas la même dans un régime — qu'il soit scolaire ou social — conçu sur l'autorité et la servitude, ou dans un milieu coopératif avec ses limitations humaines et ses exigences.

Vous ne vous contenterez pas de dire aux enfants : Vous êtes libres ! et de leur laisser faire anarchiquement tout ce qui leur plaît. Vous organiserez le travail nouveau à base coopérative ; vous serez vous-mêmes non plus le maître omnipotent mais le coopérateur, le travailleur conscient de l’équipe. Au fur et à mesure que se fera cette transformation, naîtra la liberté, et cela sans passer par ce vide dangereux où l’individu libéré de ses chaînes n'a pas encore su se forger les règles naturelles d’une vie harmonieuse et efficace.

2°. Une autre erreur de jeunesse qui risque de vous ramener à la scolastique dont vous avez voulu sortir : les exploitations abusives.

Après en avoir lancé l’idée il nous faut maintenant nous défendre contre cette manie de l'exploitation,

A l’origine, nous recommandions d’exploiter le texte libre, c’est-à-dire d'en tirer le maximum dans le sens de l'intérêt de l’enfant et de l’acquisition des connaissances qu’il souhaite parce qu'il en sent la nécessité. Le texte libre ouvre des pistes, et c'est une de ses éminentes fonctions. A nous d’aller le plus avant possible vers ces pistes où nous progresserons avec un maximum de profit.

Mais il y a deux travers qu’il nous faut éviter :

a) Ne pas se contenter de tirer du texte libre tout ce qui peut servir la vie, mais en extraire surtout ce qui peut servir la scolastique, le texte d'enfant étant seulement substitué au texte d’adulte dans le déroulement des leçons.

C’est, hélas ! la tendance presque générale : on «fait» texte libre une ou deux fois par semaine. Les autres jours sont consacrés à l’exploitation méthodique du texte dans tous les domaines.

Certes cette technique n'est pas totalement condamnable. Elle est peut-être même recommandable pour les débutants à la condition qu’ils sachent plus tard aller plus loin hors de la scolastique. Elle réalise en somme les centres d'intérêt decrolyens avec cette amélioration qu’ils sont fondés sur les véritables besoins des enfants,

A généraliser cette pratique on court le risque que cette exploitation comporte une telle part d'exercices scolastiques qu’elle repousse au second rang, au rayon des accessoires, les vertus vivantes du texte libre.

C'est pourquoi nous recommandons un texte libre le plus fréquent possible, avec seulement une rapide exploitation en chasse aux mots (vocabulaire) et en grammaire.

En tous cas, ne jamais tirer cette exploitation par les cheveux.

b) Et nous mettons en garde contre l’exploitation immédiate et profonde d'un centre d'intérêt, technique idéale certes, mais que ne peuvent pratiquer sans risques que les éducateurs exceptionnellement habiles dans l’improvisation nécessaire, et qui bénéficient d'une organisation très poussée du matériel de travail.

Cette exploitation peut être possible au CP. Passé ce degré nous recommandons aux maîtres de noter les pistes à exploiter, cette exploitation pouvant faire l'objet ensuite d’une préparation technique sérieuse, avec fiches-guides et bandes.

3°. Il faut surtout vous efforcer de modifier votre attitude et votre esprit.

Vous avez été formé à l’obéissance d'abord, au commandement ensuite.

Vous avez tendance à commander vos élèves, à leur donner des devoirs dont vous contrôlez et sanctionnez l'exécution ; vous expliquez autoritairement et vous êtes persuadé que c'est l’enfant qui est coupable s’il n’a pas compris. Il en résulte que l'enfant reste mineur et asservi et que de ce fait il ne peut pas éclore normalement. L’opposition persiste, toujours perturbante entre les maîtres et les élèves, entre l’Ecole et le milieu.

La nouvelle conception de l'Ecole nécessite que le maître descende de son piédestal et que, à même le travail collectif, il sache s'intégrer à la communauté, pour en accepter la loi.

S’il est un bon ouvrier, s’il parvient à situer correctement la part du maître, il gagnera en considération et autorité.

