L'Educateur n°10 - année 1968-1969

Juin 1969

Toute rénovation apparaît aujourd'hui comme révolutionnaire

Juin 1969

...Nous examinons d'ailleurs la situation sans aucun pessimisme. Nos idées sont désormais à la base de toutes les initiatives pédagogiques nouvelles, officielles ou non. Nos mots d’ordre passent l’un après l’autre dans le langage de tous les jours. Les principes traditionnels sont reconsidérés, ou du moins mis en doute. Nous ne disons pas seulement que ce sont nos idées qui triomphent. Ces idées ne prennent corps que parce qu’elles sont le fruit d’expériences concluantes, le résultat de nouvelles techniques de travail, qu’elles nous donnent cet optimisme créateur qui est la meilleure de nos conquêtes.

Aux questions qui naissent de la déplorable situation de l’éducation contemporaine, nous ne répondons ni par des mots, ni par des principes ou des démonstrations, mais par des techniques de travail, par une nouvelle organisation de la classe, par des outils qui sont comme le prototype des installations de demain. Et sur ce terrain du travail, nous sommes sûrs de gagner la partie, à moins que des méthodes ou des techniques plus efficientes fassent mieux que nous — ce dont nous serions les premiers à nous réjouir.

C’est pourquoi nous ne cesserons pas de mener en même temps la bataille sur le plan des idées, des principes, de l’esprit de l’éducation. Peu nous importe qu’on ignore notre nom, qu'on dénature et plagie nos écrits, qu'on démarque nos productions. L'essentiel est qu’on garde intact le sens de notre travail, qu’on conserve à notre pédagogie ses valeurs essentielles d'expression libre, de libération des enfants et de préparation logique et humaine au rôle éminent de l’homme dans la société de demain.

Au moment où nous tournons la dernière page de cette revue (1), nous gardons total notre optimisme. Nous poursuivons, dans ce domaine aussi notre tâtonnement expérimental. Nous avons ouvert suffisamment de brèches où s’engagent désormais avec fougue les milliers de jeunes qui sauront partir en avant-garde, bousculer les arrières de l’opposition, faire tomber les bastions bientôt encerclés. Notre réconfort est de sentir à côté de nous, pour une œuvre exemplaire, non seulement nos vieux camarades toujours sur la brèche et la puissante cohorte de nos militants, mais aussi cette armée d’éducateurs à qui notre pédagogie a redonné une raison de vivre et qui portent désormais témoignage de la valeur humaine du renouveau que nous avons suscité.

C. FREINET

Techniques de Vie n° 30-31

juin 1964.

(1) Freinet évoque le sabordage de la revue Techniques de Vie par raison financière.

 

 

Replacer notre activité dans l'ensemble de notre effort

Juin 1969

A chaque fin d'année scolaire, après les comptes rendus du congrès, Freinet avait l'habitude de faire le point des activités de notre mouvement pendant les mois d'intense activité qui précédaient le départ en vacances.
« Ces synthèses sont absolument indispensables : par notre disposition naturelle à quelque spécialisation, et dans l'impossibilité où nous sommes aussi d'aborder en même temps tous les thèmes divers de notre monde complexe, nous risquons de ne voir qu’un coin, qu'un aspect de nos techniques et de commettre, de ce fait, de graves erreurs dans notre comportement. Il nous faut nécessairement replacer notre propre activité dans l'ensemble de notre effort pédagogique et, par-delà notre pédagogie, dans le devenir pédagogique du siècle. » (1)

Aucun de nous ne saurait avoir l’esprit de synthèse, l’ampleur de vue, le dynamisme créateur qui faisaient de Freinet le timonier émérite, conduisant avec sûreté la barque parmi les dangereux récifs des mers houleuses, très souvent déchaînées. Mais, avec les moyens qui sont les nôtres, nous sommes dans l’obligation de repenser nos problèmes à l’occasion de la réorganisation régionale de notre mouvement d'Ecole Moderne. De montrer les permanentes assises éducatives et sociales de notre pédagogie car « Une pensée absolument prouvée, qui occupe l'esprit par sa force et comme par son événement est une théorie qui devient action. » (2)

Sans avoir recours à des citations d’auteurs, chacun de nos adhérents sent cela d’instinct et plus encore, il sait que c’est parce que nous sommes dans l’action que nous ne pouvons tricher ; que nous ne pouvons donner le change par un recours habile à des justifications verbales ou nous enfermer dans un sectarisme qui serait notre reniement. C’est en s'appuyant sur un passé qui fut d’action permanente, que nos militants allient la tradition aux réalités fécondes écloses dans les voies d’un tâtonnement dans lequel chaque expérience fournit à la suivante ses hypothèses et ses moyens. C’est ainsi que de palier en palier, nous faisons, malgré tout un bout de chemin appréciable, et que notre Ecole Moderne a pu continuer sur sa ligne d'action.

C’est ce qui est advenu avec nos organismes régionaux qui — s’étant mis en place par économie de moyens et opportunité de rendement immédiat — sont devenus, tout naturellement la base d’action quantitative, source essentielle de notre militantisme. Et c’est ainsi que de ce militantisme direct, global surgit la notion de qualité à laquelle nous devons rester très attentifs puisqu'elle continue et affirme notre pedigree pédagogique.

