L'Educateur n°2 - année 1974-1975

Octobre 1974

Notre tâche d'éducateurs.

Octobre 1974

D'après Célestin Freinet

Pourquoi faire ta pédagogie Freinet ?

Pour quoi faire l'Ecole Moderne ? A quoi bon ?
Qu'est-ce qui serait bon ?
Comment définir exactement, scientifiquement ! puisque l'éducation veut dorénavant prétendre devenir une science —, les courbes et les trajectoires des enfants de 1974 qui seront les adultes de l'an 2000 ! Oh certes, nous savons viser exactement telle mer étroite sur notre Lune et passer juste à la distance qu'il faut : à quelques centaines de kilomètres de Mercure et de Vénus, mais la trajectoire d'un homme ! c'est autre chose pour un éducateur !
Certes, encore, si nous voulions et nous devions faire des enfants qui nous sont confiés des prêtres, des serviteurs d'une foi ou d'un dogme dûment établi, nous pourrions les dresser à penser et à vivre selon des règles qui sont fixées une fois pour toutes et qui sont valables pour les communautés où cette foi, où cette règle règne, et elle seule.
Si nous avions pour fonction de préparer, pour une race élue, pour une caste privilégiée, des serviteurs dociles, des esclaves des machines et des cadrans électroniques, des contrôleurs de robots ou des robots humains eux-mêmes, il nous faudrait contraindre, plier, éteindre cette flamme qui s'obstine à survivre dans les yeux de nos enfants et de nos adolescents comme dans ceux des chercheurs et des poètes.
Si nous recevions l'ordre de former des soldats ou des bureaucrates, nous appliquerions de bonne heure les règles du bourrage de crâne au moyen de « connaissances » fixées d'emblée grâce aux techniques les plus modernes et qui conduisent au travail mécanique et insensibilisé permettant l'alignement et l'uniformité.
Autrement dit, nous serions nous-mêmes ces fidèles d'une foi écrite d'éternité, ces esclaves soumis à des seigneurs ou à des castes, des bureaucrates alignés et dociles : nous serions aussi des êtres hypnotisés ou endoctrinés par un système de conditionnement éducatif composé d'étapes ou de paliers depuis le b + a = ba jusqu'aux codes des connaissances les plus « évolués », qui sont censés mener quelque part, à quelque succès ultime !
Et la maternelle prépare à l'école élémentaire, et l'école élémentaire prépare à l'école secondaire, et l'école secondaire prépare à l'Université, et l'Université prépare...
Mais comment, dites-moi, comment tenter de réaliser au mieux un individu . conçu comme autre chose qu'une personne isolée ou qu'une machine humanoïde sans valeur propre ? un individu à fonction unique dans une société dont H sent par tous ses pores, par toutes ses respirations la collaboration, la « coopération » pleine et entière dans un monde harmonieux de conflits limités, dont il se sent à la fois une partie et le tout ?
Nous entendons tenter de faire que sortent de nos classes des travailleurs actifs aux initiatives généreuses, des citoyens jaloux de leurs libertés et résolus à gérer leurs justes causes, d'hommes capables de déranger les serviteurs aveugles, les exploiteurs et les robots, les soldats et les bureaucrates. Quelle que pourrait être la crainte de voir des destins hostiles plier les jeunes tiges que nous voyons et aidons à s'animer, c'est toujours avec la même ferveur de partage et de compagnonnage dans la vie qui nous anime tous, que nous menons avec sagesse notre tâche d'éducateurs.

 

Après les journées d'été - plan de travail 74-75

Octobre 1974

 

Au Portugal, au plus fort de l'espoir.

Octobre 1974

 

Nos outils.

Octobre 1974

 

Une utilisation possible de la B.T.J. et ses prolongements.

Octobre 1974

 

A propos de la B.T. 790

Octobre 1974

 

Donner l'imprimerie aux enfants.

Octobre 1974

 

L'inspecteur et l'enfant.

Octobre 1974

 

Dialogue authentique :
L'inspecteur et l'enfant
 
Voici un échange né spontanément entre Olivier (8 ans, 11 mois) élève d'une classe Freinet,et l'un des nombreux visiteurs qui passent. Mais celui-là était inspecteur. Olivier ne le savaitpas. Ce qui a sûrement permis plus d'authenticité. Entretien recueilli par Guy Bihel.