Vous ne parviendrez jamais du premier coup à une pratique totalement satisfaisante de nos techniques. Il suffit que vous ayez conscience de ces insuffisances et que, sans hiatus dangereux, dans l’ordre et l'efficience, vous substituiez à la classe traditionnelle l’éducation du travail.
C. F.

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P.S. J'en étais là de mes conseils quand j’ai reçu un Guide pédagogique rédigé par les IP Mareuil, Legrand et Cruchet, et édité par Hachette à l'intention des débutants.

Disons tout de suite que nous avons là un travail honnête et sage où, sans parti pris, les auteurs ont examiné le problème complexe de la conduite d'une classe et les conseils qu'on peut donner à des jeunes pour qu'ils puissent y réussir sans drame. Nos techniques et notre pédagogie y ont d’ailleurs la place importante qu’elles méritent. Certes, ce guide a l'inconvénient de tous les guides encyclopédiques. Pour rester impartiaux, pour permettre aux jeunes de choisir eux-mêmes la ligne de leur activité, les auteurs croient nécessaire et utile de présenter tout l'éventail des méthodes, du matériel et des livres actuellement à la disposition des éducateurs.

Nous craignons que la plupart des jeunes s’y noient, qu'ils voient tant de méthodes et tant de matériel côte à côte, également vantés, également recommandés, qu'ils en arrivent à croire que toutes les pistes sont également valables et qu'ils peuvent à leur gré choisir les unes ou les autres.

Nous préférerions que dans un tel guide qui doit malgré tout orienter vers les solutions souhaitables, apparaissent certaines lignes majeures, ostensiblement soulignées, accompagnées de lignes accessoires également signalisées. Les auteurs nous répondront qu'ils ont voulu s’adresser à la masse des éducateurs, sans aucune présentation partisane, ce qui est tout à la fois, pour l'œuvre réalisée, une force et une faiblesse.

Ce sont là critiques relatives à la conception générale de l'ouvrage, Si nous entrons quelque peu dans le détail nous signalerons qu’un oubli a été commis au chapitre de l’apprentissage de la lecture au CP. Les auteurs parlent de trois méthodes en concurrence ;

— la méthode synthétique (ou syllabique) ;

— la méthode globale ;

— la méthode mixte.

Ils ont oublié notre méthode naturelle qui a maintenant droit de cité.

Nous pourrions dire que ce guide est strictement informatif mais nullement «directif». Les auteurs sont certainement conscients de cette tare presque inévitable puisqu’ils ont tenu à préciser au début du livre quelles sont, aujourd'hui les fins nouvelles de l’Education, en vertu desquelles le maître devra œuvrer, en choisissant lui-même les méthodes el les outils qu’il jugera souhaitable,

« En forçant un peu les réalités, on pourrait dire que la vérité scientifique d’aujourd'hui sera dépassée demain ; donc qu'il ne sert « rien d'apprendre la science d’aujourd'hui. Comme la science de demain n'existe pas encore, les jeunes esprits ont seulement besoin d'acquérir, sous notre direction, avec des connaissances de base, des méthodes de travail ». Et le Guide se termine par ces conseils :

« Gardez votre personnalité, travaillez, restez étudiant. Voyez clair en vous. Prenez conscience, de l’importance de la mission acceptée. Soyez optimiste ! ».

Ce sera aussi notre conclusion pour les jeunes qui auront intérêt à se munir de ce guide.

 

La partie pratique de l'Educateur

Octobre 1965

Nous avions parlé de publier cette année un certain nombre de plans-guides d’exploitation pédagogique pour les principaux complexes d’intérêt, avec références à nos diverses éditions. On nous a objecté que nos divers répertoires, et notamment " le nouveau Pour-tout-classer " qui doit sortir incessamment, permettent aux maîtres et aux élèves de trouver instantanément les documents dont ils ont besoin pour une bonne exploitation. Il reste aussi, et nous l’expliquons ci-dessus, que nous élargissons considérablement cette notion d’intérêt. Sauf quelques cas exceptionnels, où la classe est tout entière concernée par un fait ou un événement, on ne peut pas dire qu’il y ait vraiment un centre d’intérêt valable pour toute la classe. Une fois atténuée la vague plus ou moins haute suscitée par le texte libre, chaque enfant retourne à ses options et à ses soucis, et à ses joies aussi : l’un pensera à un album, l’autre à sa conférence, un autre à ses difficultés au sein du groupe. Le véritable intérêt pour chacun d’eux passe inévitablement avant l’intérêt suscité par le texte libre, à moins qu’il se confonde accidentellement avec lui,