Tel est le rôle de nos éditions qui toutes concourent vers un même but, vers une même unité, comme organique, condensant l'efficacité praticienne et assurant l’harmonie d'une culture qui est la nôtre. Le rôle de nos éditions est donc essentiel à la marche de notre mouvement et nous devons en parler — tout au moins dans la généralité — dans ce numéro de notre Educateur spécialement consacré à l’organisation régionale : c’est ainsi que quelques-uns de nos responsables vont ici même vous entretenir des problèmes les plus urgents sur un plan plus nettement pédagogique dont notre camarade Deléam a pris la responsabilité.

Inévitablement dans ce creux de vague qui a suivi la disparition de notre guide, le nombre de nos revues s’est rétréci et la cadence de la parution de nos brochures s’est ralentie. Nous avons toujours eu, dans les périodes favorables deux Educateurs mensuels, même trois Educateurs, que Freinet aimait présenter dans une sorte de gradation allant de la pratique scolaire de masse à l'initiation théorique que parachevaient certains aspects de L’Educateur du second degré, Nous avons eu pendant plusieurs années un Educateur Culturel qui fut remplacé à son tour par notre Techniques de Vie à vocation scientifique et philosophique et qui bénéficiait de la première collaboration entre primaires et secondaires. Mais c'était prévoir trop grand et situer, par le haut, des problèmes auxquels la masse resta indifférente, bien qu’une telle revue fût, aux yeux de Freinet — dans un enchaînement comme naturel, évident — le complément nécessaire à l’exploitation intellectuelle de sa psychopédagogie. En compensation de ce regrettable contretemps, nos BEM étaient appelées à prendre plus d’ampleur par leur contenu et par leur forme avec : « Bandes enseignantes et programmation », « Travail individualisé et programmation» et en préparation, « la Connaissance de l'enfant et le Profil vital ». Les Documents ouvraient la voie à une recherche plus approfondie, plus démonstrative, plus scientifique de l’œuvre psycho pédagogique agrandie par l’audience de la grande masse des éducateurs d’Ecole Moderne. Par ailleurs, Freinet avait en projet la série de ses Méthodes Naturelles qui devaient être une des assises de son gros ouvrage de fin de carrière sur le Tâtonnement Expérimental.

Ce vaste et solide programme qui n'a pu être mené à terme, nous impose des obligations : celles de rester fidèles aux enseignements d’un passé très proche, qui fut et restera la Grande Epoque de notre Ecole Moderne ; une époque révélatrice d’une poésie de la connaissance, d'une unité chaleureuse dans le travail, d'un rendement simple et grand qui avait le visage même de la vie de tous les jours,

L’absence de Freinet devait nous ramener à de plus modestes dimensions : nous n’étions désormais que nous-mêmes et il fallait aller de l'avant. La suppression des Educateurs technique et du second degré, l’indécision pesant sur le sort de nos BEM plus lentes à paraître, nos Dossiers n'obéissant pas toujours à une ligne directrice d’opportunité, apparaissaient aux plus efficients d’entre nos camarades comme une preuve d’impuissance, un rétrécissement inévitable de nos créations.

Il fallait coûte que coûte, nous recycler dans un domaine moins vaste qui avait momentanément perdu ses intentions d'élargissement et de conquête ; mais qui ne voulait rien abandonner des sources spirituelles, des données positives, des perspectives enthousiasmantes qui faisaient notre vie à tous lumineusement simple : c'est sans effort, comme en jouant, que nous œuvrions jadis, Il fallait désormais prendre conscience de l'effort nécessaire, des luttes à mener où l'énergie s'alimente et reprend pouvoir. Eu raison de l'ampleur de nos chantiers, nos BT et SBT continuaient elles, sur leur lancée. Mais il ne pouvait en être de même pour nos autres éditions.

Dans le territoire très rétréci de notre unique Educateur et de notre Techniques de Vie qui restaient nos seules planches de salut, nous avons inventorié nos biens du moment, les ordonnant de notre mieux pour que des présences réelles nous redonnent dans la mesure du possible, ce sentiment d’unité et d'amitié, sans lequel la route n'aurait pu être poursuivie. Jour après jour, mois après mois, ont été préservées les données fondamentales à ne jamais sacrifier sous peine d’atteinte grave à notre efficience patricienne, à notre idéologie culturelle de large et simple humanisme,

C'est ainsi que dans notre Educateur la nécessité de certaines rubriques s'est imposée. Elles n'étaient point là pour honorer un plan artificiel et formel, mais pour ressaisir sans cesse les valeurs primordiales affirmées tant de fois dans les leaders de Freinet et qui sont les prescriptions inéluctables de l’adaptation de l’Ecole du peuple à la société de demain déjà en marche dans le capitalisme en déclin.

Il nous faut redire ces grandes notions directrices de la pédagogie Freinet, pour éclairer les jeunes et les nouveaux venus dans la Maison Commune qui est à tous et à aucun, de nous. Il nous faut en sentir, en permanence, la valeur antécédente car elles sont les réserves de nos richesses intellectuelles et morales, d’énergie, de dynamisme. Tout adhérent de l'ICEM doit en être informé s’il a à cœur de devenir à son tour, un participant au sens total du mot, celui qui connaît les principes élémentaires de la construction, le choix des matériaux et leur destin.