 

 

 

 

 

Renée, l'institutrice. — Olivier L. Explique-nous ta peinture sur laquelle tu travailles aujourd'hui !
Olivier. —C'est bien difficile de vous expliquer...mais je vais expliquer quand même... comme je peux.
L'Inspecteur. — Alors, explique-moi un peu !...
Olivier. —Vous voyez, cette fleur, je lui ai fait lacorolle en forme d'usine, voilà !...
L'Inspecteur. — Voilà !... Et puis ?...
Olivier. —C'est pour montrer que la pollution de l'usine tuera les vraies fleurs... Moi, ça, je sais pas bien l'expliquer... mais j'en suis sûr, moi... je le sens... c'est mal expliqué, mais vous, vous devez comprendre ce qu'elle veut dire, ma peinture, vous devez savoir l'expliquer, mais moi j'y arrive pas.
L'Inspecteur. — Pourquoi crois-tu qu'il faut la comprendre ta peinture ?... Tu sais, il ne faut pas trop vouloir comprendre les peintures... En général, plus il y a à comprendre, moins la peinture est réussie.
Olivier. —Il faut bien en comprendre un petit peu quand même !...
L'Inspecteur. — Ah oui, mais vois-tu... moi, ta peinture, elle me fait ouvrir ies yeux bien grands. J'essaie seulement de bien la regarder.,, de tout voir... de ne rien manquer,,.
Olivier. —Oui mais, là, ma peinture, vous compre­nez, elle est politique.
L'Inspecteur. — Ah ?!!..,
Olivier. - Ben oui ! L'usine qui pollue la nature, c'est politique.
L'Inspecteur. — Ah ! oui. D'un certain côté, l'usine c'est politique... Mais il n'y a pas que cela... Et puis il s'agit d'une certaine politique.
Olivier. —Ouais, bien sûr, c'est pas de la politique de la droite ou de la gauche...
L'Inspecteur. — Ah voilà... tu as raison... il ne s'agit pas de cette politique-là, celle d'un parti ou d'un journal.
Olivier. — Non !
L'Inspecteur. — Et dis-moi, qu'est-ce pour toi la politique ?
Olivier. —C'est se défendre... C'est défendre mon avis. Mon avis c'est que la nature, on la tue.
L'Inspecteur. — C'est bien cela. C'est défendre son avis. Mais encore, quand fait-on aussi de la politique ?
Olivier. —Partir presque tous les soirs aux réunions...ou bien aller voter... mais c'est pas la même.
L'Inspecteur. — Non, ce n'est pas la même politique, mais c'est aussi de la politique. Et en classe, fais-tu de la politique ?
Olivier {qui ne peut avoir saisi la portée de la ques­tion). —Oh ! Vous savez ! Ici, à part avec Jean ­Paul... y'a pas moyen de discuter !...
L'Inspecteur. — Quand, en classe, vous décidez d'une activité, que vous en discutez, vous vous préparez, dans une certaine mesure à la politique... Tu as fait beaucoup d'autres grandes peintures ?
Olivier. —Il y en a une pile en haut, dans l'appartement de Renée !
L'Inspecteur. — C'est bien. Continue
Olivier. —Il y a autre chose de politique dans ma peinture I
L'Inspecteur. — Quoi donc ?
Olivier. — Les étoiles !
L'Inspecteur (après un nouveau regard).
— Parce que ce sont des « étoiles de David » ?
- Et explique-moi pourquoi est-ce politique de peindre des étoiles de David ?
Olivier. —L'an dernier pour Noël 72, j'avais décoré ma lettre à mon correspondant du Liban avec des sapins et des étoiles comme ça, c'est plus facile à dessiner. Son maître a répondu qu'il ne fallait pas envoyer d'insigne politique... Nous, ici, on savait pas...
L'Inspecteur. — Voilà... Je comprends !. Eh bien I Mademoiselle je vais vous laisser...
Olivier. —Au fait, vous fumez ? Non ?
L'Inspecteur. — Oui, je fume, beaucoup trop ! Mais pourquoi me poses-tu cette question ?
Olivier. —Dès que vous êtes entré, j'ai senti l'odeur du tabac... Et puis c'est politique ça aussi !
L'Inspecteur. — Tu en es sûr ?
Olivier. —Oui, chaque cigarette raccourcit votre vie d'un quart d'heure !
L'Inspecteur. — Eh bien je ne vivrai pas vieux ! Pourrais-tu me dire pourquoi je fume encore en sachant cela ?
Olivier. —Vous fumez tellement que vous ne pouvez plus vous arrêter !...
L'Inspecteur (pensif). — Tu as certainement raison )
Olivier (brusquement, vers son père), — Eh ! On y va ? J'ai solfège moi !

 

 

Second degré: Le travail en ateliers.

Octobre 1974

 

Vos élèves ont-ils peur de vous ?

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Comment peut-on travailler au chantier B.T.R. ?

Octobre 1974

 

Actualités de l'I.C.E.M. Pédagogie Freinet

Octobre 1974