Pendant longtemps les Centres d’intérêt genre Decroly ont constitué une technique plus facile et plus efficace que la dispersion actuelle des activités. Nous avons maintenant des outils nouveaux de travail : BT, fichiers, bandes et classification originale qui nous permettent d’aller plus avant dans une individualisation du travail dans le cadre de la vie active de la classe. Nous serons ainsi plus près de nos élèves, par et pour une meilleure pédagogie.

Nous dirons notamment en cours d'année comment nous nous appliquons à résoudre ce problème des complexes d'intérêt, notamment par l'organisation de deux à trois heures de travail libre par jour,

Nous serions heureux que les camarades qui expérimentent dans ce sens nous fassent part de leurs observations, et que ceux qui préfèrent l’exploitation plus directe de leurs textes libres, nous donnent aussi leurs raisons.

Cette année encore la partie pédagogique sera plus particulièrement consacrée à l'expérience et à la mise au point des bandes enseignantes.

Nous rappelons à nos camarades qui ont à préparer cette année leurs plans de travail de sciences que nous avions publié, au cours de l'année 63-64, des tableaux et des plans qui leur seront précieux.

C.F.

 

Rencontres pédagogiques à CANNES (A-M)

Octobre 1965

 

Notre cours par correspondance

Octobre 1965

Nous avons déjà dit son succès et l’encouragement qu’il nous vaut pour continuer. En fin d'année nous avons adressé un questionnaire aux participants. 80 d’entre eux nous ont répondu. Nous donnons un bref aperçu de leurs réponses :

— Un certain nombre de camarades s’excusent de n'avoir pu envoyer leurs devoirs régulièrement, à cause d’un excès de travaux dans leur fonction ou par suite de conditions de famille préoccupantes.

— On ne se plaint pas d’ordinaire de l’importance des devoirs. Il est en effet difficile de trop fractionner les thèmes.

— Tous nos stagiaires sont satisfaits de la présentation des cours avec bande technologique et bande psychologique.

— Le principe de la synthèse a donné satisfaction à tous. Il est très difficile de doser ce cours et il nous a fallu tenir un juste milieu entre un b, a : ba réclamé par certains débutants et un travail plus sérieux pour ceux qui n’ont pas rechigné à la besogne.

— Le système des Parrains est la grande nouveauté de nos cours. Quand il a bien fonctionné les stagiaires ont été enchantés. A nous de mieux en régler le fonctionnement.

— Ces stagiaires nous ont donné d'ailleurs des idées sur la variété des thèmes plus spécialement désirés,

— Tous les stagiaires reconnaissent avoir gagné à ce cours non pas une initiation technique mais une conscience profonde de leurs imperfections et des possibilités qu’ils peuvent aujourd’hui mesurer.

« Le plus important, écrit un camarade, c'est de m'avoir fait connaître le métier d'instituteur sous un jour nouveau et de me l'avoir fait aimer ».

Et voici, pour terminer ce rapport succinct, ce que nous écrit ce même camarade : « J’attendais d'avoir participé au stage normand pour remplir cette feuille. J'en reviens bouleversé par l'esprit et l’ambiance de sincère camaraderie que j'y ai trouvés, et que je croyais disparus du corps enseignant. Je suis comblé par tout ce que j'y ai appris.

Au cours de l’année, j'avais étudié toutes les BEM et suivi le cours par correspondance mais j’éprouvais sans cesse de nouvelles difficultés que je m'expliquais mal. Tout s’est éclairé au cours de ce stage qui fut une sorte de magnifique synthèse. Après 30 ans de métier, il me semble que je renais ».