Ces vérités fondamentales, Freinet en énonce l'essentiel contenu en préambule à ce petit livre si total qui est le condensé de sa pédagogie : l’Ecole Moderne française. Il suffirait de le lire — et de souvent le relire — pour éclairer d'un jour nouveau tout son comportement d’éducateur et de travailleur,

«Le but même de l’Education, écrit Freinet, est tout entier à reconsidérer : l'enfant développera au maximum sa personnalité au sein d’une communauté rationnelle qu’il sert et qui le sert. »

En conséquence, il faut :

* Rechercher et créer la communauté rationnelle qui permet le développement maximum de la personnalité de l’enfant. Ce qui nous conduit fatalement à mettre en accusation et en procès permanents la société qui domine et exploite l’école du peuple,

* L’école doit être centrée sur l’enfant et non sur la matière à enseigner, l'enfant construisant sa personnalité avec l'aide du maître. Ce qui oblige à créer le milieu scolaire aidant dans lequel matériel, outillage, techniques permettent une éducation naturelle et vivante.

* L’Ecole de demain sera l’Ecole du travail, grand principe et moteur de la pédagogie populaire, rouage du milieu économique et social. Du travail réel doivent découler les acquisitions intégrées au processus général de la vie ambiante et qui bannissent tout bachotage stérile et toutes pratiques routinières habituelles à la scolastique.

* Cette réadaptation de l’Ecole du peuple doit donc se faire au sein même de la complexité sociale d’où la nécessité d'une Ecole Ouverte, intégrée aux données, aux revendications, aux soubresauts qui préparent un ordre nouveau. Il ne fait pas de doute pour nous, que mai 68 a éclairé d'un jour plus net et marqué de priorité ce côté social de notre enseignement populaire,

* C'est forcément de la base que se fera cette réadaptation car c'est à la base, dans l'exercice de notre métier que se posent les vrais problèmes qui doivent trouver solution.

* On ne peut trouver solution aux problèmes qu’en s'appuyant sur l'expérience antérieure qui déjà a porté ses fruits d’efficacité et délivré son enseignement théorique. Aucun outil, aucune technique ne sortent de l'improvisation ou d'un apriorisme antérieur aux faits, mais découlent des faits eux-mêmes vécus, analysés, étalonnés dans une collaboration effective et permanente. Ainsi a été réussie « une conjonction, peut-être unique dans l’histoire de la pédagogie : celle de la technique scolaire et de la théorie pédagogique irrémédiablement unies, l'une justifiant l'autre »,

Ces vérités premières que, sous tant d’aspects divers, Freinet nous a inlassablement proposées dans ses écrits innombrables n’ont, on le voit, rien de transcendant. Elles sont tissées dans l’étoffe même de notre pragmatisme pédagogique le plus courant qui sans cesse augmente son efficacité, son dynamisme, son pouvoir de conquête.

Ces vérités organiques et conquérantes, il faut les rendre présentes à nos travaux, il faut surtout qu'elles éclairent nos écrits de grande portée, en un mot qu'elles se révèlent dans l’unité de nos éditions. Dans les limites des 64 pages de notre unique Educateur, nous avons sans cesse essayé de créer cette synthèse qui, dans ses lignes essentielles en porte la présence. Sacrifier l'une ou l'autre de ces données, c’est rendre le système boiteux, le placer dans l’incertitude d’une orientation, ne pas donner aux fonctions causales et logiques la place qui assurent la pérennité du système. Il s'agit donc, trop souvent, d'un véritable combat pour le choix des articles à retenir : la vie en effet est toujours globale et sa spontanéité se rit des principes, issus a posteriori de ses éclosions passagères.

Le difficile est de retrouver dans cette vie pleine d’ambiguïté, souvent de premier jet, que traduisent des articles divers, les raisons qui donnent à notre Educateur une vocation restée fidèle à sa création. Pour celui qui — à l’écart des soucis de responsabilité de la revue — ne s’en tient qu’à son expérience, à son élan créateur, au sentiment de sa propre réussite, il est difficile d’admettre d’autres considérations que celtes qui lui sont personnelles, Il s’est donné la peine d’écrire un article, pourquoi cet article ne paraît-il pas, tout de suite, pour que lui en arrivent les échos?

C’est là, évidemment, l’état d’esprit d’un « bleu » en la matière. Il ignore que la pièce proposée doit prendre place dans un ensemble, ne pas répéter un thème qui déjà y est inclus et qui, sous l’angle de l’information ou de la qualité donne toutes garanties : ce n’est que par un choix judicieux d’articles que seront évités les faiblesses et les dangers d’une revue- fourre-tout, C'est ainsi que doit fatalement s’instaurer un choix et une sélection d'articles, non seulement en vue d’un seul numéro de la revue, mais dans une succession de numéros dépendant, sous certains rapports, les uns des autres. Bon gré, mal gré, le responsable doit se résigner à laisser en attente des articles, parfois de réel intérêt, mais qui ne répondent pas aux exigences de l’actualité du moment, Car il y a une actualité, devenue parfois impérative qui, depuis mai 68 a précipité le processus d'adaptation de l'Ecole publique aux événements sociaux et politiques. Inévitablement des facteurs de notre pédagogie sont passés en premier plan. A savoir :

— L’Ecole ouverte sur le milieu social, technique et culturel : présence des parents, recours à cette éducation permanente qui apporte surtout à l’école de ville — devenue centre d’intérêt de notre enseignement primaire — une complémentarité indispensable.