Nous allons donc reprendre et continuer notre cours. Camarades intéressés, inscrivez-vous d’urgence,

C. F.

Bulletin d’inscription à la page 18 de l’Educateur Magazine n° 1

 

Bandes enseignantes : ATELIER DE CALCUL (CE cl. de perf)/ A PARIS EN 1900

Octobre 1965

 

Complexe historique

Octobre 1965

 

Bande enseignante : LES PAYSANS AU XVIIIe SIECLE / VOYAGE COOPERATIVE

Octobre 1965

 

Bandes enseignantes et programmation

Octobre 1965

C'est notre grande entreprise actuelle, celle pour laquelle nous avons à poursuivre, tous ensemble, notre tâtonnement expérimental.

Nous avons désormais une base :

1°. Notre cours de calcul pour lequel nous venons de terminer l'édition de la dernière série de bandes CEG, de 101 à 120.

Il s'agit là d’une première réalisation technique, celle qui était en somme la plus facile à mettre au point. Nous précisons bien qu’elle n'est pas vraiment représentative de notre conception de la programmation. Elle serait plutôt du type américain, conçue pour faciliter l'acquisition des mécanismes. Ces bandes ne cultivent pas l'esprit mathématique, dont nous disons la nécessité, Cet esprit nous aurons à le préparer par la pratique du calcul vivant et par des bandes de travail dont nous allons dire la conception.

Il se peut que la programmation de ce travail soit critiquable. Toutes nos réalisations sont critiquables, Il nous suffit d'affirmer — et vous en ferez vous-mêmes l'expérience — qu'elles sont en très net progrès sur tout ce qui existe à ce jour pour cet enseignement ; et qu'elles ont l'avantage, sur toutes autres éditions, de permettre une permanente mise au point.

C’est cette mise au point que nous faciliterons par notre rubrique spéciale à laquelle nous vous invitons tous à collaborer.

— Il y a d'abord les erreurs matérielles, les fautes d'imprimerie, les erreurs d'opérations, les coquilles. Nous vous les signalerons en vous engageant à faire vous-mêmes, sur les bandes, les corrections recommandées.

— Il y a ensuite ce que nous pourrions appeler des erreurs de méthode. Il se peut que dans la liste des bandes que nous vous livrons apparaisse un trou qui gêne le déroulement de l’apprentissage. Le trou, nous le comblerons par une bande - bis que nous publierons dans L’Educateur et qu'il vous suffira de copier sur bande pour l'incorporer dans votre série.

Nous devons parvenir ainsi, avec votre collaboration à tous, à l’établissement d’un Cours de calcul qui doit vous donner satisfaction,

2°. Notre cours de Français : Celui-là ne doit rien à la scolastique. Il est d'une conception absolument originale, conçue sur la base de notre nouvelle théorie d'apprentissage par tâtonnement expérimental.

Il nous aurait été facile de procéder comme pour le calcul et de nous contenter de mettre sur bande un cours classique de français, avec définitions grammaticales et syntaxiques et exercices correspondants. Et c’est sans doute ce qu’attendaient nombre d'éducateurs.

Or, nous avons voulu rester conséquents avec nous-mêmes : nous sommes contre la grammaire dont nous avons dit l’inutilité au premier cycle. Nous ne pouvions pas faire un outil pour l’apprentissage plus ou moins traditionnel île cette grammaire. D'autant plus que nous sommes maintenant officiellement encouragés dans cette voie. Les récentes Instructions officielles et celles qui sont en préparation pensent en effet qu’on ne doit plus, en grammaire, partir de la règle, mais de l’usage. C’est notre méthode naturelle qui triomphe peu à peu. On vous recommande, et on vous recommandera « l’imprégnation », c’est-à-dire la notion plutôt intuitive de la forme et de l’usage des mots dans la phrase. Ce souci est le pendant d’ailleurs de celui qui oriente le calcul vers les mathématiques modernes : connaître et comprendre les structures, manier les mots et les phrases pour acquérir les notions qu’il sera simple ensuite d'utiliser dans un apprentissage méthodique de la grammaire,

Nous n'avons donc pas prévu une bande qui traite du nom et une autre de l’article par exemple. Nous procédons selon notre théorie du tâtonnement expérimental : sur un texte simple (et pour que nous soyons assurés qu’il soit compris par les enfants, nous avons utilisé exclusivement des textes d’enfants), nous attirons l’attention des élèves sur une dominante — le pluriel des noms par exemple. Nous ajoutons une chasse aux mots se rapportant au texte et un certain nombre de répétitions des notions acquises, mais conçues sous une forme nouvelle, jamais scolastique, La bande ainsi comprise ne suffira pas pour l’acquisition de la notion dominante. Nous y reviendrons dans d’autres bandes par une sorte de rappel expérimental. Comme dans toute méthode naturelle, nous avançons ainsi, selon une conception complexe, la plus vivante possible. L’essentiel est que nous engagions l’enfant à écrire, à expérimenter un certain nombre de données, à structurer sa langue. Chemin faisant, sans plus insister, sans en faire un sujet de leçon, nous dirons simplement à l’enfant : ceci est un nom, ou un article ; voici comment s'écrit le pluriel. Tout comme l'enfant demande sans cesse des précisions sur les actes ou expériences auxquels il se livre.

Quand vous aurez effectué ce travail, il vous sera facile, si vous le désirez, de réaliser quelques bandes techniques pour l'acquisition des mécanismes grammaticaux.

Nous le répétons ; cette nouvelle méthode, actuellement en avant-garde, est et sera recommandée, puis exigée par les Instructions Ministérielles. Pour ces bandes, comme pour le calcul, il se peut que des erreurs aient été commises. Nous vous prions de nous les signaler. Nous les mentionnerons dans notre rubrique spéciale pour que vous puissiez, individuellement, opérer les aménagements qui s’imposent.

On a critiqué aussi nos tests qui n'apparaissent pas toujours comme de vrais tests, surtout en français, Des tests seraient faciles à établir pour une bande d'exercices traitant par exemple du pluriel des noms. Il est beaucoup plus difficile de mesurer les acquisitions diffuses, résultat d'une imprégnation aux contours longtemps imprécis, Nos tests sont donc comme une sorte d'épreuve montrant le degré de compréhension, mais sans prétention scientifique. Nous pouvons cependant améliorer ces tests. Envoyez-nous vos essais.

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Nous en étions là de nos réalisations de l’année scolaire écoulée. Mais déjà, par nos travaux d’approche, nous préparions des séries nouvelles dont notre quinzaine de programmation de Vence devait préciser la technique.

Nous étions cet été à Vence une trentaine de camarades parmi lesquels plus de la moitié de nouveaux venus et cinq à six camarades accrochés à notre travail par le cours par correspondance.

Nous nous sommes attaqués cette année aux Bandes Atelier de calcul et aux Bandes Atelier de sciences. Malgré quinze jours de travaux acharnés, nous n'avons pas tellement progressé si on mesure le progrès au nombre de bandes réalisées. Mais nous avons beaucoup progressé dans la conception de ces bandes jusqu'à parvenir à une forme que nous pourrions bien considérer comme définitive — ce qui va nous permettre maintenant une production accélérée, Nous nous sommes notamment aperçus à l'usage que nous nous arrachions difficilement à la scolastique. Nous continuions à partir d’un problème adulte : les multiples du mètre en calcul par exemple, et la pression atmosphérique, en sciences. Suivaient alors des thèmes d'expérience et de travail susceptibles d'illustrer le problème posé.

Nos premières bandes réalisées, nous nous sommes rendu compte que nous faisions fausse route et que nous ne partions pas de l'expérimentation enfantine. Nous avons alors redressé le courant en préparant par nos bandes le maximum d’observations et d’expériences. La conclusion naturelle en sera les questions que se posent l’enfant et auxquelles nous tâcherons de répondre pour parvenir aux principes et aux lois.