— L’irruption des jeunes avec leurs problèmes — qui ne sont pas tous pédagogiques — et qui doivent s'intégrer dans l’organisation d'un mouvement dont ils ne soupçonnent au départ ni les démarches logiques, ni l’esprit.

— Le réveil d’un militantisme de base chez nos adhérents qui, en collaboration ou en conflit avec les sous- commissions cantonales, influence une proportion d'enseignants de plus en plus grande vers une rénovation de l'enseignement.

— Les stages de plus en plus nombreux, parfois improvisés sur le tas, et pour lesquels nos militants sont en plein tâtonnement expérimental.

— Sur le plan pédagogique, la place prépondérante — que pour ma part je trouve abusive — prise par les mathématiques nouvelles devenues — pourrait-on dire — « tarte à la crème » de toutes les revues pédagogiques, sous la caution des seuls technocrates.

I

Tant bien que mal, notre unique Educateur doit répondre à ces impératifs du moment, tout en honorant les vérités fondamentales dont nous avons vécu et dont nous devons vivre. Il faut donc publier les articles qui répondent au mieux à cette attente. Ce ne sont pas toujours des articles donnant toute garantie sur la valeur et le brio de la forme et l’analyse organisatrice. Mais ils ont du moins le grand mérite de sortir des faits, d'être de puissants éléments de vie à la portée du plus grand nombre. Ils méritent donc d'être retenus. C’est ainsi que nous avons vu surgir dans nos colonnes, des noms inconnus de militants nouveaux venus de la base anonyme et qui, mine de rien, nous renseignaient et nous enseignaient. Par contre des noms familiers ont disparu momentanément de nos rubriques. Il est réconfortant de savoir que ces absents d’un instant — dont les écrits sont parfois en attente dans nos cartons — n’ont pas pour autant déserté le chantier : ils y occupent toujours un secteur essentiel, celui qui assure la continuité de l’œuvre pédagogique par la réalisation des outils (bandes enseignantes, atelier mathématique, BEM, BT, SBT, Dossiers) et plus encore par l'organisation de stages accélérés et de nos congrès régionaux d'été. Ainsi, par l'action de tous, par la mobilisation des bonnes volontés innombrables, sera maintenu et affirmé ce rôle d’initiation pédagogique d'avant-garde qui a toujours été le nôtre.

Ce sont ces actes nécessaires, favorables au plus grand nombre, qui ont toujours honoré la forme la plus haute de la coopération. Celle qui, donnant solidité et ampleur à l’œuvre collective, en permanence constructive, exige aussi une forme supérieure de démocratie. Une démocratie dans laquelle celui qui travaille, crée, invente, produit pour le bien de tous, ne se reconnaît en fait d'autre droit que celui de servir la communauté. Ce qui suppose, que ceux qui ne sont pas participants à ce travail de création, s’abstiennent de revendications égalitaires qui feraient d’eux les profiteurs et les exploiteurs d'une œuvre qu’ils n’ont pas créée.

Comme dans tout organisme vivant, un système démocratique témoigne d'une hiérarchie de forces qui maintiennent en place et assurent le corps social. Les fonctions essentielles y sont exercées par ceux qui savent s'imposer des responsabilités et les assumer en permanence. Ainsi est évitée l’anarchie, ainsi va s'affirmant une solidarité vraiment fonctionnelle. La démocratie comme la liberté ne se conçoivent pas sans cette notion de responsabilité et Freinet a su donner à ce mot les perspectives les plus nobles qui sont celles du réel travail avec toutes les hiérarchies qu’il suppose. Ainsi est évité ce nivellement par le bas qui est la négation même d'une démocratie ascendante dans laquelle le processus de la formation des personnalités et de la culture ont la place éminente qui leur revient : «Instruction et connaissance ont besoin d’être dirigées, pliées aux nécessités supérieures de l'individu et du groupe. Pour cela, l’essentiel reste aujourd'hui comme autrefois, de renforcer cette direction, de fortifier la personnalité, de retrouver et d’animer en elle le sens de la vie et de l’équilibre. » (1)

Là est le sens de la véritable culture, des masses. Mais combien difficile à saisir dans le mouvant de la vie ! Nous cherchant à travers des formes transitoires toujours tendues vers un but insaisissable, arriverons-nous à saisir du moins ce fil d'Ariane que Freinet a tâché de préserver dans son œuvre psychologique et philosophique? Nous n'avons pu donner dans notre Educateur qu’un bien modeste aspect de ce vaste problème humain et humanitaire.

Modeste aussi a été la rubrique pédagogique. Nous nous rassurions en partie en pensant à toute la bibliographie à laquelle l'on peut se référer et dans laquelle Freinet et ses camarades du passé comme du présent ont donné les prescriptions les plus opportunes pour toutes les techniques Freinet. Il y a dans nos anciennes BENP des réserves inépuisables à exploiter, comme il y en a dans les projets actuels que nous soumettent nos leaders. C'est là une question d'éditions à mettre au point et dont le processus de parution devrait si possible être accéléré. C'est surtout une question importante, liée à tout l'aspect pédagogique de notre mouvement, à notre militantisme et pour laquelle notre camarade Deléam prendra des responsabilités en liaison avec les camarades présents aux journées de Vence.

Quoi qu’il en soit des difficultés permanentes qui sont le lot d'un mouvement d'avant-garde ; quoi qu'il en soit de l’incompréhension et du silence fait sur une pédagogie qui est actuellement le seul recours d'efficacité pour les masses enseignantes, vous irez de l'avant ! Car il faut affronter les luttes et les périls pour prendre conscience de sa propre énergie, de sa valeur et affirmer son idéal vers lequel vous oriente ce phylum spirituel et moral qu'est la pédagogie Freinet, devenue depuis un demi-siècle, réalité collective.

Elise FREINET
(1) L'Education du Travail.

 

Pour une liaison plus étroite avec le monde extérieur

Juin 1969

 

Pour une meilleure organisation régionale

Juin 1969

 

Dans les sous-commissions cantonales

Juin 1969

 

Sciences d'observation en 6e

Juin 1969

 

Allez les jeunes !

Juin 1969

 

Le tâtonnement expérimental, processus universel d'apprentissage (suite)

Juin 1969

Les exigences de notre modeste Educateur soumis à des impératifs d’abord pédagogiques me font une obligation de mettre fin à cette rubrique. Cependant, de l’avis de quelques camarades et de quelques professeurs, il serait intéressant de poursuivre cette comparaison entre la psycho-pédagogie de Freinet et les psychologies qu’étayent les théories les plus modernes du comportement (cybernétique, pavlovisme, behaviorisme, psychologie comparée). C’est avec quelque regret, je l'avoue, que je dois supprimer l’article relatif au choc et refoulement, l’un et l’autre apparaissant comme le point de contact et le point de clivage entre les psychologies matérialistes et les psychologies mythologiques de plus ou moins grandes « profondeurs »...

Tout spécialement, il y aurait intérêt à pousser plus loin la correspondance entre les mystérieux mécanismes des êtres vivants et les mécanismes fabriqués par l’homme et de déduire de cette correspondance des méthodes relevant des sciences exactes. Il y aurait dans cette voie un approfondissement véritable de la critique des psychologies, en remettant en cause et en procès — par une matérialisation des mécanismes mathématisés — les démarches mêmes qui engendrent des psychologies mythologiques qui s’ignorent. La notion de refoulement par exemple, peut être matérialisée par l’analogie qui existe entre le dérèglement des mécanismes artificiels rétroactifs et le dérèglement du système nerveux : dans les deux cas, mêmes chaînes de feed-back détraquées, impuissantes à corriger l’erreur et aussi, même énergie prisonnière qui tourne sur elle-même sans retrouver son chemin.

Revenant, par intuition, à la grande dialectique de contradiction de la nature, Freinet matérialise par des images sensibles le phénomène de l'énergie refoulée, désorientée : l'eau du torrent prisonnière du barrage, bute contre l'obstacle, « il y a choc, arrêt plus ou moins bruyant et déchiquetant de l’élan ; puis après un moment d'inquiétude et d’indécision, le flot refoulé reflue sur lui-même dans un remous tourbillonnant. Il se produit alors, en même temps que le retour sur soi, une sorte de vide, de creux, que le courant met plus ou moins longtemps à combler selon la hauteur de l’obstacle.

L’individu est de même refoulé par un obstacle anormal qu’il n’a pas pu surmonter. Il a la sensation d’un trou qui se creuse brusquement en lui, comme un manque de puissance consécutif à l’échec momentané et qu’il devra combler par l'appel urgent à des forces neuves » (1).

Car ici encore la supériorité de la cybernétique vivante sur la cybernétique artificielle, c’est qu’elle peut, par tâtonnement, retrouver des chaînes de feed-back de sauvetage en mobilisant son énergie pour tailler une brèche dans l’obstacle. La brèche est un acte réussi de grande importance : « Il se produira désormais dans tout l’organisme une tendance « utiliser cette brèche et les possibilités qu’elle offre pour réaliser sa destinée. »

Ces images si simples que nous propose Freinet, et dont par intuition nous sentons globalement la dialectique d'antagonismes, ne sont pas des raisons simplistes d'explication. Elles sont en fait, au centre des problèmes les plus aigus de la philosophie la plus moderne s’appuyant, comme le fait Freinet sur un concept d'énergie antagoniste dans lequel «l’énergie (peut) se retourner contre elle-même et qui implique la possibilité du feed-back d’équilibrer certaines forces par d’autres qui s’y opposent ». (p. 180),

Cette citation empruntée au livre remarquable de Stéphane Lupasco : L’énergie et la matière (2) condense à elle seule d'innombrables vérités développées dans quelque trois cent cinquante pages à l’appui du phénomène de vie. Le point central en est : le passage de la potentialité d’un système à l’actualisation, c'est-à-dire à l'utilisation de forces nouvelles équilibrant par feed-back les forces dangereusement compromises. Pour Freinet, l’eau qui cherche une issue, c'est la potentialité ; la brèche c'est l’actualisation, la finalité retrouvée. « La finalité absolue, écrit P. de Latil, est commune à tous les effecteurs ou systèmes d’effecteurs. Elle est la recherche d’un point d’équilibre entre, leurs effets et les facteurs internes ou externes qui donnent ces effets. »

Sur un plan sensible et familier, Freinet démontre jusqu’à l'évidence ces idées-forces qui sont la sève nourricière d'une psychologie scientifique dans laquelle les données de la science la plus neuve et de l'intuition humaine restée vierge de toutes compromissions de scientismes, se rejoindront.

Il nous faut revenir sur deux aspects essentiels de cette géniale question de systèmes antagonistes : la causalité et la logique qui ne sont séparées que pour la facilité de l'explication mais qui, en fait, sont incluses dans le même dynamisme de vie, ce dynamisme même que Freinet prend comme fil conducteur et qu'il pose comme préambule nécessaire à son livre Essai de psychologie sensible : Le sens dynamique de la vie (chap. II),

Stéphane Lupasco, approfondissant ses connaissances sur le système vital en arrive à « une causalité qui implique que chaque cause possède une cause antagoniste, que chaque phénomène implique un phénomène antagoniste qui lui est constitutivement lié, ce n'est qu'une telle CAUSALITE D’ANTAGONISME qui peut donner naissance à des systèmes, les justifier et les prévoir logiquement ».

P. de Latil parle, lui, de causalité fonctionnelle en s’inscrivant contre «l'intangibilité du principe causal». «Le principe de causalité, base classique de la pensée, s’énonce classiquement : TOUT CE QUI COMMENCE D’EXISTER A UNE CAUSE. Parce que le principe de raison suffisante se formule (en prenant le texte de Leibnitz) « JAMAIS RIEN N’ARRIVE SANS QU'IL Y AIT UNE CAUSE, OU DU MOINS, UNE RAISON DETERMINANTE.» (p. 142) (Intelligence artificielle).

Cette affirmation de cause initiale qui est à l'origine de tant de controverses philosophiques, fait sourire le praticien habitué à veiller de près à la mise en train et à l'exécution de sa besogne. Inévitablement les choses sont pour lui, beaucoup plus compliquées, car loin de s’en remettre à une seule cause, il doit veiller à tous les facteurs de la contingence susceptibles d’influer sur le développement et la réussite de son travail.

Ainsi, le paysan sait, par intuition et par expérience à la fois, donner à chaque facteur influant sur la germination de ses semences le quotient le plus favorable : il sait que les graines doivent être jeunes, saines, sélectionnées, conservées à l'obscurité et au sec ; que le sol qui va les recevoir doit être meuble, aéré, ni trop humide ni trop sec et avoir une composition favorable à une culture donnée ; que la graine doit être enfouie ni trop profond ni trop en surface ; que la chaleur et l’humidité doivent être ni trop poussées ni trop raréfiées, etc. Toutes ces causes sont causes, aucune n'est cause en soi : la seule véritable cause est la conjonction de plusieurs causes » (3) (p. 143).

Il faut lire les écrits de Mitchourine pour comprendre les raisons méticuleuses qui lui faisaient apporter tant de soins et de patientes sollicitudes à tous ses travaux. Ainsi pour la simple greffe à écusson, dix prescriptions garantissent l'heureuse finalité de la greffe et sont causes consubstantielles de sa réussite.

Le dernier conseil est celui-ci : « Ne jamais poser le couteau au soleil, car la lame réchauffée dessèche l’incision. » Un détail qui passe inaperçu pour l’amateur est facteur causal pour le praticien émérite.

C'est certainement parce que Freinet, dès son enfance a été un paysan consciencieux, soucieux du rendement de son travail, sentant la complexité des faits naturels, qu’il a apporté à sa tâche d'éducateur cette richesse de facteurs de causalité qui explique le dynamisme complexe de l’action vitale » (XIIe chapitre : la complexité des recours-barrières).

Dans toute l’œuvre psycho-pédagogique de Freinet que résume Essai de Psychologie Sensible, il ne s’agit point de cause unique déterminante permettant des déductions de syllogisme ; il ne s’agit pas non plus de causes multiples mais indépendantes, agissant comme des facteurs venus les uns à la suite des autres ; il s’agit de facteurs électifs, réagissant les uns sur les autres, inscrits dans des fonctions causales de feed-back hiérarchisés, déterminant le comportement de l’être. C’est parce que ces fonctions causales témoignent, dans la continuité, des liaisons de conjonction et de dépendance que la psychologie de Freinet peut être dite scientifique ; cela d’autant plus et d’autant mieux qu’elle s'affirme dans un pragmatisme sans faille.

Nous sommes là, dans un déterminisme permanent qui ne laisse pas de place au hasard : quand « tous les pions sont en place (on peut) déclencher le mécanisme et tâcher d'en comprendre les lois, ou du moins le sens et la portée » (dix-huitième loi des recours-barrière, p. 101, ancienne édition). Car c'est bien à la loi qu’aboutit Freinet quand il analyse causalement les fonctions antécédentes et les fonctions d'actualisation, incluses dans le même système de contradiction dynamique : la puissance de l'être aux prises avec le milieu.

« Causalité d'antagonisme » dit Lupasco.

« Causalité fonctionnelle » dit P. de Latil. Ces deux notions, Freinet les inclut dans les images démonstratives d’une vie en mouvement où inévitablement et en continuité la puissance de vie affronte l’obstacle : on ne peut séparer les fonctions de causalité des fonctions d'actualisation des buts poursuivis : les feed-back s'articulent, se renforcent, se compliquent au fur et à mesure que les tâtonnements se mécanisent, s'affinent, se multiplient par la perméabilité à l’expérience.

« C'est la difficulté à trouver une technique d'étude de l’être en mouvement, la relativité complexe des résultats obtenus, la commodité, au contraire de l'étude analytique et statique qui expliquent les tâtonnements et les balbutiements d'une psychologie et d'une pédagogie génétique qui se détachent lentement des brumes formelles de la scolastique : la vie n’est pas un état, elle est un devenir. » (4)

Elle a sa propre logique potentielle.

Freinet rejoint ainsi tout naturellement par simple bon sens — devenu méthode de constatation et de découverte —les conceptions les plus modernes de la logique d'antagonisme. Stéphane Lupasco écrit : « Tout événement énergétique, s’il n'est pas constitutivement ou définitivement statique, s'il est un dynamisme et afin d'en être un, doit passer d'un certain degré de potentialisation à un certain degré d’actualisation, et pour ce faire, un événement énergétique antagoniste doit initialement le maintenir, par sa propre actualisation, dans cet état potentiel, et se potentialiser à son tour,

Freinet exprime la même idée par la simple image du torrent aux prises avec les obstacles qui obstruent son cours et dynamisent son élan. Mais il va plus loin que cette logique dynamique en y incluant la notion de recours et de barrière qui décident de son comportement vers une finalité.

« Dans ses tâtonnements l’individu mesure et exerce non seulement ses propres possibilités, mais il essaye aussi de s'accrocher au milieu ambiant et d’y avoir recours pour conquérir son potentiel de puissance.

Mais le milieu est plus ou moins complaisant, plus ou moins docile, plus ou moins utile. Il est tantôt recours, tantôt barrière, le plus souvent un complexe mélange des deux. C'est de la position et du jeu de ces recours-barrières, que résulte, en définitive, le comportement de l'individu vis-à-vis du milieu.

Ce comportement, c’est l'utilisation de la brèche ouverte dans l'obstacle qui en décide : « C’est dorénavant, autour de cette brèche, de cet outil de puissance que s’organisera tout le comportement individuel. Organisation systématique qui peut avoir des avantages, qui peut être bénéfique, mais qui risque aussi de nuire à la solidité de la construction humaine. Plus cette technique de vie est schématisée, plus elle est fragile et dangereuse. Plus elle est différenciée et complexe, plus elle est solide et bénéfique. » (vingtième loi ; de la Technique de Vie).

Dans le cadre des recours-barrières, Freinet place la graine humaine dans le vaste champ de la contingence. Il y apporte la même conscience, le même souci des fonctions de causalités qu'il apporte à ses semences de paysan, mises en terre en vue d'un rendement. Une douzaine de considérants entrent en ligne de compte pour signifier l’antagonisme être-milieu qui s'étend du maximum de puissance de l'être, à l'échec total et à la mort. C'est ainsi, mise en évidence, de façon la plus sensible, que Freinet fait intervenir le vaste phénomène cosmique de l'Entropie. L'Entropie, cette mystérieuse INVOLUTION du monde — dit Teilhard — qui tend à reployer un peu plus, à chaque instant, sur elle-même, dans le plural et l’inorganisé et le plus probable, la nappe de l'énergie cosmique. »

Ce vaste événement cosmique, Freinet le ramène aux dimensions de l'être qui lutte pour affirmer son énergie potentielle irréversible, face à l'obstacle antagoniste et à la mort. La notion d'entropie reprise par les cybernéticiens, (désorganisation des systèmes) par Stéphane Lupasco, (hétérogénéité et homogénéité) par Pavlov, (inhibition) Freinet la reprend inlassablement dans ses images sensibles (le torrent obstrué, la mare, les seaux d'eau, le voyageur sur le quai, etc.) pour signifier les dangers d’immobilisme et de nivellement eu égard à l'énergie agissante de l'individu qui veut vivre : l’être doit acquérir l'élasticité requise pour se prêter à la fois à l’évolution (vie) et à l'involution (entropie) avec toutes les chances de la victoire. C'est le jeu des recours- barrières aidants, accaparants, rejetants : « les réactions de l'individu seront, suivant les cas :

— à fixation provisoire— d’abandon

— d'insatisfaction

— de refuge

L’échec total qui équivaut à la mort n'est jamais accepté par l'individu »,

Je m'excuse de condenser abusivement des notions nouvelles relevant d'une dialectique d'antagonisme qui ouvre tant de perspectives neuves et d'où naîtra une psychologie matérialiste scientifique d'anti-hasard, rompant définitivement avec une psychologie mythologique, abstraite par pétition de principe, impliquant un formalisme inévitable et un permanent recours au pastiche transcendant.

Combien, il nous faut regretter que Freinet, confiant dans son outillage intellectuel de praticien-théoricien et se colletant hardiment avec les faits, n'ait pu trouver le temps de justifier ses initiatives et ses audaces, en prenant assise sur certaines notions de la science contemporaine la plus moderne, Il avait, dans ce but, choisi, sélectionné les œuvres scientifiques répondant à son attente. Au point de personnaliser certains ouvrages par des passages soulignés, des annotations impatientes, que l'on retrouve, avec émotion, dans tant de pages faisant déjà partie de son argumentation à venir. Nous donnons ci-après la modeste bibliographie qui, pour la première fois aurait accompagné le travail personnel d’un chercheur qui ne cherchait vraiment dans la somme des connaissances que les pierres nécessaires à l’édifice qu’il était en train de construire pour en faire solide culture de recherche et d'invention.

Il nous faut surtout regretter que Freinet n’ait point réalisé son projet de confrontation de son pragmatisme pédagogique et du pragmatisme des cybernéticiens et de Pavlov œuvrant sur les mêmes domaines et vers les mêmes buts. Les concordances de sa logique des effets par le tâtonnement expérimental et la logique des effets qui est la plate-forme commune des logiciens iconoclastes aurait ouvert devant nous — à notre niveau primaire — les voies nouvelles où le pragmatisme prend ampleur et solidité de science exacte et perspectives d’une philosophie de la vie consultée et sans cesse amplifiée par ses propres pouvoirs.

Ce faisant, Freinet aurait fait la preuve que ce sont toujours les mêmes lieux communs qui, au long des siècles, retiennent inlassablement l’attention des hommes. « Les idées, même les plus sublimes, dit Alain, ne sont jamais à inventer, elles se trouvent inscrites dans le vocabulaire consacré par l'usage... Les lieux communs sont tous vrais, il ne leur manque que d'être repris et de nouveau compris. » (5)

C’est dire que les vérités des lieux communs sont à la fois de plusieurs niveaux et qu'on les aborde par les mêmes chemins intuitifs de tâtonnements installant sans cesse des chaînes de feed back de plus en plus perfectionnées, subtiles, montant sans cesse vers une finalité pyramidale. L’essentiel est d’entrer dans le système de logique fonctionnelle et dynamique dont j’ai essayé, bien maladroitement, de rendre Freinet participant. Du moins saurons-nous comprendre que, partant de l’œuvre de Freinet, on peut accéder à des moyens de recherche moderne qu'ont honorés et qu’honorent les plus grands esprits redécouvrant « la clef parfaite de CETTE ECONOMIE LOGIQUE » à laquelle se réfère Einstein quand il cherche à expliquer « L'ENTIERE REALITE PHYSIQUE » avec Une « EXTREME SIMPLICITE », de cette « ECONOMIE de PENSEE » que veut Ernst Mach. Il ne s'agit de rien moins que de remonter aux plus généraux de ces « principes généraux » qui, selon ce philosophe « APPORTENT DE LA CLARTE, CAR ILS NOUS PERMETTENT DE RETROUVER PARTOUT CES MEMES FAITS SIMPLES, AU TRAVERS DES RAPPORTS LES PLUS COMPLIQUES » (6).

E. FREINET
( 1) Essai de psychologie sensible ( Ed.1950), page 57.
(2) Julliard éditeur.
(3) Pierre de Latil.
(4) Essai de psychologie sensible, p. 6 (Ed. 1950).
(5) Histoire de mes pensées, p. 76, Gallimard.
(6) Histoire de la mécanique, P. de Latil, p. 323-324.

 

 

Anciens et nouveaux, vétérans et jeunes

Juin 1969

 

Les avatars d'un voyage scolaire et les contacts avec le milieu

Juin 1969

 

Action ou obligation?

Juin 1969

 

Démocratisation ou ségrégations ?

Juin 1969

 

Des monnaies chargées d'histoire

Juin 1969

 

L'âge de la lecture

Juin 1969

 

L'avenir de la C.E.L dépend des coopérateurs

Juin 1969

 

Assemblée générale de la C.E.L. - Grenoble - 5 avril 1969

Juin 1969

 

Pour une pédagogie de masse

Juin 1969

 Cornpte rendu d'activité du groupe d'Ecole Moderne de Maine-et-Loire,

STAGES de formules diverses mais toujours animés du même esprit

Juin 1969

 

EXPÉRIENCE «Classes ouvertes pratiquant les techniques Freinet» en période scolaire

Juin 1969

 

Un voyage-échange international par l'Espéranto

Juin 1969

 

Essais sur l'introduction des principes pédagogiques de Freinet dans un lycée roumain

Juin 1969

 

Roumanie