C'est donc sur ces bases que nous avons réalisé 25 bandes pour l'atelier de calcul. Nous en donnons la liste par ailleurs. Elle commence par une bande pour la préparation de l'atelier que nous publierons incessamment pour que vous puissiez dès maintenant en prévoir l'installation dans vos classes. Nous pensons sortir la série de 30 bandes (CP, CE et CM) au cours de ce premier trimestre. Dès maintenant vous pouvez souscrire aux conditions ci-dessous.

Il s'agit là d'une grande nouveauté. Jusqu'à ce jour nous n’avions pour nos classes aucun matériel d'expérimentation et calcul, Il en résultait qu’on ne procédait pratiquement à aucune expérimentation et qu’on en était réduit à l'étude mécanique abstraite dont on reconnaît aujourd'hui partout l'insuffisance.

Nous avons commencé également la préparation d'une série de bandes de sciences qui sera l'amorce de la grande série de bandes de travail scientifique dont nous avons besoin. Nous reviendrons sur cette question pour que se poursuive partout le bon travail amorcé à Vence et dont L'Educateur donnera des prototypes.

Nous poursuivrons en même temps l'étude de l’utilisation pédagogique de ces bandes.

Bandes d’Histoire : Une bonne équipe a travaillé pendant 15 jours à Vence sous la direction de Deléam et de son suppléant Collomb. Tâche délicate que la préparation de ces bandes qui doivent être non des bandes d’acquisition de connaissances, mais des bandes de recherche et de travail.

La Commission publiera dans L'Educateur quelques-unes de ces bandes pour que le travail continue dans les groupes, en attendant la publication des premières séries de bandes d'histoire.

Bandes travaux ménagers pour les classes terminales filles. Dès maintenant l’enseignement terminal s'installe un peu partout. Les adolescents et adolescentes qui sont appelés à en bénéficier sont en général soumis à l’enseignement traditionnel. Il faut, coûte que coûte, — et les Instructions insistent sur cette nécessité — leur offrir une activité tout à la fois manuelle et intellectuelle susceptible de les réacclimater à l'école. Il n’existe actuellement aucun matériel conçu dans ce but. Nos bandes seraient pour ces classes un outil de toute première valeur. Aux éducateurs travaillant dans ces classes de se joindre à nous pour la préparation de ces bandes.

Notre ami Jaegly, IP dans le Nord, m’adresse le programme d'enseignement de la cuisine dans les Centres agricoles ménagers du Nord. Je cite quelques titres qui donneront aux lecteurs l’idée des bandes possibles : Purée de pommes de terre ; Les œufs ; Cuisson des pâtes alimentaires ; Le riz ; Viandes ; Confitures et gelées ; Gâteaux et biscuits, etc...

Qui veut travailler à la réalisation de ces bandes? Un circuit spécial de correspondance et d'échanges sera établi à ce sujet,

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L'édition de nos bandes est une affaire très difficile. Leur mise au point, œuvre essentiellement coopérative, se présente comme une totale nouveauté qui risque au début de n’être pas totalement comprise et appréciée. Et il y a enfin, comme dans toute édition complexe, l'incidence des erreurs typographiques et des simples coquilles.

Sauf cas flagrant, il ne nous sera guère possible de refaire l’édition d’une bande pour en corriger les erreurs signalées. Mais, entre autres avantages, les bandes nous présentent la possibilité d'une correction et d'une mise au point individuelle qui doit faire de nos bandes le plus souple et le plus parfait des outils pédagogiques. Nous donnerons régulièrement sous cette rubrique de l’Educateur technologique, les errata jugés nécessaires. Il vous suffira de prendre la bande désignée et d'y apporter les mises au point signalées.

La vente des boîtes et bandes marche normalement. Nous ne sommes pas fâchés que cette vente ne monte pas en flèche car une demande trop accélérée demanderait la fabrication d’une deuxième machine pour le tirage.

En attendant :

— Utilisez les bandes vierges ;

— Envoyez-nous les bandes que vous estimez réussies et que nous vous renverrons (accompagnée d'une bande vierge gratuite) après en avoir pris copie.

— Pratiquez l'échange des bandes.

C.F.

 

 

Un trimestre de calcul sans manuel

Octobre 1965

 

Comptes rendus des stages de l'Ecole Moderne

Octobre 